L'infirmière Libérale Magazine n° 315 du 01/06/2015

 

HAD/SSIAD

Actualité

Cécile Almendros  

ORGANISATION > Deux axes de développement de l’hospitalisationà domicile (HAD) ont été mis en avant au Salon Santé Autonomie : la coopération avec les Ssiad et l’intervention en Ehpad.

Frères ennemis, les Ssiad et l’HAD ? Peut-être plus pour longtemps : l’ADMR, la Fnéhad et l’UNA(1) appellent à favoriser les coopérations entre les deux types de structures dans l’intérêt des patients. Leur plaidoyer s’appuie sur une étude(2) selon laquelle 71 % des cas de coopération entre Ssiad et HAD concernent le transfert d’un patient de l’une à l’autre des structures et 29 % la coordination de leur intervention concomitante auprès d’un patient. Trois fois sur quatre, la demande de relais émane de l’HAD – quand le patient est stabilisé et que les besoins en soins infirmiers sont inférieurs à ceux requis en HAD. À l’inverse, les motifs de demandes de relais du Ssiad vers l’HAD sont principalement la réalisation de pansements complexes et les soins palliatifs. Si l’HAD accepte la demande de relais d’un Ssiad dans 77 % des cas, seule une demande de transfert de l’HAD vers le Ssiad sur trois aboutit. En cause ? Principalement le manque de places et le coût estimé trop élevé. Les besoins de coopération renforcée entre Ssiad et HAD, correspondent à des situations spécifiques, peu fréquentes et ponctuelles. Il s’agit la plupart du temps d’éviter les ruptures de parcours de patients lourdement dépendants ou en fin de vie. Interrogées sur les freins à l’intervention coordonnée, les structures citent principalement le cadre réglementaire, la facturation et la responsabilité.

Fortes de ces résultats, l’ADMR, la Fnéhad et l’UNA formulent cinq recommandations visant notamment à « renforcer la communication pour améliorer la connaissance réciproque des acteurs », développer les « conventions de partenariat » et « fiches de liaison » pour « le transfert de patients », « définir un cadre réglementaire sécurisé permettant la mise en place de coopérations renforcées » et « définir des modalités de tarification » favorisant « la fluidité » des parcours.

Convention

Certaines HAD, confrontées à une pénurie d’infirmières libérales et d’aides-soignantes, « se réassurent des prestations » de nursing auprès des Ssiad, constate Isabelle Prade, de la DGOS, indiquant que le ministère envisage « des mises à disposition à but non lucratif entre Ssiad et HAD ». Un chantier sur la manière d’encourager les coopérations entre ces structures « et éventuellement faire des propositions d’amélioration des systèmes de financement » pourrait aboutir « au premier semestre 2016 », précise-t-elle.

Par ailleurs, neuf fédérations hospitalières et médico-sociales(3) ont signé le 20 mai, en présence de la secrétaire d’État aux Personnes âgées Laurence Rossignol, une convention pour le développement de l’HAD en Ehpad(4). Selon une étude menée par les signataires, les principales HAD en Ehpad portent actuellement sur les pansements complexes et soins spécifiques, les soins palliatifs, les traitements intraveineux et la prise en charge de la douleur. L’étude montre que les Ehpad qui s’y mettent se montrent globalement satisfaits de l’HAD. Conclue pour trois ans renouvelables, la convention soumet ses signataires à six engagements, dont la promotion de formations destinées aux professionnels d’HAD et d’Ehpad. Une démarche saluée par Laurence Rossignol qui rappelle que le ministère de la Santé mène une évaluation des freins au recours à l’HAD dont les résultats sont attendus d’ici fin 2015. ?

(1) Association à domicile en milieu rural (ADMR), Fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile (Fnéhad) et Union nationale de l’aide, des soins et des services aux domiciles UNA).

(2) Menée en 2013 et 2014, auprès de 39 Ssiad et 13 HAD de tailles variables dans cinq régions (Auvergne, Bretagne, Centre, Nord-Pas-de-Calais, Poitou-Charentes). Huit mois de collecte de données ont permis de recenser 174 situations de coopération entre Ssiad et HAD, les patients concernés étant âgés en moyenne de 78 ans.

(3) Féhap, Ffamco-Ehpad, FHF, FHP, Fnadepa, Fnéhad, GHMF, Générations mutualistes et Synerpa.

(4) Autorisée depuis 2007, l’HAD en Ehpad a triplé entre 2009 et 2013, représentant désormais plus de 200 000 journées par an, avec toutefois des variations selon les régions.