ZONE RURALE → Mélanie Darche a eu les honneurs de la presse locale pour son installation dans une commune privée d’infirmière depuis un demi-siècle. Elle y est la seconde professionnelle.
Une idée folle ? « Non, courageuse », répond du tac au tac Mélanie Darche, que nous avons rencontrée. A trente ans, l’Idel vient d’ouvrir son cabinet à La Chapelle-Neuve, commune morbihannaise de 941 âmes. Un défi qu’elle se lance après cinq années passées dans des cabinets des communes environnantes. Son objectif : quinze patients le matin et dix le soir. Elle se donne six mois pour créer sa patientèle.
L’activité, Mélanie sait qu’elle sera limitée du fait de la taille de la commune. Un gain financier moindre aussi. « Il n’est pas aisé de quitter une situation confortable. Mais les tournées qui commencent à 6h30 ne me convenaient plus. » Au terme de quatre jours d’activité, Mélanie compte huit patients. « Je démarre beaucoup plus tard, c’est sûr, s’amuse la professionnelle, mais c’est un bon début. C’est aussi un confort pour les patients. Ils ne se sentent pas sortis du lit. »
Son arrivée a été motivée par sa connaissance du territoire, l’accueil de la mairie et l’absence de cabinet sur la commune depuis cinquante ans, de mémoire d’habitants et de maire – la dernière infirmière était une religieuse… La presse locale a même mis cette installation à l’honneur
Prérequis indispensable : l’amour de la campagne. Les 100 kilomètres journaliers qui représentent 95 % des actes ne l’effraient pas. « J’ai toujours vécu en zone rurale. J’aurais du mal avec la ville. Y trouver à se garer, par exemple, me semble bien compliqué. » Avec son mari, Mélanie vient d’acheter une maison dans le voisinage, à Baud. Quant à la concurrence, le sujet reste sensible. « Je comprends que l’on puisse voir cette création de patientèle comme une menace mais il y a tant à faire ici, surtout dans le nursing. La priorité, c’est le patient et le respect de son rythme de vie. »
La maire, Anne Sorel, se félicite d’une telle implantation sur sa commune. « Un événement. Avoir quelqu’un sur place, c’est bien. Une jeune personne dynamique, encore plus. Nous avons maintenant le choix du soin. » Dans les faits, l’élue reconnaît ne pas avoir eu grand pouvoir pour inciter une telle installation
(1) Le Télégramme, 28 janvier (lien : bit.ly/17R6ObI).
(2) La mairie loue à l’Idel un logement pour son cabinet, selon Ouest-France le 9 février (lien : bit.ly/17R7eit). Sur le rôle des mairies auprès des cabinets infirmiers, lire aussi pp. 20-21.