En novembre 2014, Janine Blazin, Idel à Montpellier (Hérault) depuis quarante ans, est agressée pendant sa tournée par une patiente, qui récidive quelques jours plus tard. Un traumatisme encore bien présent.
« Depuis plusieurs mois, avec mon collègue, nous prenions en charge une patiente imprévisible, véhémente et exigeante concernant les horaires. Mais nous parvenions toujours à nous arranger. Un matin, mon collègue n’est pas arrivé à l’heure chez elle. Elle m’a alors appelée pour me dire qu’elle ne voulait plus de nous – ce qui ne me posait aucun problème – et de lui rapporter son ordonnance. Il faut savoir qu’auparavant, nous avions pris en charge son mari et que nous avions eu des problèmes pour nous faire rémunérer nos actes. Donc, une fois chez elle, j’ai pris mon TLA pour sa carte Vitale, et je lui ai demandé sa carte de mutuelle, qu’elle a refusé de me donner. C’est à ce moment qu’elle a fermé sa porte à clef et m’a sauté dessus pour me gifler. Elle m’a arraché mon sac à main pour prendre son ordonnance, et m’a insultée en me demandant de partir. J’ai ramassé toutes mes affaires et je me suis rendue au commissariat où j’ai réalisé que, dans la précipitation, j’avais pris son téléphone portable ! Les policiers voulaient que je le lui ramène, mais j’ai refusé car je n’avais aucune envie de retourner chez elle. Le lendemain, avec mon fils, nous sommes allés le lui déposer dans sa boîte aux lettres. Mais elle n’a pas dû regarder dedans car, le lendemain, très tôt, on a frappé à ma porte : c’était elle qui venait récupérer son téléphone. Elle m’a frappée, puis m’a attrapée par les cheveux, tirée dehors, et m’a tapé la tête contre le mur. Je me suis mise à crier. Elle est partie en arrachant l’un de mes essuie-glaces et en me disant qu’elle reviendrait me tuer. Je suis rentrée chez moi, j’ai appelé la police, qui n’était pas disponible immédiatement car c’était un jour férié. J’ai donc fait ma tournée avec mon compagnon au volant, puis je suis allée porter plainte au commissariat où j’ai vraiment bien été accompagnée. L’Ordre des infirmiers m’a aussi beaucoup aidée. La procédure est en cours. Il faut qu’elle soit punie. J’ai eu une entorse des cervicales et un hématome sur la tête. J’ai aujourd’hui le contrecoup. La nuit, je n’arrive plus à dormir. On vit dans le même quartier, et je ne soigne plus les personnes qui sont dans son bâtiment. Les infirmières doivent être préparées à l’éventualité d’une agression car, quand cela arrive, on est perdu. »
« Se préparer permet d’avoir moins peur »
Jean-Max Ferey, psychosociologue, spécialiste dans la gestion de l’agressivité
« Face à un patient agressif, l’Idel doit le confronter de manière très puissante tout en rassemblant ses affaires et en se dirigeant vers la sortie. Si la personne ne baisse pas le ton, il faut continuer à reculer et, une fois dehors, appeler les forces de l’ordre. L’Idel ne peut se défendre qu’en cas de légitime défense mais peut anticiper des situations de violence en n’entrant jamais dans une maison avant la personne qui accueille, en ayant son téléphone à la main avec un numéro d’urgence enregistré à la touche 5, et les clefs du véhicule dans une poche dédiée facile d’accès, et en se garant en position de fuite. Ou en connaissant des mouvements pour se libérer d’une saisie au bras ou d’un étranglement. Le fait de se préparer permet d’avoir moins peur. »