INITIATIVE → À Saint-Étienne, aux côtés de pharmaciens et de médecins, des Idels s’impliquent dans Sainté Diabète, qui a pour but de favoriser le dépistage précoce, de coordonner les actions des professionnels et de renforcer l’éducation thérapeutique.
« Le problème du diabète, c’est d’être asymptomatique ! » assène le professeur consultant d’endocrinologie au centre hospitaliser universitaire (CHU) de Saint-Étienne (Loire), Bruno Estour. « Au départ, il n’y a pas de signe d’alerte. Comme le patient ne ressent rien, il hésite à se lancer dans de l’éducation thérapeutique, dont il ne perçoit aucun bénéficie immédiat dans sa vie quotidienne. Pourtant, sans éducation thérapeutique précoce, l’évolution de cette maladie sur dix ou quinze ans est dramatique. »
Les 30 000 diabétiques de la Loire et du canton d’Annonay (Ardèche) bénéficient déjà de l’expertise du CHU, d’un centre d’examen de santé, du coaching téléphonique Sofia et des quinze années d’expérience du réseau ville-hôpital Dedicas.
Mario Debellis, qui y est infirmier coordinateur, explique que Dedicas, dont quelque 350 médecins généralistes et autant d’infirmiers libéraux sont adhérents, « a notamment permis aux différents professionnels de tenir un discours davantage commun vis-à-vis du patient, en sachant croiser leurs regards et en partageant leurs expériences ».
« C’est un premier succès, confirme le Pr Bruno Estour. Dedicas fait de l’éducation thérapeutique jusqu’au pied des immeubles, en fin d’après-midi, auprès des travailleurs… Malgré tout, le dépistage précoce demeure insuffisant, alors que des profils ou des familles de diabétiques sont repérables. C’est pourquoi nous avons lancé Sainté Diabète, en novembre dernier. » Tant les pharmaciens dans leurs officines que les infirmières libérales sont encouragés à faire remplir un petit questionnaire intitulé “facteurs de risques de diabète” et à procéder à un contrôle glycémique. « Ce sont malheureusement des actes non cotés. Mais certains libéraux sont prêts à jouer ce rôle bénévole de prévention. En cas de problème, ils conseillent ensuite aux patients de consulter leur médecin généraliste. »
Pour leur part, les médecins généralistes sont incités « à mieux utiliser les différents systèmes d’éducation thérapeutique existants ». Disposant désormais d’un carnet de liaison spécifique au patient diabétique, ils peuvent aussi prescrire aux infirmières libérales un “bilan éducatif à domicile”, un acte coté qui permet de mieux comprendre « ce que le patient est prêt à faire et est capable de faire ».
« En une quinzaine de jours répartis sur un an, des infirmières libérales peuvent se former à la consultation infirmière, développe Mario Debellis. À domicile, elles observent et identifient ce qui pose problème, comme un mauvais comportement diabétique. Les gens se livrent parfois davantage à elles, car elles écoutent et accompagnent au quotidien. » Leurs observations sont ensuite retournées au médecin généraliste. « Au CHU, constate le Pr Bruno Estour, ce sont déjà les infirmières hospitalières et les diététiciennes qui savent le mieux convaincre les patients de l’importance de la troisième injection d’insuline ! »
La prochaine étape sera d’organiser des réunions de quartier, incluant des pharmaciens, des médecins, des diabétiques, des associations de patients, des travailleurs sociaux…
Sur le long terme, le Pr Bruno Estour espère également « que les professionnels ressentiront le besoin d’organiser des réunions de concertation pluridisciplinaires, ne serait-ce qu’une fois tous les deux ans ».