TENDANCES GÉNÉRALES > Médecins et pharmaciens font le point sur leur démographie. Surprise, la France n’aurait jamais compté autant de praticiens. Mais un quart des jeunes diplômés décident de quitter le secteur du soin…
Les deux cursus présentent deux points communs. Le premier réside dans le vieillissement de ses professionnels. L’âge moyen des pharmaciens est de 46 ans, celui des médecins de 51 ans.
Chez ces derniers, près d’un quart des médecins en exercice sont même retraités. Les spécialités les plus « âgées » étant la neuropsychiatrie (71 ans en moyenne) et le radiodiagnostic/radiothérapie (69 ans). Du côté des pharmaciens, les titulaires d’officine (50 ans) et les biologistes médicaux (49,5 ans) affichent la moyenne d’âge la plus élevée, sans commune comparaison avec les médecins cités précédemment. Avec un relèvement de son numerus clausus opéré en 2004, on estime que le flux annuel de pharmaciens entrant dans la profession devrait permettre le remplacement de ceux qui la quittent pour les dix prochaines années. L’âge moyen du départ en retraite y est de 63 ans.
Les deux professions sont également concernées par un fort taux d’évaporation. Dans chacun des corps de métier en effet, environ un quart des jeunes diplômés ne s’inscrivent pas à l’Ordre et s’orientent vers des carrières hors soin, sans que les données présentées permettent de préciser ce qu’ils deviennent : administration de la santé, industrie pharmaceutique, organisations internationales, journalisme… Pour l’Ordre des pharmaciens, cette situation « révèle les problèmes d’attractivité du métier et les interrogations qui pèsent sur l’avenir de la pharmacie face aux restructurations en cours ou aux évolutions qui se dessinent dans les réformes du système de soins ».
Spécificités des pharmaciens, la profession est fortement féminisée de longue date (67,6 %) et compte très peu de diplômés étrangers (1,7 %). La féminisation de la carrière médicale quant à elle se poursuit. Alors qu’elles représentent 45 % de la profession, 58 % des nouveaux inscrits à l’Ordre sont des femmes.
Les données publiées par l’Ordre national des médecins montrent que la France n’a jamais compté autant de médecins qu’en 2014 et que le nombre de médecins actifs a doublé en l’espace de 35 ans. On note cependant une baisse constante des effectifs en médecins, générale depuis 2007 (perte de 10,3 %). Du côté des spécialités, l’exercice libéral reste en progression (entre 2007 et 2015, il était en hausse de 6,2 % pour les spécialités médicales et de 25,8 % pour les spécialités chirurgicales). Toutefois, quatre disciplines perdent des effectifs : la rhumatologie (- 10,3 % depuis 2009), la dermatologie (- 7,7 %), la chirurgie générale (- 24,7 %), l’ORL (- 7,8 %). À noter que seuls 15 % des jeunes médecins choisissent l’exercice libéral/mixte en première intention ; mais, après cinq ans d’expérience professionnelle, ils sont 40 % à s’orienter vers ce mode d’exercice.
Les trois quarts des pharmaciens exercent en officine (libéral) malgré une légère décroissance de ce mode d’exercice. En dépit des restructuration du secteur, les pharmacies sont réparties de façon équilibrée sur le territoire. On compte une officine pour 2 936 habitants. Néanmoins, la densité géographique des officines (33,62 par 1 000 km2) place la France au quatorzième rang des pays de l’Union européenne.
Enfin, les deux tiers des jeunes pharmaciens débutent leur carrière dans la région où ils ont fait leurs études, montrant une mobilité très modérée, à la différence des médecins. Les régions que ceux-ci quittent le plus fréquemment sont l’Île-de-France, la Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Bourgogne et Champagne-Ardennes. Celles qui attirent de plus en plus sont Rhône-Alpes, Bretagne, Pays-de-Loire et l’Alsace.