RETOUR SUR > Où en est, sur un plan judiciaire, le dossier de l’infirmière bretonne qui avait été violemment agressée par un patient mi-avril ? Quelques éléments de réponse avec son avocat.
Dix jours d’incapacité totale de travail et deux mois après son agression à Calanhel (Côtes-d’Armor), comment va Marie-Françoise Droniou, cette Idel de 50 ans violemment agressée par l’un de ses patients alors qu’elle quittait le domicile de celui-ci (lire aussi sur notre site, à la date du 22 avril, via le lien bit.ly/1dsYPVi) ? « Nous n’avons, à cette heure, reçu [de la justice] aucune convocation, confie son avocat, maître de Poulpiquet. Mais le temps qui passe permet néanmoins d’évaluer le préjudice réel subi par la victime. »
Injuriée et rouée de coups après avoir refusé de se laisser toucher la poitrine, l’infirmière était sortie de l’agression choquée, avec de multiples traumatismes au crâne, visage, thorax et ventre ainsi qu’avec une entorse du pied. Elle en a témoigné dans les médias (dans Le Télégramme, sur France 3 ou encore sur RMC), pour que soit reconnue la dangerosité de la profession, exercée à des heures matinales et tardives, avec des tournées effectuées seule et une localisation aléatoire, rapporte son avocat.
Après l’agression, Marisol Touraine avait d’ailleurs salué, dans un communiqué, « l’ensemble des professionnels de santé pour leur travail remarquable, accompli chaque jour, dans des conditions parfois difficiles ».
Marie-Françoise Droniou a appelé à ce que les parcours psychiatriques des patients à risque soient signalés aux intervenants. L’auteur présumé des faits avait été immédiatement conduit en hôpital psychiatrique, son état ayant été jugé « incompatible » avec une garde à vue, relate l’avocat de la victime. Depuis, il n’y a pas eu de comparution immédiate donc, mais l’attente d’un jugement éventuel.
Si l’irresponsabilité de l’agresseur au moment des faits est avérée, il ne sera pas condamné pénalement et pourra bénéficier d’un suivi psychiatrique. Dans le cas contraire, il encourt une peine d’emprisonnement et des dommages.
L’Ordre national infirmier s’est porté partie civile. « Les agressions en Bretagne sont assez rares, explique Patrick Surtel, président du conseil départemental. C’est parce qu’elles ne sont pas toutes signalées. Les Idels n’ont pas le réflexe de porter plainte. » La Fédération nationale des infirmiers avait elle aussi annoncé son souhait de se porter partie civile. Pour Philippe Tisserand, président de la FNI, cette agression révèle un double enjeu : améliorer l’accueil des victimes en gendarmerie et mettre en place des mesures de sécurité « concrètes ». Il pense notamment aux outils technologiques. En tête, des applications pour smartphones de géolocalisation et de messages d’alerte.