L'infirmière Libérale Magazine n° 316 du 01/07/2015

 

PRATIQUE AVANCÉE

Actualité

Laure Martin  

IPA > L’Ordre national des infirmiers a organisé, fin juin au Sénat, à Paris, un colloque sur les infirmiers en pratique avancée. Le projet de loi de modernisation de notre système de santé devrait en préciser les conditions.

Nombre de pays, au premier rang desquels les États-Unis et le Canada, ont fait le choix des pratiques avancées offrant aux infirmières une nouvelle contribution dans la dispensation des soins pour ainsi répondre aux nouveaux besoins de soins, notamment à la hausse des maladies chroniques.

Cadre législatif

En France, la situation est plus complexe puisque cette pratique ne dispose pas encore d’un cadre réglementaire et législatif, et la nomenclature des actes infirmiers est loin d’être adaptée. Le projet de loi de modernisation de notre système de santé en cours d’examen au Sénat envisage dans son article 30 l’exercice en pratique avancée pour les auxiliaires médicaux. Cette mesure devrait encourager ce mode d’exercice, mais la question demeure encore floue, notamment en termes de responsabilité et de rémunération. Le projet de loi prévoit que les domaines d’intervention en pratique avancée pourront comporter des activités d’orientation, d’éducation, de prévention ou de dépistage, des actes d’évaluation et de conclusion clinique ou encore des prescriptions. « Cela permettrait d’améliorer la pertinence des soins, la fluidité du parcours du patient, la coordination, la qualité ainsi que la sécurité des soins, a souligné Christophe Debout, infirmier PhD (docteur en sciences infirmières). Mais il ne s’agit en aucun cas de substituer des tâches et des actes techniques. » Pour exercer en pratique avancée, l’infirmière doit avoir son diplôme d’État, détenir un diplôme de niveau master, avoir suffisamment exercé et acquis les connaissances théoriques ainsi que le savoir-faire nécessaires aux prises de décisions complexes. « Il n’y a pas de pratiques avancées infirmières sans expertise infirmière dans le métier socle », a-t-il précisé.

Dans la pratique

La pratique avancée n’est pas restrictive, ni limitée aux infirmières hospitalières. « Cela ne dépend pas du secteur d’activité mais de la réglementation, a indiqué Ljiljana Jovic, directrice des soins et conseillère technique à l’Agence régionale de santé d’Île-de-France. Ce sont les personnes qui ont des formations complémentaires qui pourront exercer. » Formations qui devraient s’inscrire dans le paysage universitaire. D’ailleurs, Cécile Barrière-Arnoux, Idel à Alleins (Bouches-du-Rhône), a suivi un master en sciences cliniques infirmières à l’Université d’Aix-Marseille, lui donnant le titre d’infirmière en pratique avancée en gérontologie. « Dans ma pratique quotidienne, cette formation m’a apporté un changement de posture, a-t-elle souligné. Aujourd’hui, je suis davantage dans des soins pertinents et j’explore mon rôle propre. » Comme l’a expliqué cette Idel, la pratique avancée repose sur quatre piliers : la pratique clinique qu’elle met en œuvre dans le cadre de la gérontologie afin de dénouer les situations problématiques de ses patients, la recherche puisqu’elle doit fournir des données probantes, la formation et l’éducation auprès du patient et des autres professionnels et enfin le leadership clinique, avec l’idée de rechercher le professionnel le mieux adapté pour répondre au problème identifié. Mais « je ne fais pas de l’évaluation gérontologique à tour de bras, a-t-elle ajouté en précisant le faire bénévolement. Et puis je suis vite bloquée par la nomenclature et la législation. Je dois faire attention aux limites afin de ne pas être accusée d’exercice illégal de la médecine. »

INDISCRÉTION

→ L’Ordre sauvé ? « Nous [les sénateurs] allons rétablir l’existence de l’ONI car soit on supprime tous les ordres, soit on n’en supprime aucun. » Annonce faite lors de cette journée au Sénat par le sénateur UMP Alain Milon (cf. notre site, bit.ly/1FFfbQ9).