C’est par excellence la mesure destinée aux infirmières dans le projet de loi de santé : les pratiques avancées. Elles pourront notamment se dérouler (article 30) « au sein d’une équipe de soins primaires » *. Selon l’article 12, cette équipe « peut prendre la forme d’un centre de santé ou d’une maison de santé ». Doit-on en déduire que la pratique avancée ne serait ouverte qu’aux Idels exerçant en maison de santé ? Ou bien, à en croire l’usage du verbe “pouvoir” (« peut prendre la forme »), le fait d’exercer en maison de santé ne serait qu’une possibilité parmi d’autres ? À notre envoyée spéciale au Sénat pour un colloque sur le sujet (lire p.11), le député Jean-Louis Touraine a assuré que les pratiques avancées pourraient avoir lieu en maison de santé comme ailleurs en libéral. Nous voilà un peu avancés, et c’est pratique. Cela suffira-t-il à rassurer ceux qui dénoncent l’obscurité de ce projet de loi, ou ses côtés obscurs ? Certes, le texte de loi ne dit pas toujours tout ce que ses opposants lui prêtent. C’est logique, finalement : le projet interpelle plus par ses manques que par ce qu’il contient réellement… Les inquiétudes exprimées à l’occasion révèlent en tout cas des peurs plus générales, plus profondes, pour l’avenir du libéral. La crainte, c’est que ce texte de loi, ce grand méchant flou, soit le ferment d’une menaceà venir contre l’indépendance des Idels face aux médecins, ou contre la liberté d’exercer en dehors d’une maison de santé. Pour l’heure, c’est l’été, et nous avons pris le parti, dans les pages suivantes, de passer des ombres du projet de loi à la lumière, et de réviser la loi en tentant de nous amuser. Une sorte de cahier de vacances que nous n’avons pas soumis pour homologation à l’Éducation nationale (ni à Marisol Touraine). Rassurez-vous, nous redeviendrons plus académiques très vite, dès notre numéro de septembre. En attendant, très bel été à vous !
* Équipe « coordonnée par le médecin traitant ». La pratique avancée pourra aussi se faire « au sein d’une équipe de soins en établissements de santé coordonnée par un médecin ou, enfin, en assistance d’un médecin spécialiste, hors soins primaires, en pratique ambulatoire ». À lire, le texte sur le site du Sénat (lien raccourci : bit.ly/1GK7IkJ).