L'infirmière Libérale Magazine n° 305 du 01/07/2014

 

NUTRITION PARENTÉRALE

Actualité

CHANTAL BÉRAUD  

PRATIQUES → Les Idels craignaient d’être évincées de la nutrition parentérale à domicile. Soulagement : un arrêté indique qu’elles conservent “la charge des soins” dans ce domaine.

« On a remis les pendules à l’heure dans le respect des règles déontologiques, estime Patrick Experton (Organisation nationale des syndicats d’infirmiers libéraux). Nous sommes satisfaits du dialogue mené avec les responsables ministériels du Comité économique des produits de santé, avec lesquels nous avons travaillé à la rédaction définitive de cet arrêté. »

Cet arrêté, dont l’évolution tient au fait que les quatre syndicats d’Idels représentatifs ont été entendus(1), et publié le 18 juin au Journal officiel(2), stipule que, pour la nutrition parentérale, il y a « participation de l’infirmier du prestataire du matériel à la coordination du retour à domicile du patient, (…) l’infirmier libéral ayant la charge des soins à domicile ». « On craignait que les prestataires de service n’exploitent un nouveau texte permettant à leurs infirmiers salariés de devenir les organisateurs coordinateurs des soins et d’être payés pour, au détriment des infirmières libérales, explique Patrick Experton. Déjà qu’aujourd’hui, certains d’entre eux font un peu leur marché dans les services hospitaliers ! Quand l’un de nos malades rentre à l’hôpital, on n’est jamais sûr de le retrouver à sa sortie. En réaffirmant le libre choix par le patient de son infirmière libérale, ce texte devrait également mettre fin à certaines situations ambiguës de détournement de clientèle lors du retour au domicile. »

« L’arrêté confirme sans le changer le rôle de l’Idel, qui continuera à facturer ses prestations selon sa nomenclature habituelle », résume Annick Touba (Sniil).

Sept types de forfaits

Par ailleurs, dès septembre, les prestataires de service ne seront plus rémunérés suivant la quantité de matériel fourni mais sur la base de forfaits. « Cela mettra fin au gaspillage de matériel », commente Annick Touba. Ce que confirme Patrick Experton : « Désormais, la livraison se fera en concertation avec l’infirmier libéral. Nous n’avons malheureusement pas réussi à imposer pour les consommables et accessoires un set minimal de livraison, tant en quantité qu’en qualité. Certains produits fabriqués à l’étranger comprennent pourtant des pinces de qualité déplorable ou des seringues classiques à la place de seringues luer-lock ! » Dernier regret : pour « les patients ayant une survie prévisible inférieure à trois mois et chez lesquels il n’y a pas de bénéfice escompté de ce support », il n’y aura plus de prescription de nutrition parentérale à domicile. « Pourquoi alors l’accorder à l’hôpital dans les mêmes conditions ? Ce n’est pas logique, interroge Patrick Experton. Elle est utile car elle évite une dénutrition et des derniers jours avec des escarres et un état cutané catastrophique. C’est une recommandation émanant des sages de la Haute Autorité de santé qui nous choque. »

(1) Comme s’en félicite Philippe Tisserand (FNI).

(2) À lire sur legifrance.gouv.fr (bit.ly/1lEi5AO).