EXPÉRIMENTATIONS → La HAS a évalué les parcours de soins de personnes âgées mis en œuvre par onze équipes depuis 2012.
Priorité fixée par le gouvernement dans le cadre de la stratégie nationale de santé, les parcours de soins se développent tous azimuts en France.
La Haute Autorité de santé (HAS) vient de livrer une première « évaluation des expérimentations menées dans le cadre de l’article?70 de la loi de financement du 21 décembre 2012 »
Onze projets ont été sélectionnés dans sept régions, et sont expérimentés depuis mai 2012. Alors que se déploie actuellement l’expérimentation Paerpa (Parcours de santé des personnes âgées en perte d’autonomie) – d’inspiration proche, mais plus ambitieuse, puisqu’elle concerne tous les professionnels de santé de neuf territoires pilotes –, cette première évaluation permet de cerner les principaux freins au déploiement des parcours.
La première condition est bien de « mobiliser l’ensemble des acteurs », souligne la HAS : médecins généralistes et spécialistes, infirmières, kinésithérapeutes, aides-soignantes, aides à domicile, etc. Il faut pour cela qu’ils travaillent en « équipe pluriprofessionnelle en soins primaires » et aient « recours à une fonction d’appui », c’est-à-dire à une forme de secrétariat qui se consacre au recueil des données cliniques, à la gestion des files actives des patients, ou encore à l’organisation des indispensables réunions de concertation. L’existence de maisons de santé ou de réseaux de soins est bien sûr facilitante. Mais, quel que soit leur cadre d’exercice, tous les professionnels de santé ont du mal à dégager du temps pour ce travail de coordination, constate la HAS.
Difficile aussi pour ces professionnels de santé d’identifier des « partenaires potentiels » sur le territoire, et de les « recruter », en particulier les gériatres. Pour les aider, la HAS estime nécessaire de développer des « appuis au niveau de la région ou du territoire de santé » : un « annuaire des ressources régionales et locales » ; des « facilitateurs », c’est-à-dire des « pairs intervenant auprès des professionnels pour les aider à mettre en œuvre leur projet » ; ou encore des « formations pluriprofessionnelles ciblées sur la mise en œuvre concrète des parcours ». Pour la HAS, les professionnels doivent aussi être formés à l’éducation thérapeutique, qui demeure une notion vague.
Sans surprise, le déploiement des systèmes d’information reste la plus grande difficulté pour les neuf équipes engagées dans la construction de ces parcours. Le chemin reste long : faute de messagerie sécurisée, les acteurs ne parviennent pas à échanger des informations, certains professionnels ne sont même pas équipés au niveau informatique, et la plupart ne comprennent pas l’intérêt du dossier médical personnel.
Dernière critique à peine voilée, la HAS souligne « la difficulté d’articulation entre la gouvernance des différents projets sur le territoire », notamment lorsque se déploie en parallèle Paerpa. Difficile alors pour les professionnels comme pour les patients de s’y retrouver.
* Rapport mis en ligne le 16 juin (cf. bit.ly/1pHNanl).