L'infirmière Libérale Magazine n° 316 du 01/07/2015

 

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Aveline Marques  

TÉMOIGNAGE > Clémentine Fensch, une IDE de 31 ans, a écrit une lettre ouverte à Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP. Face caméra, elle décrit ses conditions de travail difficiles et insiste sur la nécessité de préserver ses jours de repos.

Je vous invite, vous et vos conseillers, à venir non pas un jour mais une semaine, au moins, examiner notre quotidien hospitalier et sa charge de travail, son lot de violences, d’exigences, de souffrances, de fin de vie et de soins palliatifs. » Dans une lettre ouverte à Martin Hirsch, datée du 22 mai, Clémentine Fensch, 31 ans, infirmière à l’hôpital Saint-Louis (Assistance publique-hôpitaux de Paris), n’hésite pas à se mettre à nu pour mieux dénoncer le projet du directeur général, qui prévoit de limiter à 7 h 30 le temps de travail quotidien du personnel soignant et à réduire à quinze le nombre de jours RTT - un projet finalement peu à peu abandonné(1).

350 000 vues

Dans une vidéo(2) d’un peu plus de quatre minutes regardée 350 000 fois depuis sa mise en ligne, le 7 juin, sur le site du magazine Là-bas si j’y suis, la jeune femme décrit les journées passées « debout à courir sans avoir le temps de manger, ni même d’uriner », la rigueur des actes techniques, la lourdeur des tâches administratives, les heures supplémentaires, le mal de dos… « Comment osez-vous penser une seule seconde à raccourcir notre temps de travail et à supprimer nos jours de congés, si précieux pour nous ressourcer ?, lance-t-elle. (…) Nous ne sommes pas des fonctionnaires comme les autres. Je n’effectue pas des journées de 7 h 30, mais des journées de 8 heures, voire 9 heures, tout cela pour soigner correctement. »

Toujours plus de tâches, toujours moins de temps

Diplômée depuis cinq ans, l’infirmière évoque son burn-out, provoquée par la mort d’une patiente de 60 ans, qui a fait « un arrêt cardiaque de stress » parce qu’elle était sortie de réanimation trop tôt pour laisser sa place à un autre. « Je me revois installer cette patiente dans un brancard, lui expliquer en deux mots qu’on la transférait dans un service plus léger, j’ai vu dans ses yeux son inquiétude et, faute de temps, je n’ai pas pu prendre ne serait-ce que deux minutes pour la rassurer. » Invitant le directeur général de l’AP-HP à chercher les économies du côté de l’industrie pharmaceutique, elle met le directeur général en garde : « Vous allez faire mourir nos compétences, puisqu’on sera contraint d’en faire toujours plus avec moins de temps et c’est le patient qui va en pâtir. »

(1) Lire l’article paru le 19 juin sur notre site Internet espaceinfirmier.fr, intitulé “Sortie de crise à l’AP-HP”. Une nouvelle négociation est attendue à la rentrée.

(2) Le lien vers la vidéo : bit.ly/1LmxAZp