POLÉMIQUE La controverse sur le vaccin Gardasil, destiné à prévenir les maladies provoquées par les papillomavirus humains (HPV)
François Hollande a annoncé en février le doublement de la couverture vaccinale contre le cancer du col de l’utérus (de 30 à 60 %) d’ici à 2019 et le Plan cancer 2014-2019 prévoit en outre d’expérimenter « l’acceptabilité d’une vaccination en milieu scolaire ». La vaccination connaît en effet « une inflexion depuis 2010 ». Selon le Plan cancer, les raisons en seraient la crainte d’effets secondaires et un reste à charge élevé (environ 120 euros).
L’argument financier est de taille, mais la méfiance reste grande quant à l’efficacité de ce vaccin et sur ses effets secondaires. En novembre 2013, la première plainte d’une femme vaccinée par le Gardasil et ayant développé des troubles neurologiques graves après une vaccination contre le HPV a été déposée. Plus de vingt autres ont suivi depuis.
De 2006, date du début de la commercialisation de ce vaccin, à septembre 2013, 5,5 millions de doses ont été distribuées et 2 092 notifications d’effets indésirables, dont 503 graves, ont été recueillies par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). « La majorité de ces notifications (76 %) correspond donc à des cas non graves », précise l’agence dans son actualisation des données de sécurité sur le Gardasil d’avril 2014
Par ailleurs, l’ANSM souligne que les études de suivi du vaccin « n’ont pas mis en évidence d’éléments remettant en cause son efficacité » ni « le bénéfice attendu au regard des risques de ce vaccin ». Elle considère toutefois nécessaire de « consolider ces données » en lançant avec la Caisse nationale de l’Assurance maladie des travailleurs salariés une étude pharmaco-épidémiologique sur la survenue de maladies auto-immunes chez les femmes vaccinées et de maintenir le dispositif de surveillance renforcée du Gardasil.
Alors qu’en avril, six sociétés savantes ont lancé une contre-pétition en faveur de la vaccination anti-HPV
Gérard Bapt demande également que soit lancée une étude médico-économique pour « évaluer l’intérêt de santé publique d’un investissement (…) de l’ordre de 100 millions chaque année » qui s’ajouterait à celui du dépistage des lésions par frottis (Bulletin épidémiologique hebdomadaire du 20 mai 2014) toujours indispensable – et efficace, même chez les femmes vaccinées.
D’autres voix s’élèvent contre le Gardasil. Le Dr Philippe de Chazournes, médecin généraliste à Saint-Denis de La Réunion, a lancé une pétition. Selon lui, les données qui sous-tendent le discours et l’AMM de ce vaccin sont erronées et il serait beaucoup moins efficace qu’annoncé. Il estime aussi que l’injonction d’utilisation de ce vaccin est injustifiée.
Signe des temps, en juin, Sanofi Pasteur-MSD, qui produit le Gardasil
(1) Telles, rappelle l’ANSM, les lésions précancéreuses de l’appareil génital féminin (col de l’utérus, vulve et vagin), le cancer du col de l’utérus et les verrues génitales.
(2) À lire par le raccourci bit.ly/1lo7hTo
(3) À lire par le raccourci svy.mk/1l6vbkm
(4) Le vaccin anti-HPV?le plus utilisé en France face au Cervarix, produit par GlaxoSmithKline.