L'infirmière Libérale Magazine n° 307 du 01/10/2014

 

Cahier de formation

Savoir faire

À l’occasion d’un suivi post-chirurgical, votre patient vous explique qu’il ne boit jamais en semaine mais qu’il se “lâche” chaque week-end pour décompresser du stress au travail.

Vous lui indiquez que cette alcoolisation régulière peut être préjudiciable et qu’il devrait peut-être envisager de se faire aider pour réduire sa consommation. Mesurer et objectiver la consommation

MESURER ET OBJECTIVER LA CONSOMMATION

Pour prévenir la survenue d’une dépendance à l’alcool, l’Idel peut jouer un rôle majeur, pour faire prendre conscience au patient que sa consommation est excessive, voire à risque, en s’appuyant sur différents outils :

→ questionnaire Deta en quatre questions : déterminer si sa consommation est abusive ;

→ autotest anonyme : objectiver les risques engendrés par la consommation d’alcool sur sa santé. Autoquestionnaire disponible sur le site Stop ou Encore(1)

→ test d’identification des troubles liés à l’abus d’alcool (Alcohol Use Disorders Identification Test, Audit), développé par l’OMS(2) (voir tableau page ci-contre) : permet d’évaluer le degré de risque de la consommation d’alcool (l’autotest s’en inspire).

Ces tests font partie des outils utilisés par les médecins en charge des consultations de prévention de l’aggravation des consommations mises en place dans certains établissements (Csapa, centres hospitaliers, notamment).

ORIENTER

Il est possible d’orienter le patient vers un lieu ou un autre professionnel de soin, comme le médecin généraliste. « Le fait de prendre rendez-vous montre que le patient est déjà engagé dans le processus de changement et qu’il y a une accroche possible pour mettre en place une prise en charge d’arrêt ou de réduction de consommation », commente le Dr Bernard Joussaume, médecin généraliste à Bandol. Tout en mettant en garde : « En addictologie, il ne sert à rien d’essayer de faire changer quelqu’un qui n’est pas dans l’intention. » L’Idel peut aussi informer le patient de l’existence de dispositifs comme les Csapa. Répartis sur le territoire, ces centres médico-sociaux accueillent de façon gratuite et anonyme toute personne qui souhaite par exemple faire un bilan sur sa consommation(3).

RÉDUIRE LA CONSOMMATION

Une solution pour prévenir la dépendance vise à réduire de façon contrôlée la consommation. À cet effet, des consultations spécialisées comme celle mise en place par l’Institut Pasteur de Lille (Nord) permettent d’accueillir des patients qui présentent des comportements problématiques avec l’alcool mais qui ne sont pas dépendants. À Lille, cette consultation se déroule en trois temps :

→ une première phase de mise en confiance pour cerner ce que le patient attend de cette rencontre et ce qu’il aime et n’aime pas dans le fait de boire ;

→ une phase d’évaluation du stade motivationnel où il se situe, associée aux tests permettant d’estimer le niveau de dépendance au produit (DETA, Audit). La deuxième phase fait appel à la méthode de Prochaska (lire l’encadré page suivante) censée adapter la prise en charge à l’étape de motivation au changement où se trouve le patient ;

→ une phase de conseil et d’accompagnement vers la réduction contrôlée. Cette troisième phase consiste à mettre en place un contrat thérapeutique destiné à établir des stratégies de protection à la portée du patient (lire le point de vue p. 47 dans la partie suivante).

(1) www.stopouencore.be/alcool.html

(2) Cf. bit.ly/1uBQ0KW

(3) Liste des Capsa sur www.drogues-info-service.fr