Très fréquente, la lombalgie aiguë a un pronostic favorable dans la grande majorité des cas. Elle évolue rarement vers la chronicité et, plus rarement encore, elle peut être révélatrice d’une affection grave.
→ La lombalgie fait partie des affections rhumatologiques les plus fréquentes. On distingue les lombalgies communes (d’origine micrautraumatique ou liées à une atteinte dégénérative) des lombalgies attribuables à une cause nécessitant un traitement spécifique (ostéoporose, infection, tumeur, etc.).
→ Il est souvent difficile de déterminer la cause précise d’une lombalgie. Plusieurs mécanismes sont intriqués dans sa survenue, pouvant mettre en jeu les ligaments ou les muscles (entorse, déchirure…), les vertèbres (dégénérescence arthrosique, ostéoporose…), les disques intervertébraux (pincement, hernie…), etc. Des phénomènes inflammatoires locaux générateurs d’œdèmes, donc de compression supplémentaire, sont également souvent présents.
→ Par définition, une lombalgie aiguë dure moins de quatre semaines. On parle de lombalgie subaiguë si les symptômes se prolongent entre quatre et douze semaines. Une lombalgie évoluant depuis plus de trois mois est qualifiée de chronique.
→ La lombalgie aiguë commune correspond à une douleur intéressant le rachis lombaire (siégeant dans le bas du dos) et pouvant se diffuser jusqu’à la fesse. Les douleurs irradiant au niveau de la cuisse ou de la jambe ne sont plus considérées comme des lombalgies, mais plutôt comme des lombosciatiques ou des lombocruralgies.
→ La douleur peut être médiane ou latéralisée. Gênante, elle peut être parfois très invalidante, et entraver les activités quotidiennes habituelles, de manière partielle ou totale.
→ Les facteurs favorisant les lombalgies aiguës sont nombreux : activité professionnelle (vibrations, posture…), port d’une charge lourde, mauvaise posture, etc.
→ Outre l’âge, une prise en charge initiale trop tardive ou mal adaptée (repos strict au lit) favorise l’évolution vers une lombalgie chronique. Les antécédents de lombalgies aiguës ou de chirurgie lombaire, des facteurs socio-économiques (bas niveau de ressources ou d’éducation, poste de travail contraignant physiquement) ou psychologiques (dépression…) sont aussi incriminés dans la genèse de la chronicité.
→ 90 % des lombalgies aiguës évoluent vers la guérison en moins de six semaines. Parfois, des douleurs modérées persistent pendant quelques semaines encore. Il arrive que la lombalgie s’accompagne d’une sciatique ou d’une irritation des racines nerveuses.
→ On estime que 7 à 10 % des lombalgies évoluent vers la chronicité. Elles peuvent alors conduire à une désinsertion socioprofessionnelle par la mise en place d’un véritable cercle vicieux : l’inactivité physique engendre un “déconditionnement” caractérisé par une fonte musculaire, des craintes à se mobiliser et, de ce fait, un handicap de plus en plus important. Des symptômes anxieux sont volontiers associés.
→ En cas de lombalgie aiguë, le diagnostic repose surtout sur l’interrogatoire ainsi que sur l’examen clinique et vise à éliminer tout signe de complication (compression radiculaire ; compression de la queue de cheval, un syndrome qui constitue une urgence neurochirurgicale et qui associe douleur, déficit sensitif et moteur des membres inférieurs et troubles génito-sphinctériens). En l’absence de signes d’alerte (fièvre, amaigrissement, signes extra-rachidiens, hyperalgie…) évocateurs d’une pathologie grave (pathologie tumorale ou infectieuse, fracture vertébrale…), aucun examen complémentaire n’est recommandé.
→ Devant une lombalgie chronique, des radiographies du rachis lombaire de face et de profil, un bilan biologique (numération formule sanguine, vitesse de sédimentation, protéine C réactive), éventuellement une IRM, sont effectués s’il existe des arguments en faveur d’une étiologie infectieuse, inflammatoire, tumorale ou métabolique.
Les activités habituelles doivent être reprises rapidement car elles sont préventives d’un passage à la chronicité. Si la douleur l’impose, le repos doit être le plus court possible (deux à trois jours).
→ En première intention : le paracétamol est l’antalgique de choix chez les patients à risque digestif (plus de 65 ans ou antécédents d’ulcère) et ceux présentant des antécédents cardiovasculaires. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont notamment indiqués chez l’adulte de moins de 65 ans sans risque digestif.
→ En deuxième intention : un traitement par opioïde faible, éventuellement associé à un myorelaxant (Décontractyl, Lumirelax, Coltramyl…) est proposé, voire une infiltration de corticoïdes.
→ Autres : les manipulations vertébrales (ostéopathie) peuvent permettre d’accélérer la récupération. La chaleur peut aider à décontracter les muscles (patch chauffant ou poches à chauffer).
L’objectif est de contrôler la douleur, de diminuer la gêne et, selon le cas, de permettre la réinsertion sociale et professionnelle.
→ En première intention : les antalgiques de palier I, voire II, le maintien de l’activité physique et la kinésithérapie basée sur des exercices de renforcement et d’étirements musculaires sont à la base de la prise en charge. Le port d’une orthèse lombaire peut être utile, au cas par cas, selon le bien-être apporté, dans certaines situations (long trajet en voiture, tâches sollicitant le dos, longues marches…).
→ En cas d’échec : les antalgiques de palier II ou III sur une courte durée sont envisagés. Les infiltrations de corticoïdes sont également employées.
→ Les programmes multidisciplinaires de réadaptation à l’effort (menés par des médecins, des kinésithérapeutes, des ergothérapeutes, des psychothérapeutes…) sont proposés aux patients ayant un handicap lourd. Une thérapie cognitive et comportementale peut aussi avoir un effet bénéfique.
Concernant la pathologie
→ La lombalgie aiguë sans signe d’alerte (fièvre, amaigrissement, difficultés urinaires, troubles sensitifs…) a le plus souvent une évolution favorable. Le repos au lit doit être évité ou le plus court possible.
→ Les éventuels facteurs favorisant doivent être identifiés pour prévenir les récidives : efforts vertébraux, posture au travail… Le patient doit apprendre à préserver son dos et à ne pas porter de charges lourdes le dos courbé en avant ou sur le côté.
→ La pratique d’un exercice physique régulier et la correction d’un surpoids font partie intégrante du traitement des lombalgies chroniques.
Concernant les traitements
→ Le traitement prescrit doit permettre de soulager la douleur rapidement, dans les jours qui suivent, pour conserver un minimum d’activité physique ou reprendre progressivement et rapidement une activité mais de façon modérée au début, dans la tolérance de la douleur. Si ce n’est pas le cas, une consultation médicale est nécessaire pour réévaluer le diagnostic et/ou le traitement.
→ Au cours de la grossesse, le paracétamol est l’antalgique privilégié. En cas d’échec, la codéine ou le tramadol peuvent être utilisés quel que soit le terme de la grossesse. Les AINS sont contre-indiqués dès le début du sixième mois de la grossesse : attention à l’automédication.