SORTIE D'HÔPITAL > L’Association des infirmiers libéraux de l’Est Var a créé une plateforme téléphonique mettant en relation établissements et Idels, au bénéfice des patients et des soignants.
Face à l’incertitude éventuelle et au temps parfois nécessaire pour trouver un Idel prenant en charge les soins à domicile des patients sortant de l’hôpital, le centre hospitalier de Fréjus/Saint-Raphaël souhaitait pouvoir contacter un numéro unique qui se charge de relayer sa demande en temps réel. L’Association des infirmiers libéraux de l’Est Var (Ailev)
Si le principe de la plateforme unique peut paraître simple, il se complique dès lors que l’on touche à l’accessibilité aux soins et à une profession tenue à la déontologie. Très tôt, Ailev, qui agit de façon bénévole, a souhaité laisser le soin de cette plateforme à des professionnels de l’accueil téléphonique : le numéro unique est donc payant, afin de supporter les coûts de sous-traitance et de structure, et est géré par une plateforme de téléconseillers extérieurs. Tous les Idels sur la liste, soit les 150 adhérents de l’Ailev (sur 207 professionnels en exercice pour un bassin de 100 000 personnes) ont répondu présent par écrit et assurent, à tour de rôle, une garde afin que le service puisse être aussi actif de nuit.
Comment ça marche ? Par ordre alphabétique et à tour de rôle, tout simplement. La plateforme téléphonique se double d’un serveur de messagerie SMS en cas de difficulté à joindre un Idel : l’établissement envoie un e-mail à l’association qui le rebascule par SMS à trois Idels différents pour être sûre d’en contacter au moins un (surtout de nuit). S’il est pratique et équitable, le mode de répartition par ordre alphabétique ne fait cependant pas l’unanimité sur certains aspects de fond (lire l’encadré ci-dessus).
Maria Perès, présidente de l’Ailev depuis une dizaine d’années, est très sollicitée par d’autres villes ou régions souhaitant mettre en place ce type de plateforme : Bordeaux, Toulon, Paris. Deux ans après sa mise en place, la plateforme fonctionne et l’association est presque victime de son succès : une évolution vers encore plus de services, notamment en termes de coordination entre les différents corps de professionnels de santé, est souvent demandée par les infirmiers (lire l’encadré ci-contre). Le bureau de l’Ailev en est conscient, mais doit réfléchir à un moyen de développer ce service à ses adhérents et aux patients, en restant dans une démarche bénévole et sans y perdre son âme. Un casse-tête que les responsables de l’association s’attachent à résoudre.
* Site Internet : ailev.simdif.com
Sabrina Vicini, Idel en Provence-Alpes-Côte d’Azur
Après une quinzaine d’années en service d’urgences à l’hôpital de Fréjus, Sabrina Vicini s’est installée en mai 2005 comme Idel. Avec ce numéro unique, témoigne-t-elle, les patients sont mis en relation beaucoup plus facilement avec une Idel ; quant aux soignants, ils peuvent prendre en charge de nouveaux patients qu’ils n’auraient pas rencontrés par ailleurs. Seul bémol, l’organisation même de la plateforme par ordre alphabétique : selon les disponibilités, l’Idel est parfois mise en relation avec un patient qui n’est pas dans son secteur d’activité. Sabrina aimerait que les critères de sectorisation et des types de soins à réaliser puissent entrer en ligne de compte dans la mise en relation.
Christian Weber, vice-président de l’Ailev, Idel en milieu rural depuis plus de trente ans
« La mise en place de cette plateforme n’avait pas pour but d’apporter une plus-value à notre activité, mais de permettre aux patients de trouver rapidement une Idel pour leur prise en charge et d’éviter un “détournement” des patients par les HAD-Ssiad, au détriment des libéraux que nous sommes », explique Christian Weber. S’il est conscient qu’on puisse attendre de cette plateforme d’aller plus loin, notamment dans la coordination entre les différents acteurs de santé (une évolution souhaitable selon lui), Christian Weber souligne que ce dispositif, permettant notamment une prise en charge rapide, améliore la relation patient-Idel, soulage les patients et permet, au-delà, de défendre purement et simplement l’exercice libéral.