CHANGER DE LIEU D’EXERCICE ? - L'Infirmière Libérale Magazine n° 307 du 01/10/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 307 du 01/10/2014

 

Votre cabinet

FICHE PRATIQUE

Depuis le 18 avril 2009, si vous envisagez de changer de lieu d’exercice et que vous souhaitez poursuivre votre activité dans un cadre conventionnel, vous ne pourrez pas forcément le faire dans la région de votre choix.

Avant toute décision, vous devez vous reporter à la carte du niveau de dotation en infirmiers libéraux, une carte interactive consultable sur le site de l’Assurance maladie, www.ameli.fr. Cette carte se décompose en plusieurs zones : très sous-dotées, sous-dotées, intermédiaires, très dotées et sur-dotées. Précisons que ces dispositions s’appliquent également à toute professionnelle désireuse de s’installer pour la première fois en secteur libéral sous convention.

S’installer dans une zone très sous-dotée ?

Une telle installation peut présenter des avantages, assortis cependant de quelques obligations.

→ L’adhésion au contrat incitatif infirmier, nouveau nom du contrat santé solidarité, vous donne droit à la prise en charge de vos cotisations d’allocations familiales à l’Urssaf, auquel s’ajoute le versement d’une aide à l’équipement de votre cabinet ou en investissement professionnel (achat d’un véhicule par exemple) d’un montant de 3 000 euros par an pendant trois ans.

→ En contrepartie, vous devez exercer au moins les deux tiers de votre activité dans cette zone, travailler en groupe ou avoir recours à une remplaçante pour assurer la continuité des soins, télétransmettre au moins 80 % de vos actes, réaliser les injections vaccinales contre la grippe et assurer le suivi des patients atteints de pathologies chroniques.

S’installer dans une zone sur-dotée ?

Cela n’est possible que si une infirmière conventionnée cesse définitivement son activité. Vous devez déposer un dossier de demande d’installation en libéral sous convention auprès de la Caisse primaire d’Assurance maladie du lieu d’installation envisagé. Au-delà des documents habituels à fournir (diplôme, justification de l’expérience professionnelle), vous devrez indiquer le lieu et les conditions de votre installation (reprise, association). Ce projet sera examiné attentivement par l’Assurance maladie. Précisons que le tableau des cessations d’activité, régulièrement mis à jour, est publié sur le site www.ameli.fr.

S’installer dans les autres zones ?

Il n’y a pas de mesures spécifiques prévues si vous optez pour l’installation dans une zone sous-dotée, intermédiaire ou très dotée.

Où trouver des renseignements ?

→ Quelle que soit la zone choisie, il est en tout état de cause indispensable de se renseigner sur l’offre de soins déjà proposée dans le secteur d’intervention : importance et implantation géographique des structures hospitalières, (hôpitaux, cliniques, maisons de retraite), nombre de professionnels de santé déjà installés (infirmières, certes, mais également médecins, pharmaciens, etc.), existence de réseaux de soins, de maisons médicales de santé, de services de soins à domicile, etc.

→ Vous pouvez vous adresser à la Plateforme d’appui aux professionnels de santé (PAPS) de votre future région d’exercice. Instaurées par la loi HPST du 21 juillet 2009, les PAPS ont pour objectif d’informer et de faciliter l’orientation des professionnels de santé, en exercice ou en formation. Vous pourrez ainsi disposer d’informations spécifiques à votre région : présentation de l’offre de soins, des besoins et de la politique régionale de santé, présentation des services accessibles aux professionnels de santé, notamment en matière d’aide à l’installation et d’appui au montage de structures d’exercice coordonné, etc.

Bilan de la régulation démographique

Dans un rapport de juillet relatif aux relations conventionnelles, la Cour des comptes évoque les zonages. Elle rappelle que les écarts de densité dans la profession d’infirmière sont importants (lire aussi p. 10). La Cour des comptes dresse un premier bilan peu significatif de la régulation démographique de l’offre de soins infirmiers par le biais de ce zonage, qui s’appuie sur des statistiques de l’Assurance maladie, le découpage de l’Insee en bassins de vue et pseudo-cantons et une adaptation possible des Agences régionales de santé. Toutefois, le nombre d’installations d’infirmières en zones très sous-dotées et demandant donc le bénéfice des contrats incitatifs aurait augmenté en 2012 – à la nuance près que les mesures incitatives bénéficient « essentiellement aux professionnels déjà installés ». Le nombre d’infirmières migrant dans les zones sur-dotées aurait, quant à lui, diminué. Les 470 zones qualifiées de sur-dotées concentrent 27,2 % des Idels, soit environ 19 138 professionnelles.

Véronique Sokoloff

→ Juriste en droit pénal et droit de la santé

→ Formatrice en secteur libéral et hospitalier

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