La ville de Bergerac (Dordogne) peine à attirer de nouveaux médecins. Dans trois ans, ils ne seront plus que quinze, soit un praticien pour 1 800 habitants, quand la moyenne dépasse un généraliste pour 1 000 habitants. Avec ce chiffre en tête, deux projets ont vu le jour: un pôle de santé et un centre médical.
À l’initiative du Dr Benoît Blanc, le pôle de santé, concrétisé par une association, a une visée pluridisciplinaire, comme l’explique Laëtitia Carlier, l’une des quinze infirmières libérales impliquées parmi la cinquantaine de membres médicaux et paramédicaux du pôle. « J’ai été contactée début 2013 pour une réunion, dit-elle. Nous étions une dizaine de professionnels [généralistes, dentistes, infirmiers, masseurs- kinésithérapeutes] et nous avons senti que le problème principal était de contacter les médecins puis de faire circuler les informations. C’est là que l’idée du réseau est venue. » Le constat se confirme dans les réponses à un questionnaire envoyé aux infirmières de la ville. D’autre part, invoquant leur statut de libéral, les professionnels souhaitent un rapprochement, mais pas la fusion. « Le “pôle de santé de Bergerac” met en réseau les professionnels qui le souhaitent grâce à un logiciel dédié mais sans regroupement physique. Nous avons contacté une chargée de mission pour présenter ce projet à l’Agence régionale de santé. » Le projet a été validé et le pôle créé le 25 janvier 2014. « Tout ceci est encore un peu théorique, mais les projets avancent. Le logiciel sécurisé arrive, puis nous commencerons les projets d’éducation thérapeutique. Mais le principal est déjà là, nous commençons à nous parler et tout le monde s’investit. Pour le reste, ça va faire son chemin ! »
Si le pôle de santé ne compte pas de pharmacien, le centre médical, lui, a été initié par le pharmacien Carmel Fontana. Son idée est de regrouper efficacement des professionnels de santé autour de sa pharmacie. Il a donc investi personnellement pour la construction de sept cabinets et deux secrétariats. À ce jour, plusieurs installations de professionnels paramédicaux sont en projet et deux cabinets infirmiers regroupant cinq Idels sont déjà dans les locaux. Nathalie Festal en a fondé un. « Je cherchais un nouveau local, raconte-t-elle. C’est M. Fontana qui m’a contactée et j’ai dit “oui”, car je crois à ce projet. Nous travaillons côte à côte mais nous restons indépendants, ce à quoi je tiens beaucoup. »
Pour l’heure, le centre “médical” peine encore à trouver… un médecin, qui lui donnerait l’impulsion décisive, mais Nathalie Festal ne regrette pas son choix. « Nous pouvons livrer facilement les patients qui ont besoin d’un médicament, c’est un soulagement pour les proches des malades. Et puis les patients nous voient quand ils viennent à la pharmacie, c’est une bonne idée, ça commence vraiment à prendre. » Elle reconnaît aussi quelques inconvénients à ce mode de pratique. « M. Fontana s’est présenté aux municipales
* Carmel Fontana avait d’ailleurs fait du centre un argument de campagne.
Issus du même constat, les deux projets bergeracois ne sont pas en opposition en termes de soins. Ils peuvent même s’avérer complémentaires puisque les Idels “de la pharmacie” travaillent avec les médecins “du pôle” et que les patients circulent librement d’un professionnel à l’autre. Un professionnel pourrait faire partie des deux projets. En attendant l’arrivée de nouveaux praticiens dans la région de Bergerac, nombre de médecins généralistes déjà installés, débordés, refusent de prendre en charge de nouveaux patients.