L'infirmière Libérale Magazine n° 309 du 01/12/2014

 

Cahier de formation

Savoir

Évolutive, l’IRC expose le patient à des traitements ayant des retentissements majeurs sur sa qualité de vie. Améliorer son dépistage, ralentir sa progression et accompagner le patient dans l’évolution de la maladie, choisir et mettre en place le traitement de suppléance constituent les temps forts de la prise en charge

DÉFINITIONS

Insuffisance rénale chronique (IRC)

L’IRC est un stade d’évolution de la maladie rénale défini, indépendamment de sa cause, par la présence, pendant plus de trois mois, d’une baisse du débit de filtration glomérulaire estimé (DFG estimé) qui est alors inférieur à 60 ml/min/1,73 m2 (voir tableau page de droite). La diminution du DGF provoque une accumulation des molécules normalement excrétées par les reins (potassium, set et eau, ions hydrogène, toxines urémiques) qui perturbe ou empêche ses fonctions physiologiques normales.

IRC terminale (IRCT)

Ce syndrome marque le dernier stade d’évolution de l’IRC. Il est caractérisé par un DFG inférieur à 15 ml/min/1,73 m2 et est généralement associé à plusieurs symptômes :

→ neurologiques : troubles du sommeil et de la vigilance, jambes sans repos ;

→ digestifs : anorexie, nausées ;

→ dermatologiques : prurit ;

→ hématologiques : tendance hémorragique ;

→ cardiovasculaires : rétention hydrosodée et hypertension artérielle non contrôlable par un traitement médicamenteux.

ÉPIDÉMIOLOGIE

IRC et IRCT en chiffres

→ La prévalence des adultes présentant les critères biologiques de l’IRC est estimée à 3 millions de personnes(1) dont une partie n’est pas diagnostiquée compte tenu de l’évolution silencieuse de la maladie.

→ En 2012, 73 491 personnes étaient traitées pour IRCT (dont 56 % par dialyse et 44 % par greffe) et 10 048 nouveaux patients ont débuté un premier traitement de suppléance pour IRCT(2), dont 63,5 % d’hommes et 36,5 % de femmes.

→ L’âge médian des patients à l’initiation du traitement par dialyse est de 70 ans et celle des patients greffés de 56 ans.

→ Sur les patients greffés en 2012, 11,7 % l’ont été à partir d’un greffon de donneur vivant et 88,3 % d’un donneur décédé ; 14,4 % des greffes étaient des retransplantations et 11,4 % des greffes préemptives.

→ La technique de dialyse dominante est l’hémodialyse (HD) à 89,4 %, la dialyse péritonéale (DP) concernant 10,6 % des patients. L’initiation du traitement s’est faite dans l’urgence dans 33 % des cas et en réanimation dans 10 % des cas. En urgence, 93,9 % des patients démarrent un traitement par hémodialyse en centre lourd alors que la dialyse hors centre concerne 25,2 % des patients lorsqu’elle est programmée. En particulier, la DP est cinq fois plus fréquente lorsque le traitement est programmé(3).

→ Le coût de l’IRCT est estimé à environ 4 millions d’euros, selon la Cnamts. Il est pris en charge à 100 % dans le cadre d’une affection de longue durée. Les coûts annuels par patient des différentes modalités de traitement s’élèvent à 89 000 euros pour l’HD, 64 000 euros pour la DP et 86 000 euros pour la greffe dont le coût annuel de surveillance, 20 000 euros, est trois à quatre fois moins élevé que les autres modalités de traitement(4).

Causes

Le diabète et l’hypertension artérielle sont les principales causes de l’IRCT. En 2012, 42 % des nouveaux malades avaient un diabète (majoritairement de type 2) à l’initiation du traitement de suppléance. La maladie rénale à l’origine de leur IRCT était une néphropathie liée à l’hypertension artérielle dans 26 % des cas et au diabète dans 22 % des cas(5). La glomérulonéphrite chronique, la maladie rénale polykystique, la pyélonéphrite chronique, la néphropathie vasculaire, représentent les autres causes rapportées. Dans 13,7 % des cas, la cause reste inconnue(3).

Comorbidités

En 2012, au stade d’IRCT, 16 % des patients ne présentent aucune comorbidité, 24,6 % en ont une et 59,4 % deux et plus. Le nombre total de comorbidités augmente avec l’âge. Au-delà de 75 ans, 85 % des malades ont au moins une comorbidité à l’initiation du traitement de suppléance et plus de 60 % en ont au moins deux, alors que 71 % des patients de 20 à 44 ans n’ont aucune comorbidité déclarée. Plus d’un malade sur deux a au moins une comorbidité cardiovasculaire(2). 20 % des hommes et 28 % des femmes sont obèses (indice de masse corporelle supérieur à 30 kg/m2) et 14 % des hommes et 8 % des femmes sont des fumeurs actifs, dont 41 % sont réputés tabagiques. Une insuffisance respiratoire chronique, un cancer ou une hémopathie sont également présents chez 14 % des hommes et 12 % des femmes.

Mortalité

Chaque année, plus de 7 000 patients IRCT dialysés ou greffés décèdent(2). Les taux de survie à trois et douze mois sont respectivement de 95,6 % et 87,4 % pour les épurations extra-rénales (EER) programmées et de 88 % et 74,2 % pour les EER en urgence. La mortalité à un an est comparable, quelle que soit la technique de dialyse(3). Un patient IRC âgé a quatre à cinq fois plus de risques de mourir de maladie cardiovasculaire que d’arriver au stade d’IRCT. Dans ce contexte, les exigences du traitement des maladies cardiovasculaires doivent être prioritaires par rapport à la préservation de la fonction rénale(6).

DÉPISTAGE ET DIAGNOSTIC

Dépistage

Les travaux des États généraux du rein ont montré l’impact défavorable de l’absence ou du déficit de diagnostic précoce de la maladie et souligné l’importance du dépistage car il conditionne la mise en place et l’efficacité des contrôles (protéinurie, pression artérielle) et du traitement néphroprotecteur et conservateur. Ce dépistage est réalisé systématiquement en médecine du travail par la recherche des marqueurs d’atteinte rénale dans les urines (test sur bandelette urinaire). En ambulatoire, il repose sur l’identification des patients à risque (lire l’encadré p. 34) auxquels le médecin référent doit prescrire une fois par an un examen portant sur(1) 

→ la mesure de l’albuminurie sur des urines prélevées à tout moment de la journée ;

→ le DFG estimé, réalisé à partir du dosage de la créatinémie.

À noter : le diagnostic et le suivi de la fonction rénale doivent être fondés sur l’estimation du DFG indexé sur la surface corporelle et non plus sur l’estimation de la clairance de la créatinine selon la formule de Cockcroft et Gault(1). Cette formule estime la clairance de la créatinine (non le DFG), donne une valeur qui n’est pas indexée sur la surface corporelle, sous-estime la fonction rénale du sujet âgé, surestime la fonction rénale du sujet obèse et surestime également la fonction rénale du sujet jeune ayant une diminution du DFG(7). En revanche, elle sert à l’adaptation des posologies conformément aux autorisations de mise sur le marché.

Critères diagnostiques

Dans le cas d’un dépistage positif chez un sujet à risque (DFG < 60 ml/min/1,73 m2 ou albuminurie ++), le diagnostic sera confirmé par la persistance de ce résultat sur deux ou trois examens consécutifs réalisés dans les trois mois.

À noter : il est important que les examens soient effectués dans le même laboratoire afin que l’estimation du DFG soit réalisée à partir des mêmes méthodes de dosage de la créatinémie.

Au-delà du DFG et de l’albuminurie, d’autres signes d’atteinte rénale (hématurie, leucocyturie, anomalie morphologique à l’échographie rénale) permettent d’affirmer le caractère chronique de la maladie s’ils persistent plus de trois mois(1).

Critères d’évolution de l’IRC

Au moment du diagnostic, l’ensemble de ces éléments permet d’évaluer le stade de l’IRC (voir tableau ci-dessous). Ensuite, l’évolution de la maladie sera appréciée à partir du déclin annuel rapide (≥ 5 ml/min), modéré (≥ 2 et 5 ml/min) ou physiologique (< 2 ml/min) du DFG(8), de la présence d’albumine dans les urines et de l’incapacité à contrôler la pression artérielle du patient. Le risque cardiovasculaire global (dix fois supérieur à celui de la population générale) doit également être pris en compte par une surveillance accrue des patients présentant une comorbidité cardiovasculaire et par une exploration des anomalies lipidiques et de la glycémie (HbA1c) systématique chez les patients indemnes en raison des complications cardiovasculaires fréquemment associées à l’IRC.

Annonce de la maladie

L’annonce souvent tardive doit s’accompagner d’explications permettant au patient d’appréhender la nécessité du traitement mais aussi l’importance de son rôle dans la prise en charge globale et le pronostic de sa maladie, qu’il s’agisse d’observer les prescriptions médicales, la surveillance biologique, les conseils hygiéno-diététiques ou les mesures de néphroprotection qui lui permettront d’influencer favorablement l’évolution de l’IRC, d’éviter ses complications et de retarder l’échéance des traitements de suppléance (TS).

Élaboration d’un programme personnalisé de soins

Dans le cadre des prochaines expérimentations “parcours de soins IRC pré-suppléance” conduites dans plusieurs territoires (article 43 de la loi de financement de la Sécurité sociale 2014), la HAS travaille en particulier sur un outil d’aide à la réalisation du programme personnalisé de santé du patient par une check-list permettant d’aider les professionnels dans la concertation sur le parcours des patients et rappelant les différentes dimensions médicales mais aussi sociales et médico-sociales à prendre en compte(9).

PRISE EN CHARGE

L’objectif de la prise en charge globale de l’IRC est de ralentir l’évolution de la maladie et de retarder le plus longtemps possible la mise en place du TS tout en maintenant un état de santé et une qualité de vie satisfaisants pour le patient. À cet effet, le réseau Tircel (Traitement de l’insuffisance rénale chronique en Rhône-Alpes)(10), mis en place en 2002 à Lyon à l’initiative du Pr Laville, est un exemple de démarche d’accompagnement éducatif par des Idels (lire la partie Savoir faire p. 41). Cette démarche donne aux patients la possibilité de bénéficier de trois consultations infirmières par an gratuites pour optimiser la gestion de leur maladie du stade 1 au stade 4 de son évolution.

Stade 1 et stade 2 de la maladie rénale

Malgré son caractère irréversible, la progression de l’IRC peut être contrôlée et ralentie en conjuguant plusieurs types de mesures.

Mesures thérapeutiques

→ L’optimisation du traitement de la maladie causale : amélioration de l’équilibre glycémique chez le diabétique, contrôle de la PA chez l’hypertendu, suppression des obstacles (malformation, lithiase, foyer infectieux urinaire) susceptibles d’entraver le fonctionnement rénal.

→ L’induction d’un traitement conservateur (néphroprotecteur) ayant pour but de corriger les deux principaux facteurs de progression de l’IRC modifiables : la protéinurie (sachant que, chez le patient diabétique, on recherchera plutôt l’albuminurie, qui est plus sensible que la protéinurie) et l’HTA(1). Le contrôle de ces deux paramètres est également essentiel pour réduire le risque cardiovasculaire.

→ Cible à atteindre : pression artérielle inférieure à 130/80 mmHg si diabète ou albuminurie persistante, pression artérielle inférieure à 140/90 mmHg si absence de diabète et d’albuminurie ; protéinurie inférieure à 0,5 g par jour.

→ Moyens thérapeutiques : les traitements inhibiteurs du système rénine angiotensive sont recommandés en première intention en privilégiant les inhibiteurs de l’enzyme de conversion qui ont un ratio coût-efficacité plus favorable que les antagonistes du récepteur de l’angiotensine II. Ils sont prescrits à faible dose et augmentés progressivement en contrôlant la PA, la fonction rénale et la kaliémie jusqu’à la dose optimale déterminée si elle est bien tolérée. Si les cibles thérapeutiques (protéinurie ou pression artérielle) ne sont pas atteintes sous monothérapie, la démarche d’intensification du traitement (bithérapie, voire trithérapie) requiert l’avis d’un spécialiste(1).

→ Vaccination contre la grippe afin de soustraire ces patients fragiles à ce risque.

→ Prévention cardiovasculaire : traitement des dyslipidémies (objectif LDL-cholestérol < 1 g/l), mesures hygiéno-diététiques.

Mesures hygiéno-diététiques

→ Apport en protéines non restreints tant que le DFG est supérieur ou égal à 60 ml/min/1,73 m2.

→ Apport énergétique compris entre 30 et 35 kcal/kg par jour. Cet apport doit être adapté en cas d’obésité. Si nécessaire, un accompagnement diététique spécialisé doit être envisagé.

→ Restriction sodée inférieure à 6 g par jour.

→ Apports hydriques adaptés à la soif et à la diurèse.

→ Pratique d’une activité physique régulière adaptée à l’état clinique du patient.

→ Arrêt du tabac (car il est à la fois cardio- et néphrotoxique).

Surveillance

→ La périodicité de la surveillance clinique et biologique peut être déterminée en divisant par dix le DFG estimé. Par exemple, tous les quatre mois si le DFG estimé est à 40 ml/min.

À noter : pour les prélèvements, ne jamais piquer au pli du coude mais sur la périphérie et le plus bas possible, voire sur le dos de la main pour préserver le capital veineux des deux bras, ou utiliser le bras dominant pour préserver celui (bras non dominant et moins sollicité) qui recevra la fistule artério-veineuse (FAV). Le patient pourra ainsi utiliser son bras dominant pour ponctionner la fistule artério-veineuse dans le cas d’une HD à domicile ou en unité d’autodialyse.

→ Éviction des produits néphrotoxiques : une attention particulière doit être apportée aux prescriptions des médicaments ayant des effets néphrotoxiques (tout médicament à élimination rénale) et à l’automédication.

Attention : l’IDE s’assurera que le patient a bien informé le médecin prescripteur et le pharmacien de sa pathologie rénale. Elle informera le patient des risques liés à l’usage de la phytothérapie (certaines plantes chinoises sont néphrotoxiques) afin qu’il se renseigne préalablement et l’invitera à prendre avis du médecin pour toute prise de médicament.

Stade 3

Mesures thérapeutiques

Elles sont identiques à celles mises en place aux stades précédents mais doivent être associées à partir du stade 3B à une vigilance accrue concernant les points suivants :

→ la préservation du capital veineux, en vue de réaliser les futurs abords vasculaires ;

→ la surveillance et la prise en charge des complications de la maladie rénale chronique et des maladies associées : anémie (taux d’hémoglobine < 12 g/dl chez la femme et < 13,5 g/dl chez l’homme), troubles du métabolisme phosphocalcique (carence en vitamine D, hyperphosphorémie, hypocalcémie, hyperparathyroïdie) rétention hydrosodée, hyperkaliémie (taux sérique de potassium > 5,5 mmol/l), acidose métabolique (bicarbonates plasmatiques < 23 mmol/l), dénutrition.

À savoir : l’anémie cause une asthénie et une hypertrophie ventriculaire gauche responsable d’une fatigue intense et de complications cardiovasculaires. Si le traitement de la carence en fer ne suffit pas, un traitement par érythropoïétine doit être associé dès que le taux d’hémoglobine est inférieur à 10 g/dl(1). Dans 70 % des cas, l’injection sous-cutanée est réalisée par une IDE, mais les patients actifs et éduqués à la réalisation du geste peuvent également s’auto-injecter ce traitement à l’aide de stylos et de cartouches préremplis. Le contrôle des troubles du métabolisme phosphocalcique repose avant tout sur l’application de recommandations diététiques. Un traitement pharmacologique se discute si les mesures diététiques ne permettent pas d’atteindre les objectifs. Contre la dénutrition, il faut surveiller l’évolution du poids et de l’indice de masse corporelle et réaliser une évaluation nutritionnelle (Self Control Assessment, SGA, ou Mini Nutritional Assessment, MNA). Des problèmes dentaires ou digestifs, une intolérance aux traitements, un état dépressif sont des facteurs favorisants qui ne doivent pas échapper à l’Idel.

→ La vaccination contre l’hépatite B si le patient non vacciné est séronégatif et si le patient est vacciné mais avec des anticorps anti-Hbs inférieurs à 10(1). Cette précaution est justifiée par le risque d’accidents d’exposition au sang lié aux multiples ponctions et au débit de la fistule.

Mesures hygiéno-diététiques

L’apport en protéines doit être modérément restreint mais pas inférieur à 0,8 g/kg par jour sans dépasser 1 g/kg par jour à partir du stade 3A.

Stade 4

Mesures thérapeutiques

Poursuite des traitements et renforcement de la surveillance des complications.

Information du patient et de l’entourage

Le patient et l’entourage doivent être informés de l’évolution de la maladie et, pour ceux dont le néphrologue a confirmé l’évolution vers le stade terminal, de la nécessité d’envisager la mise en place d’un TS à défaut duquel ils s’exposeraient à des complications graves (polynévrite, péricardite, crise d’urémie mortelle).

L’information du patient portera sur :

→ les différents TS et leurs répercussions en termes de contraintes et de qualité de vie ;

→ la possibilité d’envisager une greffe à partir de donneur décédé ou vivant. Les experts de la Société de néphrologie et de transplantation insistent sur le fait qu’il est important de savoir si le patient qui atteint un DFG de 20 ml/min est d’emblée éligible à la transplantation.

À noter : dans de nombreux services hospitaliers de néphrologie, les patients sont adressés à une consultation infirmière d’information et d’éducation thérapeutique sur les différents TS et modalités de greffe.

Autres mesures

→ La réalisation du bilan prétransplantation et l’inscription du patient éligible sur liste d’attente auprès de l’Agence de biomédecine.

À noter : envisager la transplantation ou la dialyse (HD ou DP) suffisamment tôt est important pour permettre aux patients de mûrir et de partager la décision de son traitement, de choisir en tenant compte des facteurs médicaux et personnels (activité professionnelle, situation familiale, lieu de résidence, éloignement des structures de dialyse, contexte culturel, perception des techniques) et de se préparer à l’échéance à la fois physiquement et psychologiquement.

→ La réalisation, au plus tard un mois avant l’induction du traitement, d’un abord vasculaire pérenne qui dépendra de la technique retenue : fistule artério-veineuse (lire le point de vue p. 38) en cas d’HD ou pose d’un cathéter intrapéritonéal en cas de DP.

À noter : là encore, une bonne anticipation permet d’optimiser le démarrage de la dialyse avec une voie d’abord fonctionnelle et durable. Si la fistule artério-veineuse est l’abord vasculaire de choix car la technique est parfaitement maîtrisée en termes de réalisation, de surveillance et de gestion des complications, force est de constater que la proportion des patients dialysés sur cathéters est encore très importante. Le rapport Rein (2) montre en effet que 87,5 % des TS commencés dans un contexte d’urgence sont réalisés sur cathéter et que le nombre de patients pris en charge en HD sur cathéter augmente, indépendamment de la prise en charge en urgence. Ces cathéters présentent pourtant un risque infectieux plus important qu’une fistule artério-veineuse native en dépit des progrès réalisés tant au niveau des matériaux (silicone) que des techniques d’enfouissement ou que de l’utilisation de verrous antiseptiques ou antibiotiques.

Stade 5

Démarrage du traitement de suppléance (TS)

→ Décision : « À ce stade de l’IRC [marqué par un DFG inférieur à 15 ml/min, voir le tableau p. 33], la question de la mise en route du TS se pose mais ne veut pas dire pour autant qu’elle s’impose », indique le Pr Christophe Mariat, du service de néphrologie du CHU de Saint-Étienne (Loire). Le TS peut ainsi être initié avec un DFG inférieur à 15 ml/min. En effet, « d’autres éléments interviennent dans la décision. On va notamment tenir compte de la tolérance du patient aux complications de la maladie rénale chronique ainsi que de la dimension dynamique de l’évolution de l’IRC car certains patients restent relativement stables à 15 ml/min de DFG. La décision de démarrer le TS est multifactorielle et intègre, au-delà de la valeur du DFG, des critères cliniques et environnementaux (âge du patient, contexte familial, projet thérapeutique…). »

→ Objectif : restaurer la fonction rénale, soit presque totalement par la transplantation, soit partiellement (entre 10 et 15 %) par l’épuration extra-rénale (EER).

Contre-indications/abandon

Certaines circonstances (patients de très grand âge, grabataires, aggravation des comorbidités associées et/ou de l’état clinique, démence évoluée, espérance de vie limitée) peuvent justifier de ne pas débuter une EER, voire de l’arrêter lorsque celle-ci est déjà en cours si le rapport bénéfice/contrainte n’est pas favorable au patient en termes de santé et de qualité de vie. En pratique, cela reste exceptionnel mais implique d’organiser une prise en charge palliative afin d’assurer le soulagement des symptômes et de la douleur et de faciliter l’accès aux services et soins de support.

Traitements de suppléance

Les modalités de traitement inaugural de l’IRCT sont l’EER par dialyse (97 % des cas) et la greffe de rein (3 %) (2).

L’ÉPURATION EXTRA-RÉNALE (EER) Organisation

En France, la prise en charge de ce traitement par hémodialyse (HD) ou dialyse péritonéale (DP) est organisée selon le décret n° 2002-1197 du 23 septembre 2002 dans différentes structures (11).

→ L’HD en centre : l’état de santé des patients nécessite une présence médicale permanente pendant la séance.

→ L’HD en unité de dialyse médicalisée : les patients ont un état de santé ne nécessitant pas une présence médicale permanente.

→ L’HD en unité d’autodialyse assistée : l’assistance d’une infirmière spécialisée est requise pour certains gestes. Les Idels sont fréquemment associées aux soins de ces unités (lire le point de vue p. 43).

→ L’HD en unité d’autodialyse simple : les patients sont autonomes après une période de formation et assurent tous les gestes nécessaires à leur traitement.

→ La DP ou l’HD à domicile : le patient, après une période de formation, assure couramment tous les gestes nécessaires au déroulement de la dialyse à domicile. Le conjoint ou un membre de sa famille est formé et une Idel peut également intervenir pour assister le patient (lire le point de vue ci-contre).

Principe

La dialyse est un système d’épuration sanguine qui repose sur une méthode d’échanges entre deux solutions (le sang et un dialysat) au travers d’une membrane semi-perméable impliquant des mécanismes de diffusion et d’ultrafiltration (transfert des molécules d’eau à travers la membrane). Le transfert des solutés par diffusion au travers de la membrane de dialyse permet d’évacuer les déchets de bas poids moléculaire (urée, créatinine) et les autres déchets qui, non éliminés par le rein, se sont accumulés dans le sang. Cette opération permet de rétablir le taux normal des différents électrolytes (sodium, potassium, calcium…) qui assurent l’équilibre ionique du patient. L’ultrafiltration permet d’éliminer l’eau (entre deux et trois litres d’eau en moyenne) accumulée entre deux dialyses par le patient oligurique (diminution de la quantité d’urine émise) ou anurique (absence d’urine).

À noter : la pesée est un prérequis incontournable à la dialyse : « Les patients dialysés ont soit une diurèse partiellement conservée qui permet d’éliminer naturellement une partie des liquides qu’ils absorbent, soit ils sont anurétiques et conservent tous les liquides ingérés (hydratation, alimentation), ce qui engendre une prise de poids, explique l’Idel Évelyne Ribal. Afin de déterminer le volume d’eau à éliminer durant la dialyse, le médecin détermine un poids sec théorique à partir duquel, en fonction du poids pris par le patient entre deux dialyses, la perte de poids à réaliser par le traitement est déterminée et les gradients de pression programmés pour extraire l’eau du sang. »

Modalités

Dans la majorité des cas, le TS initial est une HD (83 %) ou une DP (10 %). Ces deux techniques sont complémentaires et non concurrentielles dans la mesure où les patients peuvent passer de l’une à l’autre au cours de leur parcours de soin. C’est également le cas pour les autres modalités de traitement.

Contre-indications

Avec l’amélioration des techniques tant en HD qu’en DP, elles sont devenues rares. « Des contre-indications que l’on pensait formelles il y a quelques années deviennent de plus en plus relatives aujourd’hui, explique le néphrologue Christophe Mariat. Par exemple, l’insuffisance respiratoire, qui était considérée comme une contre-indication à la DP, ne l’est plus aujourd’hui car, avec les techniques de DP continue, il y a beaucoup moins de liquide infusé à chaque cycle et le risque de compression diaphragmatique, susceptible de gêner ou d’aggraver l’insuffisance rénale lors de la mise en place du traitement, n’existe plus. » Le patient a donc dans la grande majorité des cas la possibilité de choisir le traitement qui lui convient le mieux.

L’hémodialyse (HD)
Principe

Le sang du patient est prélevé à partir de la ligne artérielle de la fistule artério-veineuse et réinjecté par la ligne veineuse une fois épuré et enrichi en bicarbonate et sels minéraux par le rein artificiel (dialyseur). Pour remplir son rôle, le rein artificiel doit être alimenté en bain de dialyse (dialysat). Celui-ci est produit par un générateur qui, en fonction de la concentration en électrolytes que l’on souhaite obtenir, réalise le mélange prédéfini à partir d’eau déionisée et de concentré de dialyse. Le générateur est également chargé de porter le bain de dialyse à la température du corps, de le diffuser à un certain débit dans le dialyseur et de provoquer parallèlement une dépression chargée d’éliminer une partie de l’eau véhiculée par le sang. Il assure aussi la monitorisation du circuit sanguin extra-corporel grâce à une pompe à sang dont le débit est fixé entre 250 et 350 ml/min et dont l’arrêt est automatique en cas d’anomalie (variation de pression ou présence d’air dans la ligne veineuse, par exemple).

Durée et fréquence du traitement

« En règle générale, il est réalisé trois fois par semaine pendant en moyenne trois à cinq heures, indique Évelyne Ribal. Le rythme et la durée sont fixés par la prescription médicale et ajustés aux besoins du patient (corpulence, urée, masse musculaire, activités, fonction rénale résiduelle, bilan sanguin). Parfois, une dialyse supplémentaire peut être ajoutée si la prise de poids entre deux dialyses est trop élevée et le poids sec théorique déterminé par le médecin non atteint dans la semaine. Certains patients (patients fragiles sur le plan cardiovasculaire qui ne peuvent pas se maintenir en restriction hydrique par exemple, patient agité, dénutri, femme enceinte, patient non observant) peuvent également être dialysés de manière quotidienne sur cinq ou six jours mais sur une durée plus courte (deux heures). » Cette méthode permet de se rapprocher du fonctionnement normal du rein et de limiter les variations d’amplitude du potassium, de la créatinine et de l’urée. Le patient est également mieux drainé, ce qui ajoute à son confort de vie. Cette technique permet un régime alimentaire quasi normal et fait disparaître le temps de récupération (fatigue) de quelques heures habituellement nécessaire après une séance d’HD pour retrouver une activité normale. Elle favorise également une baisse pondérale chez les personnes en surpoids. Réalisée en centre, elle augmente le temps de transport et est donc particulièrement adaptée au domicile (12). Elle permet enfin aux patients fragiles d’améliorer leur état cardiovasculaire, voire, pour certains, d’accéder à la greffe.

Les autres techniques d’hémodialyse

Des améliorations continues sont régulièrement réalisées dans le domaine de la biocompatibilité des dispositifs qui, à l’instar de l’hémodialyse quotidienne, permettent de mettre à disposition des techniques (hémodiafiltration, biofiltration, HFR – HemoFiltration with on-line Reinfusion) de plus en plus douces et de mieux en mieux supportées par des patients qui ont du mal avec les séances d’hémodialyse conventionnelle. Toutefois, contrairement à l’HD quotidienne, ces techniques ne sont pas utilisées à domicile.

La dialyse péritonéale (DP)

La majorité des patients actuellement traités à domicile sont sous DP. Il s’agit d’un traitement ambulatoire réalisé de manière quotidienne selon deux modes opératoires :

→ dialyse péritonéale continue ambulatoire (DPCA), 70 % des DP (2), dialyse péritonéale automatisée (DPA), 30 % des DP (2).

Si le patient n’est pas autonome, il peut être assisté d’une personne de son entourage ou faire appel à une Idel.

Principe de la DP

Les deux méthodes utilisent le même procédé et les propriétés du péritoine pour réaliser, comme le ferait un rein artificiel, les échanges entre le sang et le liquide de dialyse. Le dialysat est introduit dans la cavité péritonéale par un cathéter intrapéritonéal (cathéter de Tenckhoff) à demeure, implanté chirurgicalement dans le “cul de sac de Douglas”. Ce liquide stagne durant plusieurs heures et les échanges nécessaires à l’épuration du sang se font grâce aux vaisseaux qui traversent le péritoine. L’eau en surcharge et les substances à éliminer traversent la paroi vasculaire et le feuillet péritonéal. Lorsque le liquide de dialyse est saturé, il est vidangé et remplacé par du liquide frais.

Différence entre DPCA et DPA (13)

DPCA : jour et nuit

→ Injection manuelle entre deux et trois litres (suivant la tolérance du patient) à chaque cycle.

→ Temps de stase : entre trois et quatre heures généralement.

→ Opération renouvelée plusieurs fois par jour en fonction du protocole : la journée d’un malade traité par DPCA est rythmée par les cycles infusion/stase/drainage et les changements de poche, en général quatre par jour (trois cycles diurnes et un cycle long nocturne). Chaque changement de poche de dialysat prend vingt à trente minutes.

→ Les horaires peuvent être variables d’un jour à l’autre en fonction des activités du patient.

→ En présence d’une fonction rénale résiduelle significative, la DPCA peut n’être réalisée que six jours par semaine.

DPA : traitement de nuit

→ L’automatisation de la DP permet de multiplier le nombre de cycles sans imposer d’astreinte supplémentaire au malade car le traitement est réalisé la nuit par un appareil (cycleur) qui gère les différents temps de stase, d’infusion et de drainage selon la programmation des prescriptions du néphrologue.

→ Les volumes introduits dans la cavité péritonéale varient d’un et demi à trois litres maximum sachant que, durant la nuit, le volume global circulant introduit est de douze litres.

→ Les différents paramètres de dialyse (volume intrapéritonéal, durée et caractéristiques des différentes phases du cycle, durée de la séance nocturne, etc.) sont programmés avec précision sur le cycleur, ce qui permet une personnalisation optimale de la prescription.

→ La préparation et le “branchement” au cycleur prennent environ trente minutes chaque soir, et le “débranchement” + nettoyage de la machine trente minutes également.

→ Les cycleurs sont des machines simples à utiliser. Les malades eux-mêmes ou, en cas d’inaptitude physique (patient non autonome), l’Idel réalisent les manipulations de branchements et de débranchements.

Complications des traitements de suppléance par dialyse

Malgré un traitement bien conduit, des complications peuvent survenir. Les plus fréquentes sont :

→ hémodialyse : baisse de la tension artérielle, crampes pendant la séance ;

→ dialyse péritonéale : complication aiguë (infection du liquide de dialyse péritonéale), complications chroniques (obésité, drainage incomplet, lire la partie Savoir faire p. 43), perte d’efficacité du péritoine. À long terme (dix ans en moyenne), la perméabilité du péritoine s’altère et oblige à changer de technique (transfert en HD, transplantation rénale). C’est la raison pour laquelle la DP est généralement utilisée par des patients jeunes en attente de transplantation, des sujets âgés ayant des problèmes cardiaques ou d’abord vasculaire (réalisation de la fistule artério-veineuse impossible) ou encore pour permettre aux patients hémodialysés à domicile de voyager en toute tranquillité à l’étranger.

À noter : l’observance des règles d’hydratation joue un rôle important sur la durée du traitement par DP. Les patients qui ne prennent pas beaucoup de poids utilisent des poches isotoniques (l’élimination de l’eau se fait par déclive), tandis que les patients qui prennent régulièrement plusieurs kilos entre deux dialyses sont obligés d’utiliser des poches très sucrées pour créer l’hypertonie nécessaire à l’élimination de l’eau. L’usage répété de ces poches endommage le péritoine.

→ En HD comme en DP, le risque infectieux existe (infection de l’abord vasculaire ou du cathéter péritonéal, transmission virale ou bactérienne, autre). Tout doit être mis en œuvre pour réduire au maximum ces risques, en particulier par le respect des règles d’asepsie, tant par le personnel soignant que par le patient.

TRANSPLANTATION

Depuis le début des années 1990, la transplantation rénale, lorsqu’elle est possible, est statistiquement le traitement qui assure la meilleure durée et qualité de vie, la meilleure réhabilitation, le meilleur bien-être attesté par les enquêtes de qualité de vie, au moindre coût(4).

Modalités

→ Greffe préemptive (sans dialyse préalable) : la meilleure solution mais elle ne concerne que 3,4 % des patients greffés.

→ Greffe secondaire à la dialyse.

Sources de greffons

→ Greffon prélevé sur un donneur en état de mort cérébrale.

→ Greffon prélevé chez un donneur vivant : le traitement de choix de l’IRCT, car c’est celui qui fonctionne le mieux et le plus longtemps. Malgré ces avantages, la France reste très en retard comparée à beaucoup d’autres pays, où la greffe à partir d’un don du vivant atteint 30 à 50 % (10 % dans l’Hexagone), ce qui entraîne d’importantes pertes de chances pour les patients notamment privés de greffe préemptive.

Contre-indications

Les contre-indications absolues sont rares et se limitent aux pathologies extra-rénales associées, constituant un risque vital per- et post-transplantation trop important ou susceptibles d’évoluer rapidement pour leur propre compte après la greffe (cancer évolutif ou traité depuis moins de cinq ans, sida, insuffisance cardiaque irréductible, maladie vasculaire extensive, états psychiatriques compromettant le suivi et la prise des traitements anti-rejets).

Délai d’accès long

→ Au cours de la période 2002-2012, le délai d’accès à une première greffe rénale était de 8 % à 12 mois, 18 % à 36 mois et 24 % à 72 mois. Les patients dénoncent des délais d’inscription trop longs sur la liste d’attente (50 % des patients de moins de 60 ans ne sont toujours pas inscrits au bout de 15,6 mois de dialyse)(4). Ils soulignent également la nécessité, malgré les efforts législatifs réalisés (lire l’encadré ci-contre), de développer l’information du public sur le don du vivant et de poursuivre la réflexion pour diminuer le taux de refus des familles, élargir l’accès à la greffe en développant le prélèvement de “greffons à critères élargis” sur de “moins bons donneurs” (donneurs décédés après arrêt cardiaque, donneurs de type 3, c’est-à-dire dont l’arrêt cardiaque est “attendu”) et optimiser la qualité des greffons (durée et conditions de conservation).

→ À l’heure actuelle, 50 % des greffes de donneur vivant sont fonctionnelles après vingt ans, contre treize ans pour les greffes de donneurs décédés (4). Dans ce cas, une nouvelle transplantation doit être envisagée (certains patients en sont ainsi à leur troisième, quatrième, voire cinquième greffe) et, dans l’intervalle, une période de dialyse indispensable doit être mise en place au cours de laquelle l’Idel peut, au-delà de son rôle technique, valoriser son rôle propre infirmier concernant la spécificité psychologique de cet accompagnement.

(1) “Guide du parcours de soins. Maladie rénale chronique de l’adulte”, HAS, février 2012 (bit.ly/1t7lBT9).

(2) Rapport annuel 2012 du Réseau épidémiologie information néphrologie (Rein), Agence de biomédecine (bit.ly/1xVXb48).

(3) “L’IRCT en France”, Bulletin épidémiologique hebdomadaire, INVS, mars 2010 (bit.ly/1tjsRum).

(4) État généraux du rein, juin 2013 (www.fondation-du-rein.org).

(5) “Rapport charges et produits 2014”, Cnamts (bit.ly/1xFIBPR).

(6) “IRC chez le sujet âgé”, Christian Jacquot, Hôpital européen Georges-Pompidou (bit.ly/1zFKCcw).

(7) “Évaluation de la fonction rénale et de la protéinurie pour le diagnostic de la maladie rénale chronique chez l’adulte”, janvier 2009 (bit.ly/1F6JbqL).

(8) “Diagnostic de l’insuffisance rénale chronique, évaluation du débit de filtration glomérulaire et du dosage de la créatininémie dans le diagnostic de la MRC”, HAS, juillet 2012 (bit.ly/1xW5hK7).

(9) Comme nous l’explique Nathalie Poutignat, chef de projet au service maladies chroniques et dispositifs d’accompagnement des malades à la HAS.

(10) Coordination du Réseau Tircel, hôpital Édouard-Herriot, Lyon, tél. : 04 72 11 01 81 ou 04 72 68 46 92 (www.tircel.org).

(11) Société de néphrologie, commission de dialyse, www.soc-nephrologie.org

(12) Association pour l’utilisation du rein artificiel (Aura), Paris (www.auraparis.org).

(13) Registre de dialyse péritonéale de langue française et d’hémodialyse à domicile (www.rdplf.org).

Population cible pour le dépistage annuel de l’atteinte rénale

Elle comprend les personnes présentant un ou plusieurs ces critères :

→ diabète,

→ HTA traitée ou non,

→ âge 60 ans,

→ obésité (IMC > 30 kg/m2),

→ MCV athéromateuse,

→ insuffisance cardiaque,

→ maladie de système ou auto-immune,

→ affections urologiques,

→ antécédents familiaux de maladie rénale ayant évolué au stade 5,

→ antécédents de néphropathie aiguë,

→ exposition à des toxiques professionnels (plomb, cadmium, mercure),

→ traitement néphrotoxique antérieur (AINS, produits de contraste iodés, chimiothérapie, radiothérapie, lithium, certains antibiotiques tels que les aminosides) susceptible d’induire une défaillance rénale aiguë, subaiguë ou chronique.

Source : “Guide du parcours de soins”, HAS, 2012.

Point de vue

« L’hémodialyse à domicile assistée par une Idel est de plus en plus courante »

Évelyne Ribal, Idel à Grabels (34), membre de notre comité scientifique

« Bien qu’ils apprennent à se piquer avec l’aide d’un accompagnant et qu’ils revendiquent leur autonomie par ailleurs (ils savent monter et démonter le générateur de dialyse, brancher les lignes, assurer l’entretien du matériel, analyser et maîtriser les alarmes, gérer leur alimentation et leur hydratation…), les patients en hémodialyse à domicile sont de plus en plus nombreux à demander l’assistance d’une Idel uniquement pour ponctionner la fistule artério-veineuse. Cela permet d’assurer une présence et un suivi infirmier discret sans trop empiéter sur la gestion de leur traitement. Pour les patients qui souhaitent être dialysés la nuit, c’est possible, mais ils doivent accepter de gérer la contrainte du changement de cartouche du bain de dialyse toutes les cinq à six heures et le déclenchement incontournable de l’alarme toutes les nuits. Que l’HD soit réalisée de jour ou de nuit, l’intervention de l’Idel comprend la pose des aiguilles et la vérification que tout fonctionne bien et sans alarme (chaque aiguille est sur alarme) au moment où le patient se raccorde au circuit de dialyse. Par exemple, si l’aiguille est mal placée et que le débit de la fistule est incohérent par rapport à la vitesse programmée sur le générateur, une alarme se déclenche qui indique la nécessité de repositionner l’aiguille. Avant son départ, l’Idel doit s’assurer que le patient n’est pas seul pour pouvoir gérer le plus sereinement possible d’éventuelles réactions (vomissements, saignements ou chute de tension), ou situations inhabituelles (coupure d’eau ou d’électricité, par exemple). La présence d’un accompagnant est une condition sine qua non pour installer un HD à domicile. »

Point de vue

« Informer les patients sur la fistule artério-veineuse (FAV) »

Sébastien Abadie, IDE, centre de dialyse de l’hôpital Édouard-Herriot, Lyon (Rhône)

« La création d’une FAV consiste à anastomoser chirurgicalement une artère et une veine du bras. Elle peut siéger à différents endroits en fonction du capital artériel et surtout veineux du patient en privilégiant d’emblée l’avant-bras entre le poignet et le coude. Cette liaison soumet la veine à une pression plus forte et entraîne sa dilatation et son épaississement afin de faciliter les ponctions itératives et d’élever le débit sanguin au niveau du débit d’aspiration du sang par la pompe du dialyseur (300 à 400 ml/minute). Le développement de la FAV s’effectue en trois à six semaines durant lesquelles elle ne peut pas être ponctionnée. Un cathéter dans une veine centrale sera installé si urgence. Lorsqu’elle est opérationnelle, l’infirmier ponctionne la fistule au minimum 4 cm au-dessus de l’anastomose. Le patient doit poser préalablement un patch d’Emla. Les trois à six premières dialyses sont réalisées en uniponcture avec un débit plus faible et ensuite à deux aiguilles de type “Supercath” qui permettent de cathétériser la fistule. La première ponction requiert une présence médicale et parfois un contrôle échographique pour repérer le trajet de la fistule et confirmer la zone de ponction. Une surveillance des FAV par doppler est réalisée périodiquement afin de vérifier leur perméabilité et leur débit. Afin d’éviter l’inflammation et l’infection des sites de ponction, nous privilégions le changement de site à chaque dialyse. Mais certains services préfèrent pratiquer le “button hole” et piquent toujours dans le même point après avoir enlevé la croûte de cicatrisation. Nous apprenons aux patients à comprimer les points de ponction de manière à ce qu’ils puissent faire le nécessaire si la fistule saigne chez eux. Un pansement simple est réalisé sur chaque point et peut être enlevé le soir ou le lendemain. Si la coagulation est difficile, un pansement hémostatique est mis en place et doit être retiré en fin de journée. Les patients sont éduqués à surveiller leur fistule. Ils sont informés que le bras de la FAV doit être soustrait à toute prise de tension, prise de sang, perfusion intra-veineuse, injections de produits veinotoxiques et traumatismes et qu’ils doivent prendre quelques précautions. La création d’une FAV reste la solution la plus sûre et la plus confortable pour les patients pour réaliser des séances d’hémodialyse pendant de très nombreuses années. »

Les dons

La loi de bioéthique du 7 juillet 2011 a fait évoluer la possibilité de réaliser un don du vivant, jusque-là réservée à la famille élargie, en autorisant le don d’un proche ayant un lien affectif étroit et stable depuis au moins deux ans avec la personne malade, qu’il existe ou non un lien de parenté. Les dons croisés (don entre deux “couples” donneurs-receveurs) sont également autorisés depuis cette date. En revanche, les chaînes de don et le don altruiste pratiqués à l’étranger restent interdits en France.