L'infirmière Libérale Magazine n° 314 du 01/05/2015

 

SOINS PRIMAIRES

Actualité

CHANTAL BÉRAUD  

INNOVATION >  Une structure unique fonctionne depuis mars au cœur d’un quartier urbain populaire, en Côte-d’Or.

Une MUSSP (Maison universitaire de santé et de soins primaires), vient d’ouvrir à Chenôve, à côté de Dijon. Le maire, Jean Esmonin, espère « que cette création originale contribuera à réduire les inégalités territoriales et sociales en matière de santé ». Son but est notamment de traiter les maux liés à la précarité (obésité, accouchement prématuré, etc.). Pour repérer cette patientèle, l’équipe pluridisciplinaire élargie comprend notamment six médecins généralistes, deux Idels, une infirmière de santé publique de l’association Asalée, une sage-femme, une podologue pédicure diététicienne et un cabinet dentaire mutualiste. La mairie met aussi à disposition un travailleur social.

Développer la recherche

Initiateur de cette démarche, le médecin généraliste Jean-Noël Beis espère « décloisonner les métiers, partager les tâches », en multipliant et en suscitant de nouvelles collaborations entre secteur hospitalier et secteur libéral. Le partenariat avec le CHU de Dijon et l’Université de Bourgogne confère à cette réalisation une unicité à l’échelle nationale. L’objectif est aussi de former davantage de professionnels de santé in situ. Tout en développant la recherche en soins primaires.

Des passerelles avec l’hôpital

La coordinatrice de la MUSSP est chargée d’une veille destinée à répondre à des appels à projet (émanant de l’État, de fondations…) qui permettront par exemple de financer des temps de réunion, du matériel… Elle devra aussi convaincre des professionnels de l’hôpital et l’administration du bien-fondé de nouveaux partenariats.

Ce projet enthousiasme les deux Idels, Maryse Arveux et Lydie Berardi, qui aimeraient notamment « externaliser des soins aujourd’hui faits à l’hôpital. Comme la MUSSP comporte en ses murs des médecins, nous pourrions par exemple y réaliser des pansements sous Kalinox, afin de mieux soulager les pieds diabétiques, les escarres, etc. Cela éviterait aussi à de nombreux patients de se rendre quotidiennement à l’hôpital de jour. Par télémédecine ou dans les services, une fois par semaine, l’évolution pourrait être suivie par le secteur hospitalier ». Dans la même veine, pourraient être réalisées à la MUSSP les perfusions d’Herceptin (actuellement faites en hôpital de jour de cancérologie) ainsi que les nombreuses perfusions prescrites par les médecins généralistes. Ce qui permettrait notamment de décharger les hôpitaux.

Jean Esmonin espère d’ailleurs que ce modèle de MUSSP « remontera jusqu’au ministère de la Santé, pour être développé nationalement ».