Cahier de formation
Savoir faire
Monsieur F., 52 ans, qui bénéficie d’une NPAD à la suite d’une chirurgie lourde du tube digestif, semble très angoissé par cette “boîte” que les médecins ont placée dans son thorax et par laquelle il reçoit de la nutrition et parfois des médicaments.
Vous l’interrogez sur ce que lui ont dit les autres professionnels de santé. Ceux-ci ont, semble-t-il, insisté sur les risques encourus. Vous lui expliquez que ce dispositif est indispensable à sa prise en charge, étant donné que son tube digestif n’est pas fonctionnel.
→ La manipulation de lignes de nutrition parentérale doit impérativement être faite de manière aseptique, afin de limiter au maximum le risque infectieux. Il est donc recommandé de travailler dans un lieu clos (en évitant les pièces alimentaires telles que la cuisine), avec un plan de travail propre, dégagé et désinfecté (si possible réservé à cet usage). Il est préférable d’ôter ses bijoux afin d’obtenir une désinfection complète des mains, de porter un masque (pour protéger les patients de la contamination par voie aérienne et goutelette), une charlotte, une blouse et des gants stériles.
→ L’hygiène corporelle du patient doit être convenable, malgré la désinfection cutanée effectuée à proximité de la CCI. Le patient peut également être amené à porter un masque de type chirurgical.
→ Pour ce qui est du matériel, il existe aujourd’hui des kits “prêts à l’emploi” contenant les éléments nécessaires selon l’acte à réaliser.
→La mise en place de l’aiguille de Huber suit les recommandations ; l’utilisation des systèmes gripper permet de limiter les manipulations sur la ligne de perfusion et d’espacer les pansements de deux fois par semaine (pour les cathéters tunnellisés ou aiguille de Huber classique) à une fois par semaine.
Elle doit être faite immédiatement avant le branchement. Aucun ajout d’oligoéléments ou de vitamine n’est nécessaire pour les poches fabriquées selon la formule. Ces poches doivent être sorties du réfrigérateur quatre à six heures avant l’administration afin d’éviter que le patient ne fasse une hypothermie. Vérifier la prescription médicale et les dates de péremption des produits. Mettre masque, charlotte et blouse. Se décontaminer les mains avec de la solution hydroalcoolique (SHA). Ouvrir l’emballage de la poche de nutrition. Reconstituer le mélange en rompant les soudures entre les compartiments puis homogénéiser par retournements. Se décontaminer de nouveau les mains. Prélever les ajouts (Cernevit, Décan) avec des seringues et les injecter dans la poche via le port d’injection. Vérifier l’absence de précipité ou de séparation de phase dans la poche. Ouvrir l’emballage de la tubulure. Percuter la poche de nutrition avec la tubulure en maintenant l’asepsie. Suspendre la poche à la potence. Purger la tubulure en laissant le bouchon en place à l’extrémité. Installer la tubulure dans la pompe d’administration. Étiqueter la poche avec le nom du patient, l’heure de préparation et le nom du préparateur, les ajouts réalisés, le débit prescrit.
→ Connecter la tubulure sur le prolongateur. Mettre en place le boîtier de protection ou un pansement stérile non tissé (type Mépore) autour de la jonction tubulure-prolongateur. Fixer solidement l’aiguille de Huber à l’aide de Steristrips. Appliquer ensuite un pansement stérile (de préférence transparent). Déclamper le prolongateur. Programmer la pompe et la mettre en route.
→ Après le branchement, une surveillance rapprochée est nécessaire uniquement si le changement d’aiguille a eu lieu le même jour. Il est conseillé de demander au patient de prendre sa température deux ou trois heures après le début de la perfusion (s’il ne peut pas, il est possible de le faire lors du débranchement de la NP).
À noter : il est très important d’informer le patient qu’en cas de problème pendant la perfusion (pic fébrile, frissons, douleur au niveau de la chambre, douleur dans un membre), il doit impérativement contacter l’Idel, dont l’intervention est attendue rapidement.
Procéder à l’habillage comme pour le branchement et ouvrir le set de débranchement. Préparer le matériel sur le champ stérile. Ouvrir le boîtier de protection prolongateur-tubulure. Désinfecter la connexion avec une compresse imbibée. Se décontaminer les mains et enfiler les gants stériles. Clamper le prolongateur, désinfecter de nouveau la connexion. Désadapter la tubulure. Adapter la seringue contenant 20 mL de NaCl 0,9 % et rincer le cathéter en injectant ce volume par saccades. Clamper le prolongateur en pression positive et le fermer avec un bouchon stérile.
Le lavage des mains est un préliminaire indispensable à toute manipulation des dispositifs de nutrition.
Un lavage simple (à l’eau et au savon ou par friction avec une SHA) suffit dans le cadre d’une NE, sans habillage particulier. Un système de NP impose de travailler dans un lieu clos avec un champ stérile, de procéder à de multiples désinfections des mains avec une SHA et d’adopter un habillage spécifique selon l’action menée (masque, charlotte, blouse, gants stériles).
De nombreuses personnes vivent avec une CCI, parfois même pendant plusieurs années, sans pour autant que les complications surviennent systématiquement. Il faut préciser aux patients que le port d’une CCI n’est pas dénué de risques (notamment infectieux) et leur donner les signes d’alerte (rougeur, fièvre…). Néanmoins, l’application de protocoles de soins par les équipes soignantes et l’éducation du patient et de son entourage permettent de limiter la survenue de complications. Quelques adaptations sont nécessaires dans la vie quotidienne mais, quoi qu’il en soit, l’Idel et les équipes du centre de référence sont toujours disponibles et à l’écoute.
Observer les complications chez l’adulte souffrant d’un cancer et bénéficiant d’une nutrition parentérale supérieure à un mois sur dispositif veineux implantable (DVI) initiée en hospitalisation.
Voilà l’objectif d’une étude menée dans le cadre du Programme hospitalier de recherche infirmière et paramédicale et coordonnée par Catherine Lacroix, cadre de santé au Centre expert de nutrition parentérale adulte de l’Institut régional du cancer de Montpellier (ICM).
L’observation prend en compte les Idels en lien avec les patients concernés : des questions leur sont posées tous les quinze jours, notamment sur les signes infectieux et leur gestion, le nombre de manipulations du DVI (nombre de poches, vitamines, oligoéléments, électrolytes), les prestataires de dispositifs médicaux et les patients – vingt patients pour le moment, et à terme cinquante, sont inclus dans l’étude. L’objectif est d’évaluer les risques de complications, qui sont d’ordre infectieux et vasculaire, en lien avec des pratiques de soins.
« Le protocole de soins et la prescription médicale doivent émaner du prescripteur et un accompagnement à la compréhension du protocole est judicieux. Les Idels ne sont pas toujours accompagnées pour appliquer les bonnes pratiques », note Catherine Lacroix. Les patients, eux, sortent de l’hôpital sans avoir toujours bénéficié d’une éducation thérapeutique.
Un programme dans ce domaine est en cours d’agrément auprès de l’Agence régionale de santé du Languedoc-Roussillon pour que les patients connaissent par exemple les signes infectieux lies à une nutrition parentérale. Et, pourquoi pas, pour les mener jusqu’à l’autonomie complète du soin.
Le Centre expert de nutrition parentérale de l’ICM, l’un des treize centres agréés en France, accueille des patients qui nécessitent une nutrition parentérale de plus de trois mois au long cours. « La nutrition parentérale peut être prescrite par un médecin hospitalier, mais quand elle l’est pour plus de trois mois, hors phase palliative, les patients doivent se tourner vers un centre expert agréé, indique Catherine Lacroix (lire aussi p. 40). Des infirmières libérales nous adressent ainsi des patients pour qui elles ont déjà réalisé une nutrition parentérale de plus de trois mois répondant à ces critères. Mais cette obligation est généralement mal connue des prescripteurs. »