Qui fait quoi ? La question semble toute bête. Elle devrait pourtant se poser, et surtout se discuter, dès lors qu’au moins deux personnes travaillent voire vivent ensemble, c’est-à-dire dans toute relation qui fait société. Qui fait quoi ? En d’autres termes : comment répartir les activités ? Poser cette question, c’est reconnaître l’implication de chacun dans l’œuvre commune. Et respecter ses compétences, ses spécificités, ses valeurs. Ainsi, à domicile, qui fait quoi ? L’aidant familial doit-il vraiment s’occuper de tout ? Et notamment de certaines activités d’hygiène ? Il semble communément “naturel” de s’occuper d’un proche malade ou en perte d’autonomie. Mais est-ce toujours facile ? Quand on aime, on ne compte pas. Pourtant, on le devrait, parfois, pour reconnaître à sa juste part cet accompagnement que la société délègue (relègue ? ) aux familles. « Les proches, à travers les gestes qu’ils prodiguent à la personne malade, peuvent se retrouver dans une posture de soignant. Ceci est quasi incontournable étant donné le coût des aides à domicile 24 heures sur 24. Il convient néanmoins de les aider à rester dans une position de proche », notent les auteurs de Soins palliatifs à domicile (lire p.19). L’aidant peut prendre en charge, il doit aussi se prendre en compte. Aide-toi, l’Idel t’aidera, tel pourrait donc être un message des professionnels à son attention pour que son soutien à un proche n’empiète pas sur sa vie professionnelle ni ne perturbe sa trajectoire personnelle. Pour qu’il s’aide plutôt qu’il ne cède. Qui fait quoi ? Cette équation s’avère finalement bien compliquée à résoudre, et la solution peut se trouver au cas par cas. Elle fait appel à un élément en partie irréductible aux multiples protocoles, process, procédures et autres normes qui sont la marque de notre temps, un élément par ailleurs malmené par l’hyper-rationalisation et l’obsession comptable : l’humain.