L'infirmière Libérale Magazine n° 312 du 01/03/2015

 

Éditorial

Mathieu Hautemulle  

La mise en place d’un soin continu pour le patient est tout un art. Une prise en charge sans interruption ni accroc relève d’une partition bien composée, au moins sur le papier, comme le montre notre dossier du mois (pp. 22-27). Si du chœur n’y est pas mis, les voix des médecins, des pharmaciens et des infirmières s’apparentent à de la cacophonie. D’autant que le ténor, l’hôpital, oublie parfois qu’il n’est pas seul sur scène. Ne devrait-il pas toujours s’assurer que le patient, à sa sortie, n’est pas soigné à contretemps ? On l’espère, la future loi de santé contribuera à insuffler l’harmonie dans cette polyphonie. Mais son examen relève, pour le moment, moins du tour de chant que du tour de force. Les critiques résonnent, les débats font écho. Les sifflets ne vont pas decrescendo. Après avoir donné le la, la chef d’orchestre (Marisol Touraine, pour la nommer) cherche la bonne note et le juste accord. Début février, certains ont même vu le désaveu, ou le recadrage, de son tempo ministériel dans ce refrain du maestro (François Hollande, précisons-le) : « Le tiers payant ne sera mis en place que si un mécanisme simple de paiement est possible pour les professionnels de santé. » En attendant l’apothéose parlementaire, certaines professions (les médecins, pour ne pas les citer) donnent de la voix, avec tambours et trompettes. Les Idels, elles, aimeraient bien que le ministère soit également au diapason de leurs revendications. Elles aussi sont concernées – entre autres – par la généralisation du tiers payant. Un pouvoir qui, enfin, ne prêterait pas avant tout l’oreille aux médecins, cela ne serait plus la même musique. Il mériterait peut-être des applaudissements.