JOURNÉE INTERNATIONALE DE L’INFIRMIÈRE > À l’initiative de l’Ordre, 26 organisations se sont réunies le 12 mai pour réfléchir à l’évolution de la profession. Au menu : filière universitaire, pratiques avancées, prescription et vaccination infirmières… et avenir de l’Ordre.
Un « moment historique ». En cette journée internationale de l’infirmière, le 12 mai, Didier Borniche, président du Conseil national de l’Ordre national des infirmières (CNOI), ne pèse pas ses mots pour qualifier le rassemblement, à Paris, de 26 organisations infirmières, dont, pour le libéral, Convergence infirmière, l’Onsil et le Sniil – seule la FNI manquait à l’appel
Face au vieillissement de la population, à l’augmentation des maladies chroniques et au problème de démographie médicale, l’apparition de nouveaux métiers permettra de combler « le fossé entre le bac+3 [des paramédicaux, NDLR] et le bac+10 du médecin, a insisté Didier Borniche, citant l’exemple des infirmières libérales. Ce sont les seules professionnelles de santé qui continuent de se rendre au domicile du patient. Il faut leur donner d’autres prérogatives et moyens dans le champ du premier recours ».
En ligne de mire : la création de pratiques avancées, l’extension du droit de prescription infirmière aux antalgiques de palier 1 et aux antiseptiques, l’élargissement du droit de vaccination des IDE aux adultes (hors primo-injection) ou encore l’établissement de ratios soignants-patients par spécialités. Autant de revendications qui feront l’objet d’amendements au projet de loi de santé, portés par les différentes organisations professionnelles présentes.
Si l’avenir de l’ONI « n’était pas le sujet principal » de ce rassemblement, il n’a pas manqué d’être « évoqué ». Plusieurs des organisations présentes ont tenu à manifester leur soutien à l’instance ordinale, menacée de suppression par un amendement au projet de loi de santé adopté par les députés. « Sans l’Ordre, tous ceux qui sont là aujourd’hui ne se rencontreraient jamais », a affirmé la représentante de la Fédération de l’hospitalisation privée, Élisabeth Tomé-Gertheinrichs.
Le président de l’ONI s’est voulu rassurant quant à la survie de l’Ordre. L’instance a récemment reçu le soutien du président du Sénat, Gérard Larcher, et du Premier ministre. « Le gouvernement souhaite le rétablissement juridique de l’Ordre », affirme le chef de cabinet de Manuel Valls, Sébastien Gros, dans une lettre de réponse à Judith Shamian, présidente du Conseil international des infirmières. Marisol Touraine, ministre de la Santé, « veillera à ce que cette position soit entendue dans la suite de la discussion parlementaire », écrit-il. L’ONI, qui sera prochainement auditionné par la commission des affaires sociales du Sénat, compte sur « un amendement rectificatif » de la chambre haute du Parlement.
* La FNI, qui organisait plusieurs manifestations en province (lire aussi p. 5), a brillé par son absence. Parmi les autres organisations présentes, l’Afic, l’Anfiide, l’Anisp, le CIF, la FHP, Fine Europe, la Fnesi, Sideral-santé, le Snia, le SNPI, l’Unaibode…
Les organisations réunies le 12 mai ont évoqué le destin de l’Ordre des infirmiers. Sa survie passera par le Sénat, qui devrait examiner le projet de loi de santé la troisième semaine de septembre et la deuxième semaine d’octobre. Rappelons que la suppression de l’ONI a été votée en avril à l’Assemblée, contre l’avis du gouvernement, et à 19 voix contre 10, soit une participation de 5 % des députés. Dans une interview à L’Infirmière Magazine de juin, Annie Le Houérou, sur proposition de laquelle a été adopté l’amendement de suppression de l’ONI, tente de justifier ce contexte : « Avant la discussion des textes en séance plénière, les députés travaillent en commissions et en groupes de travail. Comme nous ne pouvons pas tous être présents en permanence dans l’hémicycle, nous décidons en amont des votes des amendements. » La députée (apparentée socialiste) explique aussi sa position : « L’objectif de l’Ordre est de rassembler la profession. Or elle est divisée à son sujet », ce qui « pose un réel problème juridique » : « 75 % des IDE sont en exercice illégal » faute de respecter l’obligation d’adhésion. L’élue, par ailleurs, admet n’avoir découvert le rôle de l’ONI contre les violences « qu’à la suite des récentes agressions » comme celle survenue à Calanhel (lire page de gauche), une commune située… dans sa circonscription électorale.