DÉBAT > En mai, à Paris, lors du Salon Santé Autonomie de la Fédération hospitalière de France, des pistes ont été lancées pour “réinventer le parcours autour du domicile”. Du point de vue des HAD et des Ssiad…
L’hospitalisation à domicile (HAD) constitue, pour ses promoteurs, une solution pour surmonter l’une des difficultés de la prise en charge à domicile : faire rentrer le patient dans les cases existantes. C’est ce qu’a montré un débat du Salon Santé Autonomie, débat pendant lequel il n’a pas vraiment été question des Idels… Pour Sara Balagny, médecin coordonnateur de l’HAD au centre hospitalier régional universitaire (CHRU) de Lille (Nord), « le domicile est une pierre angulaire du parcours de soins, il faut repenser le domicile quand on veut y intégrer du soin, mais tous les domiciles sont différents ».
Pour ce faire, le CHRU a choisi de poursuivre la voie explorée avec le Clubster santé, un réseau d’entreprises de santé, autour du Concept Room. Ainsi, après la “chambre d’hôpital du futur” connectée ou la chambre du résidant en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, une réflexion est en cours sur le maintien à domicile des personnes âgées ou handicapées. « Il faut innover pour que les soins à domicile soient plus faciles grâce à un matériel qui soit aussi évolutif que possible, explique le Dr Balagny. Il faut repenser le domicile pour que les soins y soient intégrés pour le meilleur confort des patients et la qualité de travail des soignants. »
L’enjeu des interventions au domicile reste la coordination des acteurs. D’où l’intérêt de réfléchir à mieux connecter le domicile. « Il y a clairement des outils de e-santé qu’on pourrait mettre en place pour que les professionnels de santé puissent mieux se coordonner entre eux », estime Frédéric Chaussade, administrateur du Clubster santé de Lille.
À Lyon, la réflexion sur le domicile est partie du constat, du point de vue de l’hôpital, que certains patients souhaitant rester à domicile ne sont pas éligibles à l’HAD mais ont besoin de soins trop lourds pour être pris en charge par un service de soins infirmiers à domicile (Ssiad), par exemple quand il y a beaucoup de rééducation. Créée il y a une quarantaine d’années, l’établissement de santé privé d’intérêt collectif “Soins et Santé” a commencé par proposer de l’HAD. « Il y a une forte demande des médecins traitants et des patients eux-mêmes pour éviter l’hospitalisation, souligne Zabouda Cretenet, directrice adjointe de la structure. Il a donc fallu trouver des alternatives pour sortir les patients, mêmes si les critères médicaux et de charges en soins ne sont pas compatibles avec de l’HAD. » Qu’il s’agisse d’une sortie d’hôpital ou d’un maintien à domicile, le prescripteur peut contacter “Soins et Santé” via un numéro unique. « Nous procédons à une évaluation exhaustive en moins de 24 heures, explique Zabouda Cretenet. Outre l’HAD, nous pouvons proposer la mise en place d’une équipe mobile de soins de support ou d’un Ssiad. Nous avons aussi une équipe spécialisée sur la prise en charge des malades d’Alzheimer à domicile. » « Nous travaillons très bien avec les acteurs de la ville, que ce soient les médecins ou les Idels », précise-t-elle.
Quant à l’Île-de-France, c’est une région pionnière dans l’HAD avec quatorze structure et 2 400 places – l’Agence régionale de santé ambitionne 1 500 places supplémentaires d’ici à la fin 2018. Comme ailleurs, une réflexion est en cours pour offrir une réponse plus graduée au domicile. Une expérimentation d’un Ssiad renforcé a ainsi notamment été lancée.