L'infirmière Libérale Magazine n° 317 du 01/09/2015

 

FORMATION

L’exercice au quotidien

Françoise Vlaemÿnck  

Infirmière libérale dans l’Hérault, Catherine s’interroge sur les critères de financement des formations par l’organisme FIF-PL. Trop hospitalo- centrés et redondants avec le DPC, selon elle. Témoignage.

« Je me suis toujours formée car c’est indispensable pour améliorer le soin et la prise en charge des mes patients. À mes frais, j’ai donc fait un master de psychologie il y a quelques années. Depuis la mise en place du développement professionnel continu (DPC), je fais régulièrement une mise à jour de mes connaissances, même si je doute de l’efficacité du dispositif car les formations sont très courtes et “redondent” souvent avec notre pratique quotidienne. Pour aller un peu plus loin, j’ai donc déposé par deux fois une demande de financement de formation auprès du FIF-PL (lire aussi la fiche pratique “Comment financer sa formation” p. 61). Et elle a été refusée au motif, si j’ai bien compris, que mes choix de formation ne rentraient pas dans les critères définis annuellement par l’organisme et que son concept n’était pas scientifiquement validé – je souhaitais suivre une formation sur la communication sensorielle. À y regarder de plus près, les thématiques de formation proposées par le FIF-PL se recoupent avec celles du DPC, donc à quoi cela sert-il ? Impossible ainsi d’élargir le champ de notre prise en charge et donc de notre pratique si la formation n’est pas scientifiquement prouvée et adoubée par les syndicats infirmiers qui siègent dans les commissions du FIF-PL. Dès lors, je m’interroge : où va l’argent que prélève chaque année l’Urssaf pour alimenter les caisses du FIF-PL ? Quant aux critères retenus par cet organisme, ils me semblent très flous. La psychologie clinique et la psychanalyse de Freud sont-elles scientifiquement prouvées et prouvables ? Et que dire des particularités régionales… J’ai longtemps travaillé dans une région où l’homéopathie était largement prescrite ; là où j’exerce désormais, elle est décriée par les médecins ! En revanche, des médecins de mon CHU adressent souvent leurs patients qui vont être traités par radiothérapie à des magnétiseurs du coin. Pourtant, je ne pense pas que cette pratique fasse partie d’un quelconque protocole…Mais cela marche, comme j’ai pu le constater sur des patientes ! Cela fait plus de vingt ans que je cotise au FIF-PL, sans rien en retour. Chaque libérale a versé 96 euros cette année, ce qui n’est pas rien puisque nous sommes près de 100 000 professionnelles dans ce secteur. Dès lors, le fonctionnement de cet organisme devrait être un peu plus transparent et s’ouvrir à des formations moins hospitalo-centrées… »

Décryptage

Ce qui n’est pas dépensé est mutualisé

Le Fonds interprofessionnel de formation des professions libérales (FIF-PL) est un fonds d’assurance formation. Il a été créé à l’initiative de l’UNAPL et des organisations professionnelles adhérentes. Sa trésorerie est alimentée par une cotisation obligatoire versée par l’ensemble des professionnels libéraux. Chaque profession définit annuellement les orientations de formation qu’elle souhaite proposer à ses membres ainsi que les critères d’acceptation. En 2012, 67 948 Idels ont cotisé au FIF-PL, et 4 380 d’entre elles ont été prises en charge pour une ou plusieurs action (s) de formation. Mais le FIF-PL finance aussi la VAE, des bilans de compétence, des actions de reconversion professionnelle ou d’aide à l’installation.

Et si une profession ne dépense pas tout son budget, comme les Idels, le solde est mutualisé avec les autres professions.