L'infirmière Libérale Magazine n° 309 du 01/12/2014

 

PRATIQUE

Actualité

FRANÇOISE VLAEMŸNCK  

PROTOCOLES > L’homogénéité de la prise en charge préventive et curative par une équipe pluridisciplinaire formée et informée est une réponse efficace pour lutter contre les escarres.

L’escarre est un lésion cutanée d’origine ischémique liée à une compression des tissus mous entre un plan dur et les saillies osseuses. Et elle peut se former en moins de trois heures.

Si, en milieu hospitalier, sa prévalence s’est stabilisée aux alentours de 9 %, elle atteint 34 % en ville. « Les durées d’hospitalisation s’étant réduites, les patients retournent au domicile alors que les équipements nécessaires à la prévention ne sont pas toujours installés », explique Odile Fomy, directrice des soins et vice-présidente de A-Force (Association de formation pour optimiser la recherche, les compétences et l’efficience des soignants)*, à l’occasion de la conférence “Non aux escarres” qu’elle a animée lors du Salon infirmier.

Outil d’aide à la décision

Chez les sujets âgés, l’escarre majore le risque de mortalité de 3 à 5 et est à l’origine d’un l’allongement de 4,5 mois de la durée d’hospitalisation, a t-elle également rappelé. S’agissant du coût des soins, la facture s’allonge également… La prise en charge d’une escarre constituée s’élève, en effet, à 15 000 euros par patient et annuellement, en France, à quelque 3 milliards d’euros. Du côté des patients, outre les douleurs qu’elle génère, l’escarre provoque notamment une altération de l’état général et un retard dans la reprise d’activité. Au niveau psychologique, elle entame aussi l’image de soi et accentue la sensation d’isolement et, chez les personnes âgées, la dépression. Devant ces constats, une seule solution : la formation et l’information des équipes pluridisciplinaires et une “bible” : la conférence de consensus de 2001 dédiée “au traitement et à la prévention des escarres de l’adulte et du sujet âgé”. Objectif : homogénéiser les pratiques de prévention et de soin des escarres. Après la mise en place d’un groupe de travail, la formation des infirmières via des diplômes universitaires, un outil d’aide à la décision a été créé. Se présentant sous la forme d’un livret plastifié, il rappelle l’ensemble des protocoles de prise en charge de l’escarre. L’outil a été validé, diffusé, enseigné, généralisé. Il fait l’objet d’une réévaluation tous les deux ans et d’une mise à jour. « Dans l’établissement, la prévalence de l’escarre a été divisée par deux en quelques années », souligne Odile Fomy. Elle rappelle aussi que l’A-Force souhaite partager son expérience de la lutte contre l’escarre avec les infirmières de tout exercice.

* A-Force : odile.fima@gmail.com