Cahier de formation
Savoir
La maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative dont les mécanismes physiopathologiques sont connus, mais contre lesquels il n’existe pas à ce jour de traitement curatif. La prise en charge repose sur des méthodes de soins susceptibles d’améliorer l’autonomie de la personne, de diminuer les symptômes gênants et de réduire ainsi l’impact de la maladie sur l’entourage.
La maladie d’Alzheimer touche 2 à 4 % de la population générale après 65 ans, sa fréquence augmente rapidement pour atteindre 15 % des personnes à 80 ans. Aujourd’hui, environ 900 000 personnes souffrent de la maladie d’Alzheimer en France. Sur 25 malades, on compte 10 hommes pour 15 femmes, une différence qui pourrait s’expliquer par les écarts d’espérance de vie. En 2008, la maladie d’Alzheimer ou démence apparentée (MAAD) représentait la quatrième cause de décès (en cause initiale) après les tumeurs, les pathologies cardiovasculaires et les accidents (avec une progression de + 71,8 % depuis 2000). En 2010, les décès avec une MAAD représentaient 12,6 % de l’ensemble des décès survenus chez les personnes de 65 ans et plus
Le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV-TR) donne les critères de la démence de type Alzheimer :
→ une altération de la mémoire ;
→ associée à au moins une autre perturbation cognitive : langage, agnosie, apraxie, perturbation des fonctions exécutives (lire les symptômes plus loin) ;
→ ces troubles entraînent une altération significative de la vie du patient ;
→ ils ne peuvent pas être expliqués par une autre cause identifiée ;
→ l’évolution de la maladie est caractérisée par un début progressif et un déclin cognitif continu.
La maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative dont les manifestations sont liées à des altérations (dégénérescences) principalement neuronales qui surviennent de manière isolée. Aucun facteur causal n’ayant été identifié depuis la première description de la maladie en 1906 par le médecin allemand Aloïs Alzheimer, elle est une “maladie neurodégénérative primaire” dont il n’est pas possible de dater avec précision le début. De même, il est impossible de dater l’apparition des premiers signes cliniques. La neurodégénérescence qui conduit à la perte des cellules nerveuses ne doit pas être confondue avec le vieillissement normal. Les maladies neurodégénératives sont à l’origine de 70 à 90 % des démences, et la maladie d’Alzheimer représente plus de 70 % des démences neurodégénératives
Deux types de lésions conduisent à la mort progressive des neurones :
→ les plaques amyloïdes ou plaques séniles sont constituées de dépôts d’une protéine (bêta-amyloïde) qui s’agrègent autour des neurones et de leurs prolongements sous forme de plaques ;
→ les dégénérescences neurofibrillaires formées par l’accumulation anormale de protéines Tau (de l’anglais Tubule-Assiocated Unit) rendues dysfonctionnelles par une anomalie, à l’intérieur des prolongements neuronaux.
L’évolution de la maladie d’Alzheimer est généralement décrite selon trois grands stades – léger, modéré et avancé – ou selon trois phases – prédémentielle, démentielle et démence sévère. L’ordre d’apparition et la sévérité des symptômes sont variables d’un patient à l’autre, mais la maladie débute souvent par des troubles de la mémoire. La région de l’hippocampe, siège de la mémoire, est touchée en premier. Progressivement, d’autres zones du cerveau sont concernées et affectent d’autres fonctions cognitives. L’Échelle de détérioration globale (Global Deterioration Scale) du docteur Barry Reisberg est la plus employée dans le monde. Elle distingue sept stades, du stade 1 (asymptomatique) au stade 7 (de la démence très sévère à terminale). Le plus souvent, la maladie progresse lentement pendant quinze à vingt ans sans complication somatique, essentiellement caractérisée par un trouble mnésique. Dans certains cas, l’évolution très rapide conduit le patient au décès en quelques années.
Les formes familiales de la maladie d’Alzheimer, héréditaires et liées à une mutation sur certains gènes, ne représentent que 1 % des cas. Elles concernent les formes précoces de la maladie, avec un début avant 65 ans, qui touchent environ 32 000 personnes en France. Aujourd’hui, 21 gènes et régions du génome ont été identifiés comme étant à l’origine d’une susceptibilité individuelle définie par une combinaison complexe de ces gènes. Le risque de développer la maladie est en moyenne multiplié par 1,5 si un parent du premier degré est touché, par 2 si au moins deux parents du premier degré sont touchés (Inserm, juillet 2014). En pratique, la recherche d’une mutation est faite lorsque l’arbre généalogique laisse supposer une maladie familiale chez les sujets de moins de 65 ans ou, dans le cas d’une forme extrêmement précoce de la maladie d’Alzheimer, avant 50 ans. Le traitement et la prise en charge sont les mêmes que pour les formes “non génétiques”, en attente de nouvelles pistes en thérapie génique.
→ Les troubles mnésiques sont les plus constants et les plus perceptibles des symptômes associés à la maladie d’Alzheimer. De nombreux individus se plaignent de trous de mémoire récurrents : si ces troubles préoccupent la personne (ou son entourage) et le gênent dans sa vie quotidienne, il est conseillé d’en parler à son médecin traitant.
→ Les troubles des fonctions exécutives peuvent également être évocateurs de la maladie (ne plus savoir se servir de son téléphone, ni préparer une recette bien connue…).
→ Les problèmes d’orientation dans le temps et dans l’espace (se perdre sur un trajet habituel, ne plus se situer dans le temps, etc.).
Cette phase initiale, aussi appelée prodromale, est surtout marquée par des troubles mnésiques d’installation insidieuse et progressive se manifestant sous forme d’oubli des faits récents (mémoire récente ou épisodique). On parle d’oubli à mesure ou d’atteinte de la consolidation en mémoire épisodique, qui concerne par exemple les emplacements d’objets, les noms de personnes, des difficultés pour acquérir de nouvelles informations ou le fait de faire répéter plusieurs fois la même chose. Le patient, qui ne reconnaît pas la perte de ses capacités (anosognosie), a tendance à minimiser ses difficultés qui inquiètent son entourage. Des difficultés à communiquer ou à se concentrer et des changements d’humeur ou de comportement peuvent être associés. La personne reste autonome pour la plupart des activités quotidiennes, mais ces premiers symptômes peuvent causer des difficultés dans l’organisation de la vie quotidienne (gestion du budget, transports en commun…).
Elle est caractérisée par de nouvelles atteintes cognitives sous forme d’un syndrome aphaso-apraxo-agnosique qui reflète l’extension des lésions cérébrales, avec :
→ une aphasie : des troubles du langage qui vont de l’incapacité à trouver le mot juste et adapté jusqu’à la perte totale du langage ; l’écriture devient illisible ;
→ une apraxie : des troubles de la coordination gestuelle, de la compréhension et de l’usage des objets. L’apraxie idéomotrice est l’incapacité à réaliser des gestes automatiques ou symboliques (salut militaire, par exemple). L’apraxie idéatoire, souvent plus tardive, correspond à une perturbation des fonctions exécutives, comme ne plus savoir se brosser les dents ou manger avec des couverts ;
→ une agnosie : incapacité à reconnaître des objets et/ou des personnes (aprosognosie : difficulté à reconnaître les visages, y compris son propre visage dans un miroir).
Ces troubles altèrent significativement l’autonomie dans les gestes quotidiens (courses, toilette, habillage, repas, etc.) et entraînent une dépendance envers les aides extérieures. À ce stade, la qualité de l’environnement conjugal ou familial et la désignation d’un aidant principal sont des facteurs de stabilité.
Elle survient en moyenne sept à huit ans après la détection des premiers symptômes. Durant cette phase, la maladie évolue vers un stade terminal où la vigilance est altérée par des épisodes de confusion. La perte d’autonomie est totale et justifie souvent un hébergement spécialisé. Des signes neurologiques apparaissent sous forme de crise comitiale ou d’un syndrome extrapyramidal. Ils entraînent des chutes et fausses routes à répétition qui sont à l’origine de l’entrée en fin de vie.
« Le médecin généraliste traitant est le pilote de l’organisation des soins centrée sur le patient », stipule la Haute Autorité de santé, HAS
Le diagnostic de certitude nécessite un examen des lésions cérébrales qui n’est possible que post-mortem. En pratique, le diagnostic repose sur une évaluation neuropsychologique, une IRM cérébrale et un bilan biologique plasmatique. Pour certaines formes atypiques, de diagnostic plus difficile, une ponction lombaire et une scintigraphie peuvent être demandées. Un entretien médical avec le patient et un accompagnant permettent de recueillir des informations fiables sur les antécédents médicaux personnels et familiaux, les traitements antérieurs et actuels, l’histoire de la maladie et le retentissement des troubles sur les activités quotidiennes du patient.
Les fonctions intellectuelles sont généralement évaluées à l’aide du Mini Mental Status Examination (MMSE) qui ne suffit pas à poser le diagnostic. Si les résultats du MMSE le justifient ou en cas de doute sur l’intégrité des fonctions cognitives, le patient est orienté vers une consultation spécialisée pour un examen neuropsychologique approfondi. Les différentes fonctions cognitives sont évaluées, particulièrement la mémoire épisodique (de nature autobiographique : c’était quand, c’était où ?), la mémoire sémantique (savoir général sur le monde : langue, faits historiques…), les fonctions exécutives, l’attention et les fonctions instrumentales (langage, communication, praxies, gnosies, calcul). Les signes et symptômes correspondant aux différentes fonctions cognitives permettent souvent d’orienter le diagnostic.
→ Un bilan sanguin permet d’éliminer une autre origine aux troubles cognitifs : trouble thyroïdien, désordres ioniques, diabète, certaines maladies infectieuses, carences vitaminiques.
→ L’IRM cérébrale permet de visualiser une atrophie du lobe temporal médian en faveur du diagnostic de maladie d’Alzheimer et d’identifier une autre cause à la démence comme un processus expansif intracrânien, une hydrocéphalie à pression normale ou des lésions d’origine vasculaire. L’IRM est demandée en cas de démence atypique ou de doute sur son étiologie.
→ La ponction lombaire est aussi réservée en cas de doute diagnostique, en particulier chez les patients jeunes. Le dosage des biomarqueurs Alzheimer dans le liquide céphalorachidien (peptide bêta-amyloïde, protéine Tau totales et Tau phosphorylées) augmente la certitude du diagnostic à plus de 90 %. La ponction lombaire permet aussi les diagnostics différentiels des démences en cas de présentation clinique atypique et/ou rapidement évolutive (suspicion de maladie inflammatoire, infectieuse, paranéoplasique ou de Creutzfeldt-Jakob).
Évaluée dans un premier temps chez des personnes hospitalisées à un stade avancé de la maladie, la perte de poids concerne aussi des personnes vivant au domicile dès l’apparition des premiers symptômes. Dans la maladie d’Alzheimer, les troubles du comportement alimentaire sont liés :
→ au déficit cognitif, à la confusion mentale, à l’inattention ;
→ à la perte de la coordination neuromusculaire au cours de la mastication et de la déglutition.
Les complications nutritionnelles, qui augmentent avec la sévérité de la maladie, sont un facteur d’aggravation de l’état de santé et d’un risque accru d’institutionnalisation et de mortalité.
Les troubles de l’équilibre et de la marche liés à une atteinte corticale sont fréquents et précoces dans la maladie d’Alzheimer. Aggravés par les autres facteurs liés au vieillissement (arthrose, baisse de la vue, fonte musculaire, prise de médicaments…), les troubles de la marche peuvent être à l’origine de chutes qui exposent à des complications parfois sévères ou d’un usage abusif de contentions. À un stade plus avancé de la maladie, une rétropulsion est possible avec un risque de chute en arrière ainsi qu’une marche à pas raccourcis et traînants, également source de chutes.
Les accidents surviennent en général chez les patients dont le diagnostic de maladie d’Alzheimer n’a pas été porté. Très variés, ils concernent des accidents iatrogènes, de la voie publique ou encore domestiques, qui peuvent être à l’origine d’un placement en institution.
Aussi appelés “symptômes psychologiques et comportementaux”, les troubles du comportement sont une complication majeure de la maladie d’Alzheimer. Imprévisibles dans leur survenue, leur sévérité et leur durée, ils associent souvent plusieurs symptômes.
→ Désintérêt et anxiété, défaut d’initiative, manque de plaisir, repli sur soi, anxiété et dépression sont fréquents dès le début de la maladie. L’apathie, le repli sur soi, la tristesse doivent être repérés car ils ont parfois pour origine une baisse de motivation, un manque d’intérêt pour sa personne, sa santé et ses relations sociales.
→ Les idées délirantes sont fréquentes tout au long de la maladie et augmentent avec l’évolution de la maladie. Les thèmes de délires les plus fréquents sont la persécution (quelqu’un s’est introduit dans la maison, des fantômes…), le préjudice (vol) et la jalousie (envers le conjoint soupçonné d’avoir une relation extraconjugale). Le syndrome de Capgras s’observe lorsque le patient est convaincu qu’un de ses proches est un imposteur, un sosie, ou lorsque le patient est persuadé qu’il n’est pas chez lui alors que c’est le cas. Des hallucinations, le plus souvent visuelles et sources d’anxiété ou d’agitation, sont possibles (elles peuvent faire évoquer une démence à corps de Lewy).
→ L’agitation verbale et/ou motrice apparaît à un stade plus tardif. Elle peut s’accompagner d’agressivité verbale, plus rarement physique. Pour le patient, c’est souvent un mécanisme de défense contre l’angoisse.
→ Les cris répétés surviennent à des stades avancés de la maladie. Ils pourraient être liés à la peur, une quête affective et aux désordres biochimiques. Ces cris répétés sont source d’épuisement pour l’entourage et ne sont pas soulagés par les thérapeutiques sédatives, si ce n’est à des doses néfastes pour l’autonomie de la personne. Ils peuvent entraîner un placement en institution. L’instabilité motrice prend la forme de déambulations et d’incapacités à rester en place. Les cris ou les exigences permanentes peuvent être des moyens de lutter contre la peur de l’abandon, la solitude ou l’angoisse de mort en attirant l’attention de l’entourage.
→ Des comportements aberrants et des répétitions verbales ou gestuelles sont possibles (ouvrir sans cesse les placards…). La déambulation ou les fugues peuvent avoir pour but de retrouver un “chez soi” alors que le domicile n’est pas reconnu, une chose perdue ou un être cher.
→ Les troubles du sommeil et des conduites alimentaires entraînent agitation et amaigrissement. Un refus de manger peut être interprété comme un moyen d’appeler au secours en attirant l’attention sur soi.
Au cours de la maladie, les causes de décès sont les mêmes que pour la population générale, si ce n’est que les accidents vasculaires, infarctus du myocarde ou cancers sont diagnostiqués plus tardivement du fait de l’absence de plainte du patient. Au stade avancé de la maladie, la plupart des décès sont causés par les atteintes motrices de la maladie (surtout fausses routes) et la grabatisation (infections pulmonaires, urinaires, dénutrition, escarres, etc.).
Même s’il y a des progrès, il existe toujours un retard de diagnostic de trois ans en moyenne. Le développement de la maladie d’Alzheimer est insidieux et les premiers signes peuvent être attribués à tort à l’âge ou à une dépression. Ils sont parfois banalisés par l’entourage qui s’adapte à la situation. Selon les recommandations de la HAS
→ devrait assurer une meilleure qualité de vie aux patients et aux aidants sur un temps plus prolongé ;
→ permettrait de limiter les situations de crise ;
→ pourrait retarder l’entrée en institution.
La mise en place d’un accompagnement précoce est importante pour le patient qui souffre des symptômes dès le début de la maladie. Le sentiment de perdre le contrôle de son existence peut engendrer une terrible angoisse. Plus le patient est aidé précocement dans la mise en place de stratégies pour faire face à la situation, meilleures seront son évolution personnelle et ses interactions avec l’entourage.
Évoquer une maladie d’Alzheimer dès les premiers symptômes permet d’impliquer le patient pour le rendre acteur de sa prise en charge. Quand le diagnostic est tardif, le patient est exclu car c’est l’entourage qui doit prendre des décisions pour lui. Une attention particulière doit être portée aux demandes du patient qui sollicite les soignants sur la question de la perte d’autonomie, sur ce qu’il souhaite pour son avenir. Ce peut être un moment pour évoquer des directives anticipées.
Aucun traitement n’agit directement sur le mécanisme de dégénérescence et de mort neuronale de la maladie. Les quatre médicaments indiqués dans la maladie d’Alzheimer visent à ralentir la progression symptomatique de la maladie :
→ les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase (IAChE) sont indiqués dans les formes légères à modérément sévères : Aricept (donépézil), Exelon (rivastigmine) et Reminyl (galantamine) ;
→ un antiglutamate, antagoniste des récepteurs du glutamate (principal neurotransmetteur excitateur), est indiqué dans les formes modérées, modérément sévères et sévères : Ebixa (mémantine).
Exelon, dispositif transdermique (rivastigmine), est utilisé dans le traitement des formes légères à modérément sévères de la maladie d’Alzheimer.
Des cas d’erreurs médicamenteuses et d’usage inadapté des dispositifs transdermiques ou patchs d’Exelon ont été rapportés, dont certains ont entraîné des cas de surdosage en rivastigmine. Ces erreurs sont le fait des professionnels de santé, des personnes aidantes et des patients eux-mêmes. Les plus fréquentes sont des erreurs d’administration du médicament, un mauvais usage et l’administration de doses incorrectes. Les causes les plus fréquentes sont l’oubli de retrait du patch, l’application de plus d’un dispositif à la fois. Viennent ensuite l’application sur des zones cutanées non recommandées ou sur une même zone cutanée pendant plusieurs semaines, le découpage du dispositif transdermique, et les erreurs de dose lors de la prescription ou la délivrance.
Il est important que les professionnels de santé informent les patients et les aidants de la bonne utilisation des dispositifs transdermiques, en particulier :
→ n’appliquer qu’un seul patch par jour sur une peau saine et sur une des zones corporelles recommandées : le haut ou le bas du dos, le haut des bras ou la poitrine ;
→ remplacer le dispositif par un nouveau après 24 heures, en retirant le patch en place avant l’application d’un nouveau sur une zone cutanée différente ;
→ éviter l’application sur la même zone cutanée pendant quatorze jours afin de limiter le risque d’irritation cutanée ;
→ ne pas découper le dispositif transdermique.
→ Gastro-intestinaux : diarrhée et nausée (vomissement, dyspepsies, douleurs abdominales avec Exelon).
→ Cardiovasculaires : bradycardie, hypertension avec Reminyl.
→ Neuropsychiatriques : céphalées, hallucinations, agitation, agressivité, vertiges, insomnie, syncope, tremblements, somnolence, léthargie, dépression sont, entre autres, possibles.
→ Cutanés : rash, prurit (hypersudation avec Reminyl).
→ Un surdosage (par erreur ou en croyant augmenter l’effet du médicament) peut entraîner une crise cholinergique : nausées sévères, vomissement, salivation, transpiration, bradycardie, hypotension, dépression respiratoire, collapsus et convulsion.
→ Gastro-intestinaux : constipation.
→ Cardiovasculaires : hypertension.
→ Neuropsychiatriques : somnolence, sensation vertigineuse, céphalée.
→ Un surdosage peut entraîner : faiblesse, fatigue, diarrhée, confusion, sensation ébrieuse, somnolence, vertige, agitation, agressivité, hallucination, troubles de la marche.
La prescription initiale annuelle est réservée aux médecins spécialistes en neurologie ou en psychiatrie, et à certains gériatres et médecins généralistes sous condition de formation spécialisée. Les médicaments sont prescrits pour un an, mais la HAS précise qu’au bout de six mois « la poursuite du traitement doit faire l’objet d’une réévaluation attentive du médecin prescripteur »
En 2011, l’efficacité des médicaments indiqués dans le traitement symptomatique de la maladie d’Alzheimer a été réévaluée à la baisse par la Commission de la transparence de la HAS
→ des effets au mieux modestes avec une efficacité versus placebo principalement établie sur la cognition à court terme et dont la pertinence clinique reste discutable ;
→ un risque de survenue d’effets indésirables pouvant nécessiter l’arrêt du traitement (troubles digestifs, cardiovasculaires et neuropsychiatriques notamment) ;
→ un risque accru d’interactions médicamenteuses du fait de la polymédication habituelle chez les patients âgés.
Les médicaments agiraient sur certains mécanismes de la maladie d’Alzheimer, avec un effet modeste mais variable en fonction des patients et des symptômes. Ils peuvent augmenter les capacités d’attention et d’autonomie, ralentir l’évolution de la maladie et réduire certains troubles du comportement. Les bénéfices attendus des médicaments doivent être discutés avec le patient et la famille, sans donner de faux espoirs ni tomber dans un rejet systématique. Il en va de même pour l’arrêt du traitement, qui doit être envisagé avec prudence. Il peut entraîner un décrochage des performances du patient avec une sorte “d’effet rebond” et, même avec une reprise du traitement, une difficulté à récupérer les niveaux antérieurs. En pratique, l’efficacité du médicament est difficile à évaluer car l’amélioration n’est pas toujours facilement perceptible.
Les troubles du comportement perturbateurs (cris, agitation, agressivité, déambulation, hallucinations, opposition, troubles du rythme du sommeil) sont les premiers motifs de prescription de neuroleptiques chez les patients Alzheimer. Ils ne devraient être prescrits qu’après échec des autres mesures non médicamenteuses. Or, dans tous les pays, « il existe une prescription par excès des neuroleptiques dans la maladie d’Alzheimer », rappelle le programme AMI (Alerte maîtrise iatrogénie) Alzheimer, programme pilote de la HAS. En France, 18 % des malades Alzheimer prennent des neuroleptiques (jusqu’à 27 % des résidants en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, Ehpad). Pourtant, pour 1 000 personnes traitées par neuroleptiques pour troubles du comportement pendant douze semaines, on observe :
→ une diminution des troubles du comportement chez 91 à 200 patients seulement (10-20 % d’efficacité) ;
→ 10 décès supplémentaires ;
→ 18 accidents vasculaires cérébraux, dont la moitié sévères ;
→ 58 à 94 patients avec des troubles de la marche.
« La réduction de la prescription des neuroleptiques dans la maladie d’Alzheimer constitue une priorité en matière de prévention de la iatrogénie évitable et d’amélioration de la qualité de vie des patients », avertissait en 2010 la HAS, dont le programme AMI avait pour objectif de diviser par trois ces prescriptions parfois inappropriées.
Ils sont prescrits en cas de dépression, de comportements d’agitation, de désinhibition, d’anxiété et d’instabilité. Les posologies sont adaptées à l’âge du patient et pas à la maladie d’Alzheimer. Et les tricycliques sont contre-indiqués. Une dépression qui débute à 70 ans peut être l’un des premiers symptômes de la maladie (après les troubles mnésiques, avant l’abandon des activités). Il n’est toutefois pas toujours évident d’attribuer certains signes à une dépression plutôt qu’à la maladie elle-même. C’est le cas de l’apathie, qui n’est pas forcément liée à une dépression et pour laquelle on n’aura qu’une réponse partielle avec un antidépresseur.
Les benzodiazépines sont utilisées avec précaution à cause du risque de majoration de l’état confusionnel. Les molécules à demie vie courte (inférieure à 20 heures) sont privilégiées (clotiazépam, oxazépam, lorazépam, alprazolam) en cure courte pour des cas d’agitation aiguë.
En cas de troubles du sommeil isolés, l’intérêt du recours aux hypnotiques à durée d’action courte (zolpidem, zopiclone, témazépam…) doit être régulièrement réévalué.
Il s’adresse au patient avec son accord et/ou à l’entourage qui le souhaite. Il peut être instauré dès l’annonce du diagnostic ou tout au long de la maladie dans le cadre des consultations mémoire, en hospitalisation ou en accueil de jour, en Ehpad, centre médico-psychologique, Centre local d’information et de coordination (Clic) ou en cabinet libéral, par le biais d’associations (comme France Alzheimer), etc.
Objectifs :
→ aider le patient à faire face aux bouleversements et au traumatisme que constitue l’annonce de la maladie ;
→ maintenir une stabilité et une continuité de la vie du patient compte tenu des troubles qui désorganisent de plus en plus ses processus de pensée ;
→ soutenir les familles dans l’acceptation (ou non) de la maladie et de ses troubles et leur permettre de faire face aux modifications des rapports affectifs, difficultés de communication, gestion des troubles du comportement, épuisement familial, décision difficile de placement, etc.
Elle a pour objectifs :
→ le maintien de la communication avec le patient pour prévenir l’apparition de troubles du comportement réactionnels ;
→ la prise en charge des troubles de la déglutition ;
→ le maintien et l’adaptation des fonctions de communication du patient (langage, parole et autres) ;
→ l’aide à la famille et aux soignants pour adapter leur comportement aux difficultés du malade.
Elle peut être proposée à tous les stades de la maladie à domicile ou en institution. Elle est adaptée aux troubles du patient et vise à ralentir la perte d’autonomie. Sous forme de mises en situation ou de simulations de situations vécues (trajet dans le quartier, toilette, téléphone, etc.), la prise en charge débutée par des spécialistes (psychologues, psychomotriciens…) est prolongée par les aidants.
L’exercice physique, et particulièrement la marche, pourrait avoir un effet bénéfique non seulement sur la prévention du risque de chutes, mais aussi sur certaines aptitudes fonctionnelles et certains aspects du comportement
Toute dégradation de l’état physique, les douleurs, la dépression ou l’anxiété sont une source de détresse et peuvent entraîner des comportements à risque. Ces facteurs, ainsi que les facteurs psychosociaux et environnementaux, doivent être rapidement identifiés et traités car ils sont susceptibles de générer, aggraver ou améliorer les comportements à risque.
(1) “Maladie d’Alzheimer et démences apparentées : taux d’ALD, de patients hospitalisés et de mortalité en France métropolitaine, 2007 et 2010”, Bulletin épidémiologique hebdomadaire, n° 30, septembre 2013.
(2) “Confusion et démences chez le sujet âge”, Collège des enseignants en neurologie (www.cen-neurologie.asso.fr).
(3) “Maladie d’Alzheimer : une nouvelle recommandation HAS pour le diagnostic et la prise en charge”, communiqué de presse, 16 décembre 2011.
(4) “L’accompagnement de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer en médecine générale”, Baromètre santé médecins généralistes 2009, INPES.
(5) “Maladie d’Alzheimer et maladies apparentées, diagnostic et prise en charge”, Haute Autorité de santé, décembre 2011.
(6) “Réévaluation des médicaments indiqués dans le traitement symptomatique de la maladie d’Alzheimer”, Commission de la transparence, rapport d’évaluation, 2011.
Cécile Pietraszek, infirmière coordinatrice sur l’ensemble du Ssiad et de l’Esad de Fougères (Ille-et-Vilaine)
« L’équipe spécialisée Alzheimer à domicile (Esad) de Fougères a été mise en place dans la continuité du plan national Alzheimer 2008-2012 pour maintenir les capacités des patients en début de pathologie, car les interventions ne sont efficaces qu’aux stades légers à modérés de la maladie. Or nous sommes souvent sollicités quand la maladie a beaucoup progressé et que les activités de réhabilitation à domicile par les assistantes de soins en gérontologie n’ont plus tellement de sens. Les infirmières libérales présentes au domicile des patients sont en bonne place pour repérer les difficultés. Soit parce qu’un patient ou un proche montre des signes qui pourraient justifier une consultation médicale ; soit, quand le diagnostic est posé, parce qu’elles peuvent orienter les familles : les Esad, pourtant bien réparties sur le territoire, sont encore méconnues, y compris par certains médecins. Nous proposons un soin d’accompagnement pendant trois à quatre mois pour lequel une prescription du médecin traitant ou d’un spécialiste est indispensable. Le diagnostic de la maladie d’Alzheimer doit donc être posé. La prestation de soin est intégralement prise en charge par la Sécurité sociale. »
Depuis le 15 mars 2012, le taux de remboursement des quatre médicaments indiqués dans la maladie d’Alzheimer par la Sécurité sociale est passé de 65 à 15 %. Ce qui ne change rien pour les patients car ces médicaments sont pris en charge à 100 % dans le cadre des affections de longue durée (ALD). Cette décision fait suite à la réévaluation à la baisse de l’efficacité de ces médicaments par la Commission de la transparence de la HAS en 2011. Dans le même temps, les ventes de ces médicaments en pharmacie ont chuté de 26 % entre 2008 et 2013. Elles ont surtout baissé de 27 % uniquement entre 2010 et 2013, avec un fléchissement net fin 2011, au moment de la publication de l’avis de la Commission de transparence.
Source : données fournies par la société Celtipharm, spécialisée dans le recueil d’informations sur les produits vendus en officine.