PROFESSIONS DE SANTÉ
Actualité
AIDES > Face à la désertification médicale qui menace la région la plus peuplée de France, les pouvoirs publics réagissent. Certaines des mesures incitatives mises en place ne sont pas sans conséquence pour les infirmières libérales.
Les sept dernières années, le nombre de généralistes exerçant en Île-de-France a diminué de 15 %. Certains arrondissements de Paris risquent même de perdre 50 % de leurs omnipraticiens d’ici cinq ans. La région se transforme-t-elle en désert médical ? Au niveau de l’Agence régionale de santé (ARS) et de la mairie de Paris, des mesures incitatives sont annoncées pour aider à l’installation des professionnels de premier recours.
L’ARS a annoncé au début de l’année qu’elle modifiait sa cartographie des zones « déficitaires et fragiles ». Celles-ci couvrent maintenant 30 % de la population francilienne, contre 13 % auparavant (voir la carte). Et comme l’installation dans ces zones rend les praticiens éligibles à différentes aides (contrat d’engagement de service public, contrat de praticien territorial de médecine générale…), l’ARS s’attend à ce que la mesure élargisse les opportunités d’ouvrir un cabinet.
Côté mairie, le Conseil de Paris a adopté le 18?mars le dispositif Paris Med’, qui s’attaque au principal problème rencontré par les médecins désireux de s’installer dans la capitale : le prix de l’immobilier. Grâce à son parc de logements sociaux, la capitale peut proposer aux praticiens des locaux à des tarifs inférieurs de 30 à 50 % à ceux du marché, explique Bernard Jomier, l’adjoint à la maire chargé de la Santé. De plus, la ville offre une aide à l’installation pouvant aller jusqu’à 30 000 euros par praticien, de sorte que « l’installation ne leur coûte rien », assure l’élu. La condition ? Exercer en groupe (au moins trois praticiens dont un généraliste) et en secteur 1.
À l’ARS, on insiste sur le fait que « le zonage conventionnel spécifique aux infirmiers libéraux n’est pas modifié et reste toujours en vigueur » : en clair, la nouvelle cartographie ne concerne que les médecins, les infirmières franciliennes ne doivent pas compter sur de nouvelles aides. Pour la mairie, en revanche, les perspectives sont plus réjouissantes : une Idel peut s’installer en cabinet de groupe avec des collègues médecins, et bénéficier ainsi des aides prévues dans le cadre de Paris Med’.
Une perspective qui ne satisfait pas entièrement Jean-Jules Morteo, président de l’Union régionale des professionnels de santé-infirmiers Île-de-France. Celui-ci reconnaît le problème de foncier dans la capitale, mais estime que « le maillage des infirmiers libéraux y est déjà bien assuré ». Il aurait préféré que les aides ne soient pas assorties de la condition d’exercer en cabinet pluridisciplinaire avec un médecin, qui risque d’être placé en position de supérieur hiérarchique des Idels. Il plaide pour un exercice pluridisciplinaire qui ne serait pas « cloisonné sous forme de murs, mais à domicile, au niveau du patient ».
Bernard Jomier, de son côté, compte bien attirer les Idels dans son dispositif, et leur promet « de meilleures conditions, avec des locaux moins chers, et moins de solitude dans l’exercice de la profession ». Les Idels parisiennes renonceront-elles à une partie de leur indépendance en échange d’incitations financières ? Réponse à la rentrée de septembre, date à laquelle la mairie attend les premières installations liées à Paris Med’.
→ Avec 45 % d’installations annuelles en plus par rapport à il y a cinq ans, la notion de désert ne touche pas les Idels d’Île-de-France, malgré des zones sous-dotées en Seine-et-Marne notamment.