L'infirmière Libérale Magazine n° 307 du 01/10/2014

 

ORGANISATION DES SOINS

Actualité

NATHALIE ACHE*   ARNAUD DAMIEN**   DANIÈLE RISSER***  

VILLE-HÔPITAL > Une étude menée dans l’Oise auprès de professionnels de santé montre que les relations ville-hôpital existent mais pourraient être développées. En particulier en informatique.

Comment les acteurs médico-sociaux de la ville et de l’hôpital se coordonnent-ils ? Pour le savoir, nous avons mené une étude auprès d’acteurs de santé dans deux communes du sud de l’Oise (10 000 habitants), en décembre et janvier derniers. Dix acteurs de santé dans quatre professions (infirmières, médecins, assistantes sociales, masseurs- kinésithérapeutes), dont les deux tiers travaillent en ville et un tiers à l’hôpital, ont exprimé, via un questionnaire, leur ressenti sur leurs collaborations.

Les Idels reçoivent les prescriptions à temps

Selon ces professionnels, pour qui la collaboration ville-hôpital est un élément déterminant dans le maintien du patient à domicile, les informations par courrier restent majoritaires et s’échangent plutôt rapidement entre médecins, dans des délais inférieurs à huit jours, conformément à la recommandation de la Haute Autorité de santé pour l’envoi du compte rendu d’hospitalisation. À l’unanimité, les Idels reçoivent les prescriptions pour dispenser les soins à temps, contrairement aux masseurs-kinésithérapeutes. L’enquête montre qu’une liaison ville-hôpital existe essentiellement par des réseaux de santé (axés sur une pathologie chronique), les services d’hospitalisation à domicile, les services de soins infirmiers à domicile et des associations représentant le maillage médico-social des soins ambulatoires.

Suspiscion à l’encontre du DMP

L’étude se penche également sur la viabilité du dossier médical dématérialisé, qui doit servir de données informatiques partagées entre l’hôpital et la ville. Le Dossier médical personnel (DMP), créé en 2004, accumule des difficultés de mise en place. Seuls 488 000 sont ouverts. Les professionnels interrogés dans l’Oise invoquent en majorité, comme freins à son développement, le temps imparti à son usage et un risque d’absence de confidentialité. La suspicion reste donc de mise, même si les hébergeurs sont régis par des textes réglementaires visant à garantir la confidentialité et la sécurité des informations. En matière d’informatisation des dossiers médicaux, un fossé sépare la France des pays d’Europe du Nord, comme le Danemark.

L’analyse se prolonge par des pistes de réflexion et des actions d’amélioration, évoquant la stratégie nationale de santé de 2013 ou encore la constitution d’équipes pluriprofessionnelles de proximité, telles que les maisons de santé pluridisciplinaires, pôles de santé ou centres de santé. Un mode de rémunération des rencontres interdisciplinaires motiverait les acteurs du décloisonnement. Les nombreuses initiatives locales révèlent la volonté des professionnels et des tutelles administratives d’améliorer la coordination ville-hôpital. Au final, l’enquête, réalisée de façon non exhaustive sur un territoire limité, montre qu’il reste encore du chemin à parcourir pour coordonner le parcours du patient dans sa globalité tout au long de sa vie.