L'infirmière Libérale Magazine n° 309 du 01/12/2014

 

SÉCURITÉ SOCIALE

Actualité

CÉCILE ALMENDROS  

VERBATIM > Les sanctions pour refus de cotiser à la Sécurité sociale ont été alourdies. Témoignage brut de Catherine Gouillard, Idel à Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes), l’une des autoproclamés “libérés” de la Sécu (à lire aussi sur notre site, via bit.ly/1CeGvct).

« Diplômée en 1982, je me suis installée en libéral dès 1984. Après quelques années en Angleterre, je suis arrivée sur la Côte d’Azur en 2002, y exerçant en clinique, puis comme infirmière remplaçante. En 2011, j’ai créé ma propre tournée. J’ai alors constaté que les charges avaient terriblement augmenté par rapport à notre acte-clé très bas et au coût du travail (nécessité d’avoir une voiture récente, etc.). Et surtout par rapport aux prestations : avec 90 jours de carence en cas d’incapacité professionnelle temporaire et totale médicalement reconnue, on a surtout le droit de ne pas être malade… « Cet amer constat m’a fait réfléchir à mon régime de protection sociale et jai décidé de me libérer de la Sécu en juin 2013 : j’ai quitté l’Assurance maladie-maternité car je peux être mieux couverte ailleurs pour moins cher et j’ai également quitté l’assurance vieillesse car, à 53 ans, je ne crois pas une seconde que la Sécu française me servira une retraite quand j’aurai l’âge. J’ai donc adressé des courriers recommandés à l’Urssaf(1) et à la Carpimko(2) pour demander ma désafiliation. À la place, j’ai souscrit une garantie frais de santé au premier euro auprès de l’assurance britannique Amariz, qui me couvre à au moins 100 % de la base de remboursement de la Sécu française : cela me coûte trois fois moins cher que la cotisation Urssaf et j’économise la mutuelle complémentaire qui me coûtait 85 euros par mois et dont je n’ai plus besoin(3). En ce qui concerne la retraite, je compte souscrire avant décembre une assurance-vie, mais hors zone euro, car je n’ai pas confiance dans l’avenir de cette monnaie.

« Notre chère Sécu… »

« Mais je m’interroge : comment se fait-il qu’une assurance maladie étrangère soit capable de me rembourser intégralement alors que notre chère Sécu ne le fait qu’à 70 % ? Amariz ne m’a pas imposé de questionnaire de santé(4), mais de toute façon, je bénéficie d’une bonne santé. C’est ça, la liberté de la protection sociale : vous choisissez en fonction de votre risque et vous payez en conséquence. Vous êtes donc beaucoup plus responsable de ce que vous consommez. Et qu’on ne me parle pas de solidarité : elle est financée par l’impôt et c’est largement suffisant. Il n’est pas très logique que des gens qui ont une hygiène de vie irréprochable paient très cher alors qu’ils ne coûtent rien.

« J’en suis à neuf mises en demeure, huit de l’Urssaf et une de la Carpimko. Je suis à la lettre la procédure [suggérée sur le site de Liberté sociale], c’est un peu stressant, mais je fais les choses en temps et en heure : je conteste chaque mise en demeure devant la commission de recours amiable, qui statue défavorablement. J’ai alors deux mois pour contester devant le tribunal des affaires sociales. Je m’attends à être convoquée devant la justice en 2015. C’est un choix militant : je refuse de donner à mes enfants une dette de plus de 30 000 euros par tête. Au moins, je contribue à un mouvement pour arrêter le gaspillage et revenir à la raison. »

(1) Organisme de recouvrement des cotisations d’assurance maladie.

(2) Caisse de retraite des paramédicaux libéraux.

(3) Les garanties d’Amariz prévoient de très nombreux critères d’exclusion ; le montant de la cotisation est fonction de l’âge à l’adhésion et peut être majoré en fonction de l’état de santé de l’adhérent.

(4) Sur www.amariz.fr, le formulaire de demande d’adhésion en comprend pourtant un et précise que la garantie n’est acquise que « sous réserve d’un état de santé susceptible d’être accepté » et que « l’assureur se réserve le droit de refuser toute demande d’adhésion » sans être « tenu d’en donner les raisons ».