L'infirmière Libérale Magazine n° 307 du 01/10/2014

 

Échappées

Christine Fontaine*   Mathieu Hautemulle**   Karen Ramsay***  

L’ENFANCE VOLÉE

Ce livre est un superbe hommage à tous les anciens enfants meurtris par la barbarie des hommes dans les camps de concentration. Yankov nous raconte sa vie de petit garçon rescapé des camps. C’est un des mille enfants survivants de Buchenwald libéré par les Américains. Il est ensuite recueilli dans un orphelinat français avec d’autres rescapés. Il trouvera la force de se reconstruire grâce à l’écoute et à la patience de la directrice de cette institution d’orphelins. Fragile et déterminé à la fois, il nous livre ses réflexions sur sa nouvelle vie. Un roman à valeur d’archive, bouleversant, une écriture juste et forte, avec beaucoup d’interrogations sur le sens de la vie.

Rachel Hausfater, Yankov, éditions Thierry-Magnier, 146 pages, 2014. 9,20 euros.

LA CIBLE

Ce livre s’attache aux souffrances et aux conséquences que le harcèlement produit sur les jeunes victimes. Noémya a subi ce traumatisme pendant quatre années de collège dans l’indifférence totale. Parce que «  sa tête ne revient pas aux autres », elle subit l’hostilité et les tourments. La peur, la honte l’empêchent de parler. Elle est seule face à ses bourreaux. S’ensuivent la dépression, les échecs scolaires. Mais, volontaire, elle décide de s’en sortir. Elle brise le silence et mène les autres victimes sur le chemin du courage. Magnifique ouvrage, utile aux élèves comme au corps enseignant : «  On ne doit pas garder le harcèlement au fond de son cartable. »

Noémya Grohan, De la rage dans mon cartable, éditions Hachette, 160 pages, 2014. 11,90 euros.

LE CONFESSEUR D’ÂMES

Une famille, quatre générations, dix femmes, hantées par un même souvenir : une lettre écrite quinze ans auparavant et qui n’est jamais arrivée à son destinataire. À l’Éden, elles viennent chercher des crèmes miracle, des massages qui guérissent les plaies et les bosses du corps. Alice s’occupe de ses clientes depuis vingt ans. Elle prodigue des soins de beauté, mais surtout soulage les maux de l’âme tout en embellissant le corps. Elle a fiché ses patientes-amies, elle y livre leurs confidences, leurs malheurs entre deux soins. Toutes parlent d’Ève qui s’est suicidée quelques années plutôt. Ce roman élégant au parler grave mais qui n’est pas dénué d’humour ni de tendresse décline de multiples fragments de vie dans une série de portraits tous plus beaux les uns que les autres. Un petit bijou d’émotions à fleur de peau.

Isabelle Desesquelles, Les hommes meurent les femmes vieillissent, Belfond, 219 pages, 2014. 18 euros.

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