RÉFLEXION > Deux URPS-infirmiers se penchent sur le rôle des Idels en cas de retours précoces post-opératoires au domicile, après une chirurgie ambulatoire.
Véronique Fagot : Les cas de chirurgie ambulatoire vont se développer, en intégrant des patients plus fragiles, plus âgés. Avec par exemple de l’hypertension, des pansements à surveiller d’un peu plus près. L’Idel aura donc un rôle d’alerte à jouer concernant de possibles complications. Notre URPS a proposé en février un schéma consistant en deux passages d’une Idel à domicile. Le premier, effectué le premier soir après la rentrée du malade, permettrait par exemple d’utiliser au mieux les antalgiques, car certains patients attendent que la douleur revienne pour les prendre ! L’Idel pourrait aussi répéter les consignes à suivre, dénouer les situations de stress et soulager l’anxiété par rapport à la nuit. Un deuxième passage serait programmé – si besoin est – pour le lendemain. Le tout pour seulement une cinquantaine d’euros !
V. F. : En juin, une réunion a lieu avec l’ARS, en présence de chirurgiens, d’anesthésistes, de divers établissements publics et privés, ainsi que de l’URPS-médecins. Nous allons réfléchir ensemble à comment articuler et définir nos actions. Il se pose notamment un problème financier car cette prise en charge par les Idels après une chirurgie ambulatoire n’est pas prévue par la Nomenclature générale des actes professionnels. Actuellement, cette visite infirmière peut seulement être facturée et payée par le patient, sans remboursement. Nous souhaiterions donc que l’ARS Bourgogne valide notre proposition, non en mode expérimental, mais avec un financement pérenne… Par ailleurs, nous voulons discuter avec les anesthésistes de la possibilité d’organiser des formations locales pour les Idels, en matière d’utilisation des nouvelles techniques, des nouveaux produits d’anesthésie et des surveillances associées.
Lucien Brazza : Parce que même des médecins généralistes ne sont pas au courant qu’un de leurs patients va se faire opérer en chirurgie ambulatoire ! Notre but est donc de regrouper les acteurs avant l’opération, afin de mieux coordonner les soins et de permettre au malade de réellement choisir ses professionnels du domicile. Autrement, certaines prises en charge post-opératoires sont faites par les HAD ou les Ssiad, au détriment des Idels… Nous allons donc adresser aux chirurgiens un passeport où ils apposeront leur tampon professionnel et leur ordonnance de sortie. Ensuite, y seront également apposés le tampon de l’anesthésiste, mais aussi ceux du médecin traitant, du pharmacien, de l’infirmier et du kinésithérapeute désignés par le patient, avant son opération.
L.B. : Nous misons en particulier sur une réaction positive de la part des cliniques privées (qui font partie du monde libéral et qui sont souvent en pointe en matière de chirurgie ambulatoire). Le but est de construire un réseau où chaque clinique connaîtra ses acteurs de proximité. Le monde bouge, je connais deux, trois chirurgiens qui se déplacent déjà à domicile ! Pour les Idels, ce peut être une évolution de métier intéressante, à condition d’être davantage identifiées, reconnues et utilisées.
La phase de test de ce passeport est réalisée via un document papier. S’il fonctionne, l’objectif sera de tout transférer sur smartphone. Nous aimerions évidemment que l’ARS Rhône-Alpes soutienne ce projet, en l’intégrant peut-être au programme plus global d’outils connectés, nommé “Pascaline”, sélectionné sur notre secteur géographique. Nous dresserons en tout cas un bilan de l’opération dès septembre.