L'infirmière Libérale Magazine n° 312 du 01/03/2015

 

Mary-Laure Teyssedre, énergéticienne et formatrice, Le Mans (Sarthe)

La vie des autres

Laure Martin  

Elle qui avait « l’habitude des choses rationnelles » a été surprise des « résultats » du reiki. L’énergique Marie-Laure Teyssedre a alors creusé son sillon dans “l’énergétique”.

Diplômée d’une école de commerce, Mary- Laure Teyssedre a travaillé quinze ans dans le marketing, en France, puis au Chili en tant que responsable d’une chaîne de restauration rapide. Avec le recul, elle constate que son chemin dans le domaine “énergétique” a commencé dès cette période. « Au Chili, j’ai rencontré une dame pratiquant l’auto-hypnose et l’analyse de soi. C’est elle qui m’a parlé du reiki », une méthode non conventionnelle d’origine japonaise apportant des soins dits “énergétiques” par imposition des mains. Mary-Laure quitte ensuite le Chili pour Saint-Martin, mais son arrivée ne se déroule pas comme prévu. « Je n’ai pas eu le travail escompté [elle devient alors responsable communication de trois casinos de jeux] et mon conjoint [d’alors] ne m’a pas rejoint. » Afin d’apprendre à canaliser son énergie et à prendre soin d’elle-même, elle suit des stages de reiki. Peu à peu, elle utilise cette méthode pour d’autres, d’abord ses amis, pour leurs maux de tête ou leur « transmettre de l’énergie ». « J’ai obtenu des résultats, ce qui était très surprenant pour moi qui avais l’habitude des choses rationnelles. »

Avec le bouche-à-oreille, son cercle de clients s’étend. Elle travaille six jours par semaine dans les casinos, et, le septième, elle fait des séances de “soins énergétiques”.

Elle se forme en aromathérapie, en fleurs de Bach, mais aussi en tarot, « pour augmenter mon intuition et mieux aider les autres ».

« Seul cours reconnu par un état »

« J’avais des clients mais je ne parvenais pas à leur expliquer ce qui se passait quand je canalisais leur énergie. » Elle trouve donc une formation en énergétique aux États-Unis dans une école fondée par une ancienne physicienne de la Nasa, le Dr Barbara Ann Brennan. La seule école dont un cours est reconnu par un État, celui de Floride, souligne Mary-Laure Teyssedre. « J’ai suivi cinq sessions d’une semaine intensive de cours, précise Mary-Laure. J’avais également un suivi psychologique et énergétique obligatoire, ce qui implique un énorme travail sur soi. » Elle se fait licencier des casinos et développe son activité de soins énergétiques. En 2009, elle revient en France avec sa famille, en vacances. « Mais mon compagnon est parti », se souvient-elle. Elle s’installe au Mans (Sarthe) et y reconstruit une clientèle.

La formation du Dr Barbara Ann Brennan s’appuie sur ce qui est appelé « les quatre dimensions énergétiques de l’être ». Tout d’abord, le corps physique, composé des organes et des cellules. Puis l’aura, « à l’intérieur duquel se trouvent des organes énergétiques, les chakras, qui ont chacun une fonction psychologique, énergétique et physique, explique l’énergéticienne. Les accidents de la vie sont des points noirs qui provoquent une circulation énergétique contrariée et créent un mal-être qui peut se manifester physiquement ou émotionnellement. On peut progressivement remédier à ce problème avec l’énergétique. » La troisième dimension est le “hara”, l’énergie de l’intention avec une dimension de sécurité. Enfin, la quatrième est “l’essence divine” qui consiste à faire briller toutes les facettes de ce que nous sommes. « Souvent, la société et la bienséance nous dictent ce que nous devons faire, ce qui nous conduit à moins briller », explique Mary-Laure. Son travail consiste donc à faire en sorte que ses clients “brillent” de nouveau. « Avec mes clients, il s’agit d’un travail d’équipe, souligne-t-elle. Je les reçois une heure tous les dix jours et, parallèlement, ils doivent faire des lectures ainsi que de la méditation. » Ils viennent au cabinet pour éliminer le stress, calmer un mental surmené, résoudre un problème ponctuel, augmenter leur énergie, mieux vivre certains soins… Un énergéticien, qui entend faire circuler l’énergie dans toutes les parties du corps, passe ses mains au-dessus du client, ce qui peut procurer à ce dernier, entre autres, une sensation de chaleur.

« Je reçois entre dix à vingt personnes par semaine. Généralement, elles viennent pour cinq séances [pour un forfait de 400 euros], mais d’autres choisissent de venir une fois par mois. Lorsqu’un client vient me voir, je décrypte, en fonction de sa “cartographie énergétique”, ce qui se passe et la difficulté à laquelle il peut être confronté. Je travaille avec mes mains. Cela s’apprend, ce n’est pas magique. » Mary-Laure s’est installée en tant qu’auto-entrepreneur pour des soins hors cadre réglementé. Elle dispense également des formations sur « l’ancrage énergétique » ou encore « les cinq blessures de l’âme – rejet, abandon, humiliation, trahison, jugement ».

Ses stages s’adressent aux particuliers mais aussi à des coachs ou des thérapeutes qui y apprennent à mieux aider leurs clients. « On travaille en individuel mais c’est également intéressant de travailler en groupe. » Elle conclut : « Je ne suis pas médecin et je ne me présente pas comme tel. Quand mes clients ont un problème physique, je leur demande toujours s’ils sont bien allés consulter un médecin. Mon travail est avant tout complémentaire de la médecine traditionnelle. »

ÉNERGÉTICIEN

Quid de la reconnaissance du métier ?

Le métier d’énergéticien en France est reconnu à Pôle emploi, dans la catégorie “développement personnel et bien-être de la personne”. Si l’accès au métier se fait sans diplôme particulier, il est cependant reconnu que des formations spécifiques (médecines naturelles, alternatives, complémentaires…) peuvent en faciliter l’exercice. De même, l’inscription sur des listes professionnelles peut être requise selon la spécialité. L’énergétique n’est pas officiellement reconnue par le monde médical. Le praticien ne pose pas de diagnostic, ne donne pas de prescription et ne modifie pas un traitement médical ou psychologique. Cependant, cette pratique est utilisée dans des établissements pour soulager des patients. Marie-Laure Teyssedre pointe des éléments qui peuvent aider à s’assurer au mieux du sérieux d’un professionnel : sa formation, qu’il se présente en complémentarité du corps médical (et non en opposition), qu’il adhère à des associations de professionnels du bien-être, qu’il n’impose pas son point de vue ni qu’il n’encourage la dépendance aux séances (en disant par exemple « vous en avez pour un an à venir me voir »). Autant d’éléments qui peuvent notamment éviter les « risques inhérents aux techniques », dont le reiki, pointés par la Miviludes (bit.ly/1CgRUmz).

Elle dit de vous !

« Le métier d’infirmière est un métier de passion, nous avons ce point en commun. Dans mon travail, je côtoie davantage des infirmières hospitalières qui sont épuisées et qui exercent un métier qui ne correspond plus à ce pour quoi elles se sont formées. Concernant les libérales, j’imagine qu’elles ont la possibilité d’avoir le “care”, d’être en relation avec l’humain et d’entretenir une vraie relation avec leurs patients. C’est certainement pour cela que je ne reçois pas d’Idels en tant que clientes. Elles me paraissent plus libres. J’ai eu l’occasion de former des infirmières à l’énergétique, dans un premier temps pour elles, mais elles ont transmis certaines informations ou techniques à leurs clients ou aux personnes qu’elles côtoyaient dans le cadre de leur travail. »