L'infirmière Libérale Magazine n° 312 du 01/03/2015

 

LOI DE SANTÉ

Actualité

Mathieu Hautemulle*   Aveline Marques**  

OPINION → 51 % des libérales, principales participantes à une enquête de l’Ordre national des infirmiers, expriment un avis négatif ou très négatif sur le texte attendu au printemps.

« Ce n’est pas un hasard si les libéraux ont davantage répondu, le texte porte sur le premier recours », a analysé Didier Borniche, le président du Conseil national de l’Ordre national des infirmiers (ONI), le 12 février, en présentant les résultats d’une enquête sur le projet de loi de santé*. 58 % des quelque 12 000 participantes exercent en effet en libéral ou mixte. Selon une écrasante majorité d’entre elles, la place de l’IDE dans la prise en charge du premier recours devrait être mieux reconnue par la loi. Pour au moins quatre Idels sur cinq, cela ne ferait qu’entériner un rôle déjà existant et se justifie également par la promotion de la consultation infirmière. 50 % des Idels se prononcent pour les équipes de soins de premier recours autour d’un médecin traitant pivot, 16 % contre. Selon Karim Mameri, secrétaire général de l’ONI, « l’infirmière libérale est la seule qui se rende encore au domicile du patient. Pour les médecins, c’est devenu compliqué et ils en sont conscients ». Pour autant, ils veulent garder la main sur la coordination. « Ils se battent pour que le médecin traitant reste le pivot de tout, alors qu’ils n’en ont pas le temps. » L’ONI, notamment au sein du groupe de travail sur l’organisation des soins de proximité (l’un des quatre groupes mis en place par la ministre pour faire évoluer le projet de loi), se bat pour que les textes mentionnent un « coordinateur » et non spécifiquement un « médecin traitant ».

Idels « sous-utilisées »

La mesure emblématique du texte, la généralisation du tiers payant, suscite des réactions mitigées : 44 % d’Idels sont pour, 49 % contre. « 85% des actes des Idels font déjà l’objet d’une prise en charge en tiers payant. Pour elles, il n’y aura pas d’impact majeur au quotidien », avance Didier Borniche – pas sûr que cette affirmation emporte l’adhésion de toutes les Idels… La possibilité qui s’offrirait aux pharmaciens de vacciner en officine, autre dispositif phare, fait l’unanimité contre elle. Près de 92 %des infirmiers sondés, tous modes d’exercice confondus, la désapprouvent. Sept répondants sur dix pensent, en revanche, que l’élargissement du droit de l’IDE à vacciner sans prescription médicale devrait être inscrit dans la loi. Les Idels sont favorables, à presque 92 %, à l’élargissement du droit de prescription infirmier, entre autres pour les antiseptiques. Nul doute que cela contribuerait à élargir les compétences d’Idels « aujourd’hui sous-utilisées », selon Didier Borniche.

Au final, 51 % des Idels expriment un avis négatif ou très négatif au sujet du projet de loi. Une aversion plus élevée que chez leurs consoeurs salariées, dont le taux d’opposition s’élève à 36 %.

* Enquête conduite du 30/1 au 9/2. A lire aussi sur notre site à la date du 12 février.