Cahier de formation
Savoir faire
Madame B., 45 ans, bénéficiant d’une nutrition entérale à domicile sur bouton de gastrostomie dont la pose date de moins de deux semaines, se demande s’il lui est possible de prendre une douche.
Un bouton de stomie nécessite des soins différents selon l’ancienneté de sa pose. Vous expliquez notamment à Mme?B. qu’il vaut mieux éviter le bain ou la douche précocement après la toute première pose d’un bouton de gastrostomie au risque de voir les points d’ancrage céder prématurément.
Soit, en général les quinze premiers jours.
→ Au cours de la première semaine, il est normal de voir apparaître une légère inflammation, des rougeurs, un petit écoulement et/ou une légère douleur autour du bouton.
→ Le soin est à réaliser une fois par jour. Après s’être lavé les mains à l’eau et au savon, nettoyer avec précaution la peau, la stomie et éventuellement les points d’ancrage avec des compresses différentes imbibées d’un antiseptique non alcoolisé (type Biseptine). L’emploi d’un coton-tige facilite le nettoyage du pourtour direct de l’orifice cutané.
→ Bien sécher la peau, les ancres et la stomie par tamponnement.
→ Renouveler les deux dernières étapes. Appliquer au bouton une rotation d’un demi-tour afin d’éviter que celui-ci n’adhère à la peau. Glisser une compresse coupée en T entre le bouton et la peau (en couvrant les ancrages s’ils existent). Positionner un pansement occlusif type Sparaplaie également découpé en T afin de permettre la pose et le retrait du prolongateur. Ce pansement occlusif doit être retiré dès que possible.
→ La reprise du bain et/ou de la douche est conseillée. Si elle est impossible, il faut procéder à un nettoyage quotidien délicat avec de l’eau savonneuse ou du sérum physiologique. Ce lavage doit être suivi d’un rinçage à l’eau et d’un séchage par tamponnement. Ce soin est l’occasion de vérifier que le bouton ne laisse pas d’empreinte sur la peau. Penser aussi à mobiliser le bouton en le tournant d’un demi-tour. L’application de la compresse découpée en T n’est plus indispensable (sauf s’il existe un écoulement afin d’éviter de tâcher les vêtements). Elle n’est mise en place qu’au moment du branchement de la NE. À cette phase de maturation de la stomie, un pansement occlusif est déconseillé car il entraînerait une rétention d’humidité pouvant causer des problèmes cutanés.
→ En cas de développement d’un bouton charnu, une prescription médicale peut permettre l’application de nitrate d’argent à l’aide d’un crayon au nitrate.
→ En cas de fuites péristomiales engendrant une irritation cutanée, l’application d’une pâte à l’eau ou pommade à l’oxyde de zinc (type Bepanthène ou Aloplastine) est possible après avoir éliminé la possibilité de rupture du ballonnet.
→ Le premier changement du bouton de stomie doit toujours être effectué dans le service prescripteur. Les changements ont lieu environ deux fois par an. Les remplacements de boutons peuvent avoir lieu au domicile du patient, et sont effectués par le médecin, l’infirmier, voire le patient ou une personne de son entourage (après formation). Cependant, ce geste n’est pas inscrit au décret relatif aux actes professionnels et à l’exercice de la profession d’infirmier.
→ L’administration de la NE par un bouton de gastrostomie implique d’adapter un prolongateur sur le bouton. Commencer par un lavage simple des mains. Ôter le bouchon du bouton, placer le prolongateur au-dessus du bouton en alignant les repères noirs présents sur les deux dispositifs. Disposer l’embout du prolongateur dans l’orifice du bouton, enfoncer le prolongateur puis le tourner de trois quarts de tour dans le sens de la flèche dessinée dessus.
→ Préparer la tubulure et le mélange nutritif (comme pour l’administration par SNG).
→ Rincer l’ensemble prolongateur et bouton avec de l’eau (environ 15 mL). Connecter la tubulure et le prolongateur et commencer l’administration.
Procéder de la même façon que pour l’administration discontinue par SNG. Attention, le prolongateur du bouton ne doit jamais rester en place après utilisation (que ce soit pour l’administration de NE ou de médicaments).
Joël Baekeland, infirmier de l’Unité de nutrition artificielle à domicile, CHRU de Lille (Nord)
« La perte d’une sonde ou d’un bouton de stomie est une urgence car l’orifice peut se refermer en quelques heures, même si la stomie est ancienne. Si la stomie date de moins de six semaines, seul le service hospitalier de référence peut intervenir. Pour une stomie plus ancienne, l’infirmière libérale peut procéder au remplacement du matériel s’il est disponible au domicile. Il faut veiller à ce que le prestataire en laisse toujours un à disposition. En cas d’impossibilité de remplacer le dispositif, il est possible de replacer l’ancien dispositif (après l’avoir soigneusement rincé au sérum physiologique) en le fixant avec un scotch ou de maintenir l’orifice ouvert avec une sonde urinaire type Foley. Si aucune de ces situations n’est faisable, orienter le patient au plus vite vers le centre prescripteur de la nutrition entérale. »