Il y a deux ans, une polémique opposait Idels et pharmaciens sur la préparation du pilulier. Le décret relatif à la préparation des doses à administrer et l’arrêté fixant les bonnes pratiques de dispensation, évoqués alors, ne sont pas parus. Où en est-on, entre pratiques acceptées et compétences gravées dans les textes ?
Dans ce domaine, les infirmiers interviennent auprès des patients dans deux cas de figure : chez des patients entièrement dépendants plusieurs fois par jour car nous ne pouvons pas leur laisser de médicaments ; chez des patients plus autonomes mais confrontés à des difficultés, pour qui nous préparons le pilulier pour la semaine. Cela fait partie d’un acte infirmier. Les pharmaciens ont un rôle différent, car, même s’ils préparent le pilulier hebdomadaire, se pose la question de la prise par le patient. Il faut essayer de ne pas se faire la guerre. Il y a déjà une polémique pour la surveillance des anti-vitamines K et pour la vaccination. Il faut quand même voir les choses dans leur contexte. Aujourd’hui, tout l’intérêt d’un infirmier est son déplacement à domicile, il est l’interlocuteur de terrain. Notre présence offre une surveillance. Je ne pense pas que le pharmacien effectue ce genre de visite et encore moins le matin, le midi et le soir.
Pour nous, la traçabalité est simple car nous agissons sur prescription médicale, et nous avons une formalité préalable avec l’Assurance maladie lorsque nous devons passer plusieurs fois par jour chez un patient. Dans le cas d’une surveillance clinique hebdomadaire, nous devons tout noter par écrit. Pour moi, l’intervention des pharmaciens reste du domaine de l’expérimentation. Je ne suis pas sûr que cette pratique soit très développée, d’autant que se pose pour eux le problème de la traçabilité.
Il y a une ambiguïté dans la nomenclature.Selon la NGAP, lorsqu’un Idel se rend tous les jours chez un patient présentant un trouble psychiatrique, la cotation peut être de 1 AMI 1 à chaque passage (avec au maximum trois passages), à laquelle s’ajoutent les frais de déplacement et la majoration acte unique. L’acte de surveillance hebdomadaire est coté en AIS, et il faut effectuer une démarche de soins infirmiers. Cependant, dans les faits, les patients chez qui nous intervenons pour les médicaments sont souvent dans une situation complexe, sans environnement familial. Il arrive que nous allions chercher leurs médicaments à la pharmacie.Si nous rapportons le temps passé chez le patient à la cotation, nous sommes mal payés.
Certains pharmaciens proposent la préparation des doses à administrer (PDA)
Sur une ordonnance, 75 % de la prescription va en pilulier. Mais il faut tracer l’ensemble de l’ordonnance. Les infirmiers ne sont pas assez équipés pour faire autant de traçabilité. Ils organisent le pilulier pour rendre service au patient. Ils ne peuvent pas avoir la même concentration que nous, en pharmacie. Pour une PDA, même manuelle, j’ai un logiciel spécifique de traçabilité pour l’ensemble de l’ordonnance.
Nous ne sommes pas rémunérés en ambulatoire pour cette activité chronophage. On demande sept euros par semaine par patient. Cela concerne 120 patients par pharmacien dont l’officine réalise 1,5 million d’euros de chiffre d’affaires. La cible est de 2,6 millions de personnes. Les infirmiers demandent plus. Ils pourraient garder leur cotation d’administration mais ils l’utilisent actuellement pour un acte pharmaceutique. C’est admis, car cela rend service à tout le monde.
(1) Ensemble d’opérations visant à déconditionner, reconditionner ou surconditionner des spécialités pharmaceutiques présentées sous forme de comprimé, gélule ou capsule.
(2) En particulier l’article R 4235-48 du Code de la santé publique sur la dispensation par le pharmacien, évoquant entre autres la préparation éventuelle des doses à administrer.