MISSION > Un rapport parlementaire centré sur le médecin esquisse des pistes d’amélioration. Les Idels pourraient jouer un rôle prépondérant. La députée rapporteure explique comment.
Ce rapport, attendu depuis plus d’un an, a été adopté à l’unanimité des membres de la mission d’information de l’Assemblée nationale sur “l’organisation de la permanence des soins” en juin. Alors que le sujet est très polémique au Parlement et dépasse d’ailleurs les clivages droite/gauche, la rapporteure, la députée Catherine Lemorton, a mis les points sur les i. « Il n’y aura pas d’obligation pour les médecins de participer aux gardes, pas plus que de coercition à s’installer dans les déserts médicaux, conformément à l’engagement du Président de la République », a martelé celle qui est aussi présidente de la Commission des affaires sociales.
De fait, c’est surtout autour de la permanence des soins des médecins que s’articule cette enquête parlementaire. « Il est vrai que c’est un rapport très médico-centré, reconnaît la députée. Mais cela vient du fait que c’est tout notre système de soins qui est médico-centré et il est vrai que la permanence des soins ambulatoire (PDSA) est également l’écho d’un certain nombre de dysfonctionnements de ce système. » Pour autant, l’élue a tenu à rappeler, dans sa présentation devant ses collègues de l’Assemblée nationale, l’engagement dans la continuité des soins des autres professions de santé, en particulier les infirmières qui ont fait l’objet d’un vrai coup de chapeau de sa part. « Les infirmiers et les infirmières sont tenus non seulement d’assurer la permanence des soins, mais encore la continuité des soins, parce que, chaque matin ou chaque soir, ils et elles assurent des soins auprès des patients dont ils ont la charge » (sur le thème de la continuité de soins, relire notre dossier dans notre n° 312 de mars). Ayant eu l’occasion de voir travailler des Idels, la députée enfonce le clou auprès de L’Infirmière libérale magazine. « Les Idels ne peuvent pas se permettre de prendre des vacances sans être remplacés, ajoute-t-elle. C’est sans doute la profession la plus exemplaire de ce point de vue de l’accessibilité et ce n’est sans doute pas étranger à leur popularité dans le cœur des Français. »
Et les infirmières ne sont pas complètement oubliées par les préconisations de ce rapport. Premier domaine d’intervention : les Ehpad. « Chaque soir, et j’ai pu le constater par moi-même sur le terrain, les centres 15 reçoivent des appels d’aides-soignantes de garde en Ehpad qui paniquent quand un résidant présente une brusque montée de fièvre après minuit et qu’il n’y a plus de médecin de garde, raconte Catherine Lemorton. Du coup, on envoie une ambulance. » La mission suggère que la présence d’une infirmière pourrait éviter ce genre de situation. Et il se trouve que le ministère de la Santé a d’ailleurs demandé à la Haute Autorité de santé de plancher sur des recommandations de bonnes pratiques sur « les modalités d’intervention des infirmiers seuls en situation d’urgence », notamment dans les Ehpad, le soir et le week-end.
En outre, dans le cadre d’extensions possibles de délégations de tâches, les auteurs du rapport verraient très bien la possibilité qu’un jour des Idels prennent également part aux gardes médicales dans des maisons de santé pluridisciplinaires, aux côtés des généralistes. Auditionnée par la mission, la ministre de la Santé Marisol Touraine a rappelé que la délégation de tâches ne « doit pas conduire à la substitution, au médecin, d’une infirmière, mais à une complémentarité dans certaines situations spécifiques ». La mission, elle, recommande d’autoriser déjà « les infirmiers exerçant dans les maisons médicales à recueillir les premiers éléments cliniques, à réaliser certains actes techniques et à prescrire sous réserve d’un encadrement adéquat » et même à constituer une filière d’infirmier clinicien dans le cadre de la PDSA. « Les infirmières sont les professionnelles qui travaillent le plus étroitement avec les généralistes, souligne Catherine Lemorton. Des expériences comme Asalée ont montré la pertinence des délégations de tâches. Il n’y a pas de raisons que ce ne soit pas aussi utile dans le cadre de la permanence de soins. » S’agissant de l’hospitalisation à domicile, la mission recommande de rendre obligatoire pour les structures à la fois la désignation d’un infirmier de référence joignable en permanence et l’organisation d’un réseau d’infirmiers intervenant en dehors des heures ouvrables, tout en ayant accès à une fiche synthétique résumant le dossier médical.