L'infirmière Libérale Magazine n° 313 du 01/04/2015

 

PROFESSION

L’exercice au quotidien

Françoise Vlaemÿnck  

Contrairement à Laurence, qui témoignait le mois dernier, Nathalie, libérale en région parisienne depuis une quinzaine d’années, estime que l’Ordre infirmier est un nécessaire porte-voix de la profession.

« Il y a quelques années, j’ai eu un petit litige avec un collègue et l’affaire a été administrée par l’Ordre départemental des médecins. Cela m’a révoltée : outre que les médecins ignorent la façon dont nous travaillons, ça marquait vraiment leur ascendant sur les infirmières. Alors, lorsqu’il a été question de la création de notre propre Ordre, j’y ai vu une opportunité de couper le cordon. J’ai ensuite adhéré de bon cœur, estimant, entre autres, que nous étions capables de nous autoréguler.

J’ai conscience que l’Ordre infirmier est perfectible et je regrette les bévues, fautes et dérapages qui ont entaché ses premières années d’existence, mais il est temps de tourner la page. Il est indispensable de s’unir et de construire notre identité professionnelle et de donner à notre profession davantage de visibilité et la place qu’elle mérite. Il faut absolument défendre nos valeurs, dénoncer la dégradation du système de santé et de l’offre de soins et nos conditions d’exercice à tous. Et notre première force, c’est notre nombre. Près de 500 000 personnes qui exercent le même métier, ça devrait pouvoir compter et peser dans la balance lorsque des décisions sont prises en matière d’organisation de la santé. Les médecins sont 200 000 et rien ne se fait sans eux ! Qu’attend-on pour nous regrouper et nous mobiliser ?

Maintenant, même si je comprends les difficultés de l’Ordre, organisationnelles ou financières, il faut qu’il se mette au boulot, qu’il soit vraiment le porte-parole de notre profession, notre porte-voix. Et, sur le terrain, il faut que les élus aillent à la rencontre des infirmières. Il n’y a que de cette manière que l’Ordre gagnera sa légitimité auprès des infirmières et des pouvoirs publics. D’ailleurs, je ne comprends pas les anti-Ordre : que veulent-ils finalement, qu’on retourne sous la coupe des médecins ? Quant au slogan “on ne veut pas payer pour travailler”, il est stupide. Si 75 euros par an de cotisation*, c’est le prix de notre indépendance, ça vaut le “coût”, non ? »

* 30 euros pour les infirmières salariées.

L’avis des syndicats

Adhérer, oui… et cotiser ?

Depuis 2012, prenant acte que les infirmières salariées ne seraient jamais contraintes de s’inscrire à l’ONI, Convergence infirmière, la Fédération nationale des infirmiers et l’Organisation nationale des syndicats infirmiers libéraux incitent les Idels à ne pas, ou ne plus, cotiser à l’Ordre. Ils estiment qu’ils ne peuvent cautionner « la pérennité d’un Ordre réservé aux libéraux ».

Ils dénoncent aussi les pressions exercées par l’ONI à l’encontre des Idels pour les forcer à régler leur cotisation. Concernant des menaces de déconventionnement agitées par l’Ordre, ils rappellent les engagements pris en 2010 par la Cnam assurant que pour « les professionnels conventionnés avant la création de l’Ordre, mais non inscrits au tableau, il n’était pas souhaitable que des sanctions conventionnelles soient mises en œuvre ». Enfin, de son côté, le Sniil a, en mai dernier, indiqué son refus de voir l’Ordre « devenir une structure limitée aux seuls libéraux ». Le cas échéant, il appellerait également au boycott de la cotisation.