Démarche initiale de la prise en charge de la douleur, l’évaluation allie l’observation clinique, la connaissance d’outils pratiques et le partage en équipe des éléments recueillis.
→ À domicile, la connaissance des patients, de leur environnement et de leurs habitudes de vie permet, à partir de l’écoute, de l’observation et du jugement clinique de l’infirmière, de repérer les patients douloureux.
→ 60 % des personnes de plus de 65?ans souffrent de douleurs chroniques
→ L’appréhension ou le refus de certains soins doivent également attirer l’attention sur d’éventuelles douleurs induites (douleurs aiguës) par des mobilisations ou un pansement par exemple.
→ Une plainte doit toujours être entendue et prise en compte par une évaluation.
Le principe de l’évaluation repose sur des questions simples : où, quand, comment, combien ? Elles peuvent être facilement mémorisées en utilisant l’outil TILT, qui invite à évaluer :
→ le Type de douleurs,
→ l’Intensité,
→ la Localisation,
→ le Temps.
En complément, il peut être intéressant de savoir ce qui soulage ou aggrave la douleur. Certains patients repèrent eux-mêmes des moyens non médicamenteux comme la chaleur (pour détendre un muscle douloureux) ou le froid (pour ralentir un processus inflammatoire) qui peuvent les soulager.
→ Il existe différents outils validés, qui se présentent sous forme d’échelles ou de questionnaires et sont adaptés à l’âge du patient, son aptitude à communiquer ou encore au type de douleur qu’il présente.
→ L’autoévaluation est à privilégier, chaque fois qu’elle est possible, car la douleur est une expérience subjective, sensorielle et émotionnelle désagréable que chaque personne ressent de façon singulière. Les trois principales échelles d’autoévaluation de l’intensité sont les suivantes.
L’échelle numérique est celle qui est la plus couramment utilisée à domicile car elle peut être proposée sous forme orale ou écrite. Elle consiste à quantifier l’intensité de la douleur entre 0 (pas de douleur) et 10 (douleur maximale).
Cette échelle comprend une face réservée au patient avec un curseur positionnable d’une extrémité, “douleur absente”, à l’autre, “douleur maximale imaginable”. Sur la face, réservée à l’évaluateur, le curseur utilisé par le patient se situe entre 0 (pas de douleur) et 10 (douleur maximale). Cette échelle est peu adaptée aux personnes de plus de 65 ans et à celles qui ont des difficultés d’abstraction. Elle est utilisable par les enfants dès 5-6 ans.
Elle comprend quatre ou cinq qualificatifs permettant de préciser l’intensité de la douleur (absente, faible, modérée, intense, extrêmement intense). Son utilisation simple est adaptée aussi aux personnes âgées.
Utilisée en situation chronique chez les personnes âgées ayant des troubles de la communication verbale. L’observation par les professionnels se fait sur cinq items somatiques, deux items psychomoteurs et trois items psychosociaux. Chaque item est coté de 0 à 3 et un score supérieur à 5/30 affirme la douleur. Cette échelle s’utilise en équipe.
Elle évalue la douleur aiguë par l’observation du visage, du regard, du corps, du comportement et des plaintes orales. Pour chaque item, il existe deux niveaux de cotation : “oui” ou “non”. Un score supérieur à 2/5 atteste de la présence de douleur.
Outil d’aide au diagnostic de la douleur neuropathique chez l’adulte communicant, il comprend quatre questions et dix sous-questions (existence de brûlures, décharges électriques…) avec pour réponse “oui” ou “non”. Chaque “oui” comptabilise un score de 1 et un score global supérieur à 4/10 atteste de la douleur.
Selon une enquête menée par un réseau douleur en Loire-Atlantique
Les douleurs peuvent présenter différentes temporalités, permanentes, intermittentes, et évoluer dans le temps. À domicile, les observations de tous ceux qui côtoient la personne douloureuse (professionnels de santé, aides à domicile, familles…) sont importantes. Les uns peuvent rencontrer une personne non douloureuse lorsqu’ils la voient au repos (médecin par exemple) et les autres la trouver douloureuse parce qu’ils la mobilisent (infirmière, aide-soignante, kinésithérapeute…). Les proches témoignent parfois que la douleur survient surtout la nuit, ce qui peut faire évoquer des douleurs de type inflammatoire, ou encore d’une composante affective de la douleur se traduisant par de l’anxiété la nuit. En cancérologie, les douleurs sont souvent complexes (nociceptives et neuropathiques, avec parfois des accès paroxystiques) et associées à la souffrance. Les regards croisés de l’ensemble des membres de l’équipe sont donc importants. Toute réévaluation de la douleur doit prendre en compte l’observance des traitements en cours.
(1) Plus d’informations dans le programme MobiQual (lien : bit.ly/1Nx8EBa).
(2) Nathalie Relet, “Enquête auprès des infirmiers libéraux de Loire-Atlantique”, REDO 44, 2011, via le lien raccourci bit.ly/1O87uJt
Ce pointsur l’évaluation inaugure une série d’articles sur la prise en chargede la douleur. Nous évoquerons les traitements médicamenteux et non médicamenteux dans nos numéros de juin puis juillet.
« Vous avez mal, c’est normal vu votre âge »
Les polypathologies de la personne âgée doivent attirer l’attention sur les douleurs multiples qu’elles peuvent générer. Il faut évaluer et soulager ces douleurs.
« Le pansement est douloureux, ce n’est pas grave, il ne dure pas longtemps »
La mémoire de la douleur, elle, dure. Il convient donc de l’évaluer avant, pendant et après le soin.
« Une si petite plaie ne fait pas si mal »
Il n’y a pas de corrélation entre l’intensité de la douleur et l’étendue d’une plaie. Une petite plaie peut être pourvoyeuse de douleurs intenses. Toute plainte ou modification du comportement doit conduire à une évaluation.
→ D’autres échelles d’évaluation (nourrisson, enfant, adolescent et adulte handicapés, personne âgée…) sont disponibles sur le site du CNRD (www.cnrd.fr).