L'infirmière Libérale Magazine n° 313 du 01/04/2015

 

PERSONNES ÂGÉES

Actualité

FLORENCE TRICOIRE  

PRÉVENTION > Le troisième congrès sur la fragilité des personnes âgées se tenait à Paris, les 12 et 13 mars. L’occasion de souligner l’utilité de ce concept dans la prévention de la dépendance.

Anticiper la prise en charge des aînés risquant d’entrer en dépendance constitue « une démarche essentielle pour répondre au défi du vieillissement de notre société ». C’est ainsi que Laurence Rossignol, la secrétaire d’État chargée de la Famille, a ouvert son discours, lors du troisième congrès sur la fragilité des personnes âgées. À cette occasion, la ministre s’est vu remettre un livre blanc(1) faisant le point sur les connaissances relatives au repérage de la fragilité. « Notre système de soin peine à être dans une perspective de prévention. C’est un changement de paradigme qu’il nous faut opérer », a reconnu Laurence Rossignol, qui, quelques jours plus tard, présentait au Sénat son projet de loi sur l’adaptation de la société au vieillissement, adopté par la Haute Assemblée en première lecture le 19 mars(2).

Des outils hétérogènes

Encore peu connu, le concept de fragilité vise à repérer chez la personne âgée une vulnérabilité qui pourrait la conduire vers une dépendance dite “évitable ». Mais la question des critères retenus pour établir cette fragilité est délicate. Pour le Dr Bruno Fantino, professeur de santé publique à Angers (Maine-et-Loire), « les outils de dépistage sont nombreux, donc les données de prévalence sont très hétérogènes ». Une étude menée sur 13 000 personnes l’a mis en évidence : le nombre de patients considérés comme fragiles est multiplié par trois si les difficultés sensorielles sont prises en compte dans les critères.

La grille proposée par la Haute Autorité de santé comporte six items : isolement social, perte de poids, asthénie, plainte mnésique, faible vitesse et difficultés à la marche. On qualifie une personne âgée de “fragile” lorsqu’elle répond à au moins trois de ces critères(3).

Outre la question des outils, le repérage de la fragilité demande des moyens de mise en œuvre. De l’avis des intervenants, la participation de tous les professionnels de santé est indispensable. Un essai dans ce sens a été réalisé en Picardie, où, durant trois mois, 55 officines ont réalisé une “évaluation de gériatrie”. Les intervenants ont également mis en avant l’importance d’une relation de proximité avec le patient, si une fragilité est repérée. « Il faut faire appel aux ressources locales, organisées autour d’un médecin traitant », a conseillé Bruno Chicoulaa, médecin à Toulouse. Une proximité qui peut aussi se traduire par un meilleur suivi des recommandations. « Appeler les patients un mois après la consultation permet de donner des recommandations complémentaires, et pourra éviter une hospitalisation », a indiqué Matthieu Debray, gériatre à l’hôpital d’Annecy (Haute-Savoie).

(1) bit.ly/1LtrTKU

(2) La date d’examen en deuxième lecture à l’Assemblée nationale n’a pas encore été annoncée.

(3) bit.ly/1pbSlJh Culture