HOSPITALISATION À DOMICILE → Pour couvrir l’ensemble du territoire, l’HAD – en stagnation inédite depuis sa naissance dans les années 1950 – compte sur les infirmières libérales.
Entendue début juin par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, la présidente de la Fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile (Fnehad) Élisabeth Hubert a rappelé que l’hospitalisation à domicile (HAD) se trouve « au cœur de la stratégie nationale de santé (…) et des réponses qu’il faudra apporter au vieillissement de la population ».
Pointant notamment un « monde sanitaire hospitalo-centré » et le « cloisonnement » entre les secteurs sanitaire et médico-social, entre la médecine de ville et l’hôpital, et entre les professionnels de santé eux-mêmes, l’ancienne ministre de la Santé publique a souligné le retard de la France en termes de chirurgie ambulatoire et de prise en charge à domicile de certaines maladies. Le développement des soins coordonnés et la diminution du recours à l’hospitalisation avec hébergement représentent un enjeu. « La stratégie nationale de santé est une chance qui permettra un virage vers l’ambulatoire, en replaçant l’hospitalisation à sa juste place », a estimé Élisabeth Hubert, qui prédit en outre une révolution des pratiques grâce à la télémédecine et la télésanté. Ces dernières « supposent une capacité de consulter à distance et à avoir, non un médecin, mais une infirmière. C’est le cas notamment dans le domaine des plaies ou de pansements complexes, y compris pour des patients en HAD ou à domicile ».
Le gouvernement prévoit d’ailleurs un doublement de l’activité des établissements d’HAD d’ici à 2018. Pourtant – c’est inédit depuis la création de l’HAD dans les années 1950 –, ces structures rencontrent une stagnation de leur activité pour les quatre premiers mois de l’année 2014. « Un tiers environ des établissements d’HAD rencontrent des difficultés financières et nous commençons à connaître les premiers redressements, voire des liquidations judiciaires », a ainsi confié Élisabeth Hubert.
Dans ce contexte, cette dernière estime que le nombre d’établissements d’HAD n’augmentera pas à court terme. La priorité étant la couverture de l’ensemble du territoire par ceux existants (« tous les patients doivent avoir une réponse »), l’intervention des infirmières libérales dans ces structures est essentielle, de même que la coopération avec les médecins généralistes
« Les liens avec les maisons et les pôles de santé seront nécessairement importants à l’avenir », a aussi martelé Élisabeth Hubert. Cette collaboration avec les professionnels, notamment infirmières libérales, est déjà bien installée, « sachant que ce sont nos règles et nos principes de qualité et de sécurité qui s’appliquent », a précisé la présidente de la Fnehad.
* Selon une récente enquête de la Fédération nationale des établissements d’HAD, 30 % des médecins ignoraient qu’ils pouvaient prescrire une prise en charge en HAD.
→ L’HAD prend en charge plus de 110 000 malades par an (dont presque 40 000 pour les soins palliatifs), ce qui représente 850 millions d’euros pour le budget de l’Assurance maladie (plus de 1 % du budget de l’hospitalisation en France).