L'infirmière Libérale Magazine n° 312 du 01/03/2015

 

Cahier de formation

Savoir faire

Vous intervenez chez Madame T., 52 ans, pour des piqûres d’antibiotiques. Elle vous fait part de l’angoisse qui l’étreint souvent, traitée de façon mal adaptée et depuis des années par des anxiolytiques dont elle est devenue dépendante, et de ses troubles du sommeil récurrent. Sur sa table de cuisine, un grand mug de café dont, dit-elle, elle boit facilement un demi-litre par jour.

Le conseil au patient angoissé, qu’il soit ou non traité médicalement, est fondamental. Des mesures d’hygiène de vie simples peuvent concourir à limiter la symptomatologie anxieuse, et, dans son cas, commencer par limiter ou arrêter le café, produit anxiogène.

GESTION ALIMENTAIRE

Conseil toujours essentiel : éviter de consommer des produits anxiogènes. Cela peut sembler anodin, mais les apports alimentaires ont un impact significatif sur la santé mentale et notamment sur l’anxiété.

→ Caféine. La caféine, apportée notamment par le café, peut constituer une cause majeure d’anxiété : ce psychostimulant populaire antagonise au niveau central l’action de l’adénosine, un neuromédiateur inhibiteur, et potentialise celle de la dopamine, stimulant ainsi directement des zones du cerveau qui, normalement, permettent de faire face à des situations de menace. La caféine accélère de plus le rythme cardiaque et ventilatoire, et induit des troubles du sommeil – ceci contribuant également à son potentiel anxiogène. S’il n’y a pas, évidemment, de quantité limite reconnue comme “toxique”, il est généralement recommandé de ne pas excéder 200 mg par jour (soit deux tasses moyennes de café filtre). À titre d’information, un expresso moyen de 30 ml contient 40 mg de caféine : ces chiffres restent approximatifs puisque variables selon le type de café utilisé. Il en va de même pour toutes les boissons psychostimulantes (une cannette de boisson énergisante contient environ 80 mg de caféine, sans parler d’autres substances également anxiogènes comme la taurine). Il sera pertinent de conseiller au patient anxieux de remplacer, au moins partiellement, le café par du thé : une grande tasse de thé contient environ 70-80 mg de théine (qui n’est autre que la caféine mais moins directement active dans le thé). Des boissons totalement dépourvues de caféine seront privilégiées : infusion de thé rouge (rooibos) ou tisane d’une plante légèrement sédative.

→ Sucre et féculents. Ils peuvent être à l’origine de dysglycémies perturbant les émotions : un régime riche en fruits et légumes sera plus sain sur ce point (et sur d’autres d’ailleurs).

→ La prise d’alcool donne souvent la sensation transitoire de réduire la charge anxieuse (il peut faciliter par exemple une prise de parole en public) mais il reste cependant un dépresseur de l’humeur, favorisant à terme la pérennisation d’un trouble anxieux.

→ Anti-oxydants et sels minéraux. Inversement, certains aliments améliorent l’humeur car ils sont riches en antioxydants et/ou en sels minéraux (magnésium, potassium, son, chocolat noir, noix et amandes).

ACTIVITÉ PHYSIQUE

De nombreuses études(8) montrent qu’une pratique sportive régulière réduit les troubles anxieux (et les troubles de l’humeur) : elle améliore la sensation de bien-être dans l’immédiat et dans les heures qui suivent. Cette activité n’a pas besoin d’être intensive : une heure de marche chaque jour contribue à apporter un bénéfice sensible. Le yoga constitue également un moyen approprié pour calmer l’anxiété.

Parallèlement, il faut veiller à ce que le sujet anxieux sache contrôler sa ventilation. Une respiration lente, profonde, emplissant d’air la partie inférieure des poumons, a des effets bénéfiques rapides et contribue à réduire le niveau de tension anxieuse. Il faut d’ailleurs noter qu’une tension psychique accélère la respiration et contribue ainsi plus encore à augmenter l’angoisse.

REMÈDES SIMPLES

Certaines plantes permettent de diminuer les symptômes d’une anxiété légère :

→ l’infusion ou les capsules de fleur de camomille réduisent l’anxiété et la sensation de “tension” nerveuse ;

→ le ginseng a également une action tranquillisante ;

→ le tilleul et l’aubépine ont des effets sédatifs légers ;

→ la racine de valériane, un remède populaire, a des vertus sédatives.

Bien tolérées, elles méritent d’être conseillées et utilisées.

OUTILS UTILES

Certaines situations, vécues comme anxiogènes par le patient souffrant d’un trouble anxieux, doivent être reconnues et anticipées de façon à ce qu’il puisse prendre des mesures pour les gérer. Il pourra, par exemple, tenir un petit “journal” où il consignera avec détail tout ce qui lui est source d’anxiété : cela révèle parfois des origines insoupçonnées à l’anxiété et permet de réfléchir à des solutions alternatives, permettant d’éviter ces situations, ou à la mise en œuvre de psychothérapies spécifiques (thérapie d’immersion(9) ou de désensibilisation).

TECHNIQUES DE MéDITATION

La méditation est souvent efficace pour diminuer une anxiété légère à modérée. Il faut par contre choisir la technique qui correspond le mieux à la psychologie du patient. L’hypnose peut aussi donner des résultats, par exemple dans le cas du trouble anxieux généralisé.