POLITIQUE DE SANTÉ
Actualité
INTERVIEW > En marge du Salon infirmier puis fin novembre, la ministre de la Santé a accepté de répondre à des questions qui font l’actualité infirmière. Voici les réponses qui nous ont été transmises.
L’ILM : Le projet de loi de santé prévoit d’autoriser les pharmaciens à vacciner. Une mesure mal vécue par les infirmières. Que leur répondez-voush ?
Marisol Touraine : Il faut construire une réponse globale aux besoins des usagers, avec davantage de passerelles et de coordination entre les professionnels de santé. Notre objectif est de faire bouger les lignes pour dépasser les cloisonnements. Tout ce qui peut simplifier l’accès des Français aux moyens de rester en bonne santé doit être mis en œuvre. Ici, mon objectif n’est pas de mettre en compétition les professionnels les uns avec les autres, ou d’enlever aux uns l’activité qu’ils exercent pour la confier à d’autres. L’objectif est tout simplement d’améliorer la couverture vaccinale et de faciliter l’accès aux vaccins pour la partie de la population qui n’y a pas accès.
Je souhaite rappeler la disposition du projet de loi de santé sur “les pratiques avancées”, qui intéresse directement les infirmières et qui permet d’élargir leur champ de compétences [lire aussi p. 13].
L’ILM : Les syndicats de professionnels de santé libéraux ont rejeté le projet d’avenant concernant la rémunération des équipes sur les soins de proximité [lire aussi en encadré]. Quelle est la prochaine étape ?
M. T. : Je souhaite valoriser davantage la collaboration entre les professionnels, par une rémunération spécifique. L’Assurance maladie a saisi un arbitre chargé de proposer un règlement arbitral pour pérenniser la rémunération du travail en équipe des infirmiers, des généralistes, des spécialistes et des autres professionnels de santé.
L’ILM : Dans la réforme des professions réglementées, le gouvernement a-t-il effectivement renoncé à une ouverture du capital des sociétés d’exercice libéral à des non-professionnels de santé ?
M. T. : Dans le champ de la santé, l’ouverture du capital des sociétés d’exercice libéral à des non-professionnels de santé n’est pas à l’ordre du jour. Pour ma part, j’ai indiqué clairement et à plusieurs reprises que la question de l’ouverture du capital ne peut être déconnectée des garanties d’indépendance professionnelle et d’exercice, qui doivent être assurées pour les professionnels de santé.
L’ILM : Les Idels s’installent en zone “surdotée” seulement si une autre infirmière s’en va. N’est-il pas temps d’étendre cette mesure à tous les professionnels ?
M. T. : Les infirmières et les infirmiers libéraux ont été les premiers à instaurer un double mécanisme d’incitation dans les zones très sous-dotées et une régulation des installations dans les zones sur-dotées. Ces mécanismes de régulation sont particulièrement importants, compte tenu de l’augmentation importante, ces dernières années, du nombre d’infirmières libérales (+ 4,7 % en moyenne depuis 2006). Le bilan de la Cnamts sur les aides incitatives est positif. Ces aides ont permis l’installation de 1 220 infirmières en zones sous-dotées, dont 500 en zones très sous-dotées. Ces mécanismes ont été négociés entre les représentants de la profession et l’Assurance maladie. De tels dispositifs pourraient être mis en place pour d’autres professions ; cela est du ressort du domaine conventionnel. Mais, pour favoriser l’accès aux soins sur tout le territoire, il faut utiliser tous les leviers. […] Une évaluation par l’Irdes a montré que l’installation des maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) renforçait l’attractivité d’un territoire manquant de professionnels de santé. Dans le cadre du « pacte territoire-santé », j’ai soutenu la création de ce type de structures. Entre 2012 et 2013, j’ai doublé le nombre de maisons de santé ; 640 MSP seront ouvertes d’ici fin 2014.
La ministre annonce le passage à la voie arbitrale pour les soins de proximité, faute de négociations réussies entre les syndicats de professionnels libéraux et l’Union nationale des caisses d’Assurance maladie. Le 6 novembre, critiquant notamment les forfaits insuffisants (une base de 40 à 150 euros par patient et par an, à répartir entre professionnels) ou le délai de versement, les premiers ont rejeté le projet d’avenant à l’accord cadre interprofessionnel détaillant les modalités d’intervention des libéraux dans onze démarches de soins coordonnés (traitement anticoagulant par AVK, prise en charge des plaies chroniques, soins palliatifs…). Le texte a recueilli une voix pour, sept abstentions – en particulier du Sniil et de l’Onsil - et 33 votes contre, dont celui de la FNI. à lire en détail sur notre site, à la date du 7 novembre (lien : bit.ly/1CR5Clhz).