L'infirmière Libérale Magazine n° 308 du 01/11/2014

 

PROFESSION

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OLIVIER BLANCHARD  

ÉTUDE > Le burn-out, ou syndrome d’épuisement professionnel des soignants (Seps), a été beaucoup étudié chez les soignants à l’hôpital. Récemment, l’étude Cahlipsos s’est intéressée au risque de Seps chez les infirmières libérales.

Les causes du syndrome d’épuisement professionnel des soignants (Seps) diffèrent selon le mode d’exercice, chez les libérales et les hospitaliers. Quand les hospitaliers se plaignent en premier lieu de la hiérarchie, c’est le manque de communication entre collègues et entre pairs qui fait le plus souffrir les libérales.

44 % des Idels se sentent en risque de burn-out

Voilà un résultat de l’étude menée par le docteur Joël Fleury auprès de 404?professionnels de santé, dont 44 % d’infirmières libérales du Cantal, Allier, Haute-Loire, Puy-de-Dôme participant à des soins oncologiques de support (Cahlipsos). Armelle Peron, psychologue à la Ligue contre le cancer en Gironde, l’a présentée lors de la journée proposée par Resiladom (association de professionnels de santé pour les soins à domicile sur la Gironde) le 2 octobre à Artigues.

La moitié des infirmières libérales interrogées ont entre 35 et 50 ans, et 89 % d’entre elles dépassent les 35 heures de travail par semaine (53 % se situent entre 35 et 50 heures, 26 % plus de 50 heures par semaine). Alors qu’elles estiment à 96 % avoir une bonne qualité de vie personnelle et 91 % une bonne qualité de vie professionnelle, les libérales sont 44 % à se sentir en risque de burn-out dans les années à venir.

Pour une meilleure coordination

Pour expliquer cette souffrance au travail, elles évoquent avant tout le manque de communication, la charge de travail et le stress. Les mesures qu’elles souhaitent pour améliorer leur qualité de vie au travail sont la création d’outils de coordination des soins, une coordination simplifiée avec les établissements (numéro unique…) et des temps d’échange sur les situations en cours. Les moyens de prévention et de détection du Seps dans cette population semblent donc à réenvisager.

Le Seps a été défini en 1976 par la psychologue Christina Maslach comme une « incapacité d’adaptation de l’intervenant à un niveau de stress émotionnel continu, causé par l’environnement de travail ».

Articulation autour de trois dimensions

Ce syndrome peut se développer sur trois dimensions indépendantes : l’incapacité à accueillir de nouvelles émotions (froideur relationnelle), la déshumanisation de la relation à l’autre (cynisme) et la perte de sens de l’accomplissement de soi au travail (absence de plaisir au travail).

Son installation est sourde, la personne ne s’en rend pas compte et c’est souvent l’entourage, étonné par les propos qu’elle tient sur son travail, qui le détecte avant elle. Les conséquences du Seps sont alors des troubles cognitifs (perte de l’attention, de la mémoire), des troubles affectifs (irritabilité, rigidité…), des troubles comportementaux (absentéisme, conduites à risque…) et des troubles psychosomatiques (mal de dos, migraine, etc.).

Des causes variées

Les causes de ce syndrome sont variées et relèvent autant de facteurs personnels qu’environnementaux. Une chose est sûre cependant, il n’est lié à aucun antécédent psychiatrique et chacun peut donc en souffrir un jour.

La prévention de ce syndrome passe d’abord par de l’information et de la sensibilisation. Il faut apprendre à se reposer et à communiquer sur sa souffrance. Dans un deuxième temps, quand les premiers signes sont là, il faut surtout mettre en parole le malaise, en identifier les composantes puis faire un bilan de sa situation. Enfin, en cas de syndrome avéré, il faut déclencher une prise en charge immédiate et commencer un traitement, et même penser parfois à un reclassement ou une réorientation professionnelle.