Les faits divers rapportant des agressions de professionnels de santé se succèdent ces dernières années, notamment cet été avec la mort d’une Idel (lire notre n° 306 de septembre). À Marseille, depuis bientôt un an, est disponible une liste de numéros de téléphone destinés à apporter de l’aide aux soignants libéraux se retrouvant, ou s’étant retrouvés, en danger. C’est à Dominique Coves, présidente de la Fédération nationale des infirmières (FNI) des Bouches-du-Rhône, que l’on doit cette innovation, créée avec les autorités de la préfecture.
Victime elle-même du saccage de sa voiture et du vol de sa sacoche alors qu’elle était remontée une minute chez un patient, Dominique Coves déplore une altération importante des relations entre patients et soignants. D’autres événements, graves, ont démontré l’intérêt de disposer d’outils d’aide aux infirmières. Parmi ceux-ci, l’agression, à La Ciotat, de Marjorie Vessière, au domicile d’un patient, un homme de 84 ans. Ce jour de mars dernier, à peine l’infirmière entrée chez lui, il boucle la porte d’entrée et s’empare des clés. Il lui assène un coup de poing qui lui fend la lèvre et s’empare d’un couteau, menaçant de « la planter ». Marjorie Vessière parvient tout de même à pousser le patient et à s’emparer des clés pour s’enfuir. Elle contacte la police. Ce sont les pompiers qui arrivent, et amènent l’homme aux urgences. Là-bas, c’est sa version des faits à lui qui est retenue par le médecin, malgré la blessure de l’infirmière. Ramené chez lui, il attaque la porte de ses voisins au couteau, ce qui conduira, cette fois, à une prise en charge en hôpital psychiatrique.
« Personne ne m’a prise au sérieux, témoigne Marjorie Vessière. J’avais pourtant signalé son attitude très agressive à plusieurs reprises. » La professionnelle de santé a finalement pu porter plainte grâce au soutien de son associée. « Tant que rien de grave n’arrivait, pour la police, c’était “parole contre parole”. »
C’est justement pour que les professionnels du soin soient pris au sérieux que cette liste de numéros de téléphone a été constituée. L’idée est de permettre aux infirmières libérales, mais aussi aux pharmaciens, aux dentistes et autres professionnels libéraux de santé, de se sentir accompagnés dans toutes les démarches nécessaires. Désormais, un numéro de référence a été créé pour chaque quartier de Marseille ainsi que pour deux communes avoisinantes. Ce numéro met en contact le soignant avec un référent spécifique dans chaque commissariat. La liste comporte d’autres numéros, comme celui du Major de police Grégoire Dangléant, correspondant départemental d’aide aux victimes. Son rôle: orienter et faciliter toutes les démarches des personnes n’ayant pas pu être aidées efficacement par les services de police. Il se félicite d’ailleurs d’avoir reçu peu d’appels depuis la mise en place de la liste, « signe que la police a bien fait son travail ».
La liste des numéros marseillais devrait prochainement être publiée sur le site Internet de l’URPS. Elle est, pour l’instant, disponible auprès des syndicats professionnels.