Cahier de formation
Savoir
Le cancer du poumon est la première cause de mortalité par cancer en France. Malgré de nets progrès dans la prise en charge diagnostique et thérapeutique, le pronostic du cancer bronchique reste sombre. Et pour cause : plus d’un cancer sur deux est diagnostiqué à un stade avancé. Pour l’heure, la meilleure arme reste la lutte contre le tabagisme.
Protégés par la cage thoracique, séparés l’un de l’autre par le médiastin et enveloppés par la plèvre, les deux poumons ont pour fonction primordiale d’assurer les échanges de gaz carbonique et d’oxygène entre l’air ambiant et notre organisme. À l’inspiration, l’air arrive par la trachée, diffuse dans les bronches puis les bronchioles terminées par les alvéoles pulmonaires. L’oxygène traverse la paroi des alvéoles et passe dans le sang qui répartit ensuite l’oxygène à toutes les cellules du corps. En sens inverse, le dioxyde de carbone rejeté par les cellules du corps traverse les alvéoles, passe les bronchioles, puis les bronches avant de sortir par la trachée, puis par le nez, la bouche. C’est l’expiration.
Le nombre de nouveaux cas de cancers en France métropolitaine en 2012 a été évalué à 28 200 chez l’homme, après le cancer de la prostate (56 800 cas) et devant le cancer colorectal (23 200 cas) et à 11 800 chez la femme, après le cancer du sein (48 800) et le cancer colorectal (18 900).
Le cancer du poumon est la première cause de décès par cancer chez l’homme (21 300 décès par an), devant le cancer colorectal (9 200) et le cancer de la prostate (8 900).
Chez la femme, le cancer du poumon se positionne au deuxième rang (8 700 décès), devant le cancer colorectal (8 400) et après le cancer du sein (11 800 décès par an).
→ Après une augmentation jusqu’à la fin des années 1990, l’incidence du cancer du poumon et sa mortalité tendent à diminuer chez l’homme. A contrario, l’augmentation combinée de l’incidence et de la mortalité chez la femme est une tendance qui s’est accélérée ces dernières années.
→ Ces observations s’expliquent par l’évolution des pratiques (diminution du tabagisme masculin et augmentation du tabagisme féminin) et l’apparition des cancers liés à ces consommations, vingt à trente années plus tard.
→ La survie nette
→ La survie nette pour le cancer du poumon est de 14 % à cinq ans et de 8 % à dix ans, alors que la survie nette pour le cancer du sein est de 88 % à cinq ans et de 76 % à dix ans.
→ Le pronostic du cancer du poumon est parmi les plus sombres.
→ Le tabac
→ Le risque relatif de cancer bronchique chez le sujet fumeur par rapport au non fumeur est de 10. Le tabac est responsable de 80 % des cancers bronchiques.
→ Actuellement, 92 % des décès par cancers bronchiques chez l’homme et 71 % des décès par cancers bronchiques chez la femme sont attribuables au tabac.
→ La latence moyenne estimée de survenue d’un cancer est de vingt ans, mais des lésions cellulaires apparaissent rapidement après le début du tabagisme. On peut en retrouver chez des fumeurs de 20 ans.
→ La durée du tabagisme est un facteur plus important que la quantité de cigarettes fumées par jour pour le calcul de risque.
→ Avec l’arrêt du tabagisme, le risque de survenue du cancer du poumon diminue régulièrement avec le temps. Ce bénéfice est observé quel que soit l’âge auquel on arrête de fumer.
→ Le tabagisme passif
→ Entre 5 et 15 % des cancers du poumon seraient d’origine professionnelle, liés à l’exposition à des produits cancérogènes sur le lieu de travail : poussière d’amiante, poussières et vapeurs d’arsenic, nickel, chrome, chromate de zinc, fumée d’oxyde de fer, goudrons de houille et de charbon, éther, rayonnements ionisants, dont radon professionnel. Les cancers liés à l’exposition de ces substances peuvent être reconnus comme maladie professionnelle et donner droit à une indemnisation
→ D’autres composants peuvent provoquer un cancer bronchique comme le béryllium, le cadmium, la silice et les gaz d’échappement de moteurs diesel, mais ne sont pas reconnus par les régimes d’Assurance maladie, comme pouvant être à l’origine de maladies professionnelles.
→ Le radon, gaz radioactif libéré dans l’air lors de la désintégration naturelle de l’uranium dans la croûte terrestre, est aujourd’hui la deuxième cause de cancer bronchique en France. Il peut être présent dans les habitations, notamment dans les régions riches en granit. 31 départements font l’objet d’une surveillance particulière
→ Un antécédent d’affection respiratoire (BPCO, tuberculose, silicose, bérylliose) augmente les risques de développer un cancer bronchique.
→ Un antécédent de cancer bronchique augmente les risques de développer un deuxième cancer.
→ Aucune prédisposition génétique au cancer du poumon n’a été identifiée (pour autant, tous les fumeurs ne développent pas de cancer bronchique, nombreux sont ceux qui développent auparavant d’autres pathologies liées au tabac, ce qui suggère que certains sujets pourraient présenter une susceptibilité génétique au cancer bronchique).
→ La pollution atmosphérique est un facteur, certes mineur comparé au tabac, mais qui pourrait néanmoins favoriser le cancer bronchique. En cause, des gaz, comme le dioxyde de soufre (SO2), le dioxyde d’azote (NO2), l’ozone (O3), ainsi que les fumées de diesel. En dépit de nombreuses études qui tendent à montrer l’implication de la pollution, l’hypothèse n’est pas vérifiée, car il est difficile d’associer des taux de pollution mesurés à un moment précis à une affection survenant des décennies plus tard
Au fil des années, l’exposition à des facteurs de risque (substances cancérogènes contenues dans la fumée de tabac notamment) altère les mécanismes de réparation du génome des cellules, ce qui conduit à l’apparition de mutations, qui s’accumulent et rendent les cellules des bronches cancéreuses. Ces cellules se multiplient de façon anarchique et ininterrompue, formant une tumeur. Au début, elles demeurent dans la bronche, puis elles finissent par obstruer les voies aériennes et envahir le poumon adjacent. Elles peuvent se détacher et migrer dans les vaisseaux lymphatiques et envahir les ganglions voisins, péribronchiques, hilaires puis médiastinaux. Elles peuvent aussi envahir la plèvre (pleurésie), puis passer dans le réseau sanguin, pour aller constituer de nouveaux foyers tumoraux à distance. Elles constituent alors des tumeurs secondaires, appelées métastases. Les cancers du poumon engendrent notamment des métastases cérébrales, surrénaliennes, osseuses et hépatiques.
Les symptômes d’un cancer du poumon sont aspécifiques.
À noter : les signes de cancer du poumon sont souvent tardifs. Ce qui explique que plus d’un cancer du poumon sur deux soit diagnostiqué alors qu’il existe déjà des métastases.
→ La toux : son aggravation ou sa modification récente, son allure quinteuse, sa résistance aux thérapeutiques habituelles doivent attirer l’attention.
→ L’hémoptysie (rejet de sang par la bouche provenant des voies aériennes sous-glottiques) : il s’agit d’un symptôme qui, en l’absence de pathologie connue chez le patient, est une indication d’endoscopie.
→ Les douleurs thoraciques, résistantes aux antalgiques habituels.
→ Une dyspnée inspiratoire avec wheezing (sifflement) doit faire suspecter une obstruction d’un gros tronc.
→ Infections pulmonaires à répétition, bronchite traînante, pneumonie récidivante.
→ Atteinte veineuse (syndrome cave supérieur, turgescence des jugulaires, etc.).
→ Atteinte nerveuse (paralysie de la corde vocale gauche…).
→ Atteinte œsophagienne : dysphagie, vomissement.
→ Atteinte cardiaque : épanchement péricardique, troubles du rythme.
→ Atteinte pleurale : douleur pariétale, pleurésie.
→ Un amaigrissement.
→ Une anorexie.
→ Une asthénie.
→ Et/ou une fièvre avec syndrome inflammatoire.
→ Tout signe clinique inexpliqué survenant de surcroît chez un fumeur ou un ancien fumeur impose de penser au diagnostic et de faire pratiquer une radiographie thoracique. Si la radiographie confirme la présence d’une anomalie, un bilan diagnostic sera réalisé pour préciser s’il s’agit ou non d’un cancer du poumon, connaître sa taille, évaluer les fonctions respiratoires, l’état des organes voisins, etc.
→ Si l’examen clinique et la radiographie pulmonaire évoquent un cancer du poumon, il est essentiel d’obtenir une preuve histologique ou cytologique pour écarter un autre diagnostic (tumeur non maligne) et déterminer avec précision le type de cancer. La preuve histologique ou cytologique est apportée par analyse au microscope des tissus et des cellules.
→ Le diagnostic sera apporté par une fibroscopie bronchique, examen qui permet d’explorer les bronches et d’effectuer des biopsies. Si toutefois une tumeur pulmonaire est trop périphérique, elle ne sera pas repérée par fibroscopie bronchique. Le diagnostic nécessitera une ponction thoracique sous scanner.
→ Parfois, les prélèvements effectués par fibroscopie ne permettent pas de poser un diagnostic. D’autres prélèvements pourront être effectués (biopsie de ganglions ou de métastases). Pour prélever un ganglion dans le médiastin, une intervention chirurgicale (médiastinoscopie) sera indispensable sous anesthésie générale. Un long tube sera introduit le long de la trachée pour atteindre les ganglions du médiastin et les prélever pour analyse.
→ Le scanner thoracique est l’examen de référence pour déterminer l’extension du cancer. L’imagerie sera réalisée avec injection d’iode et coupes abdominales incluant les surrénales pour découvrir d’éventuelles métastases pulmonaires, ganglionnaires intrathoraciques, hépatiques ou surrénaliennes.
→ Un scanner ou idéalement une IRM cérébrale pourra être réalisé également, ou une tomographie par émissions de positons (TEP) si une résection chirurgicale est envisagée. D’autres examens, tels qu’une scintigraphie osseuse ou une TEP, peuvent être réalisés si besoin, même en cas de non-résécabilité.
→ La grande majorité des cancers du poumon désigne des carcinomes, qui regroupent des tumeurs malignes épithéliales. L’analyse histologique au microscope des tissus malades permet de distinguer deux groupes principaux de cancer : les cancers bronchiques à petites cellules (CBPC) et les cancers bronchiques non à petites cellules (CBNPC).
→ Les CBNPC (environ 80 % des cancers bronchiques) et CBPC (15 à 20 % des cas) sont issus de cellules des bronches d’origine différente. Analysées au microscope, les cellules cancéreuses des CBNPC et des CBPC ont des aspects différents. Ces deux formes de cancers n’évoluent ni ne répondent aux traitements de la même façon. D’où l’importance de les différencier dès le diagnostic.
Ces carcinomes sont constitués de petites cellules. Les mitoses sont très nombreuses et les foyers de nécrose fréquents.
Ces carcinomes sont rassemblés, car leur pronostic et leur traitement sont semblables. On distingue trois sous-types, selon les cellules concernées : le carcinome épidermoïde, l’adénocarcinome bronchique et le carcinome à grandes cellules.
Ce type de cancer à cellules squameuses (près de 30 % des CBNPC) se caractérise par des lobules tumoraux de tailles variées. Il débute généralement près d’une bronche majeure dans la partie centrale du poumon. On trouve souvent du tissu nécrosé au centre de la tumeur. Le carcinome épidermoïde se développe souvent plus lentement que les autres types de cancers bronchiques.
L’adénocarcinome a généralement son origine dans le tissu pulmonaire périphérique.
Son taux est en hausse : il représente aujourd’hui environ un CBPNC sur deux. Jusqu’alors observé chez les non-fumeurs, ce type de cancer touche de plus en plus souvent des fumeurs. Cette augmentation serait liée aux nouvelles habitudes tabagiques, avec notamment l’arrivée des cigarettes “light”. L’inhalation plus profonde de ces cigarettes moins riches en nicotine est responsable d’un dépôt de carcinogènes en cause dans la survenue de ces formes histologiques.
Plus rare (20 %), il est fortement associé au tabagisme. Il peut être situé n’importe où dans les poumons. Sa croissance est plus rapide que celle des autres CBNPC.
Les carcinomes à petites cellules sont classés en deux stades, qui désignent des degrés d’extension de la maladie.
→ Stade localisé : la tumeur est présente uniquement dans le thorax, et on observe le cancer dans un seul poumon, le médiastin et les ganglions lymphatiques voisins.
→ Stade disséminé ou métastatique : la pathologie est disséminée, métastatique ou encore étendue, lorsque le cancer s’est propagé à l’autre poumon, aux ganglions lymphatiques de l’autre côté du thorax ou à d’autres parties du corps, notamment en dehors du thorax.
Prenant en compte la taille et la localisation de la tumeur primitive, le nombre et le site de ganglions lymphatiques régionaux qui contiennent des cellules cancéreuses, la propagation du cancer, ou métastase, vers une autre partie du corps, la classification TNM (pour tumor, nodes, metastasis) (lire l’encadré ci-dessous pour plus de précisions) est la plus utilisée aujourd’hui pour définir les stades des CBNPC.
Sur cette classification TNM, la maladie est classée dans l’un des quatre stades suivants.
→ Stade I : maladie correspondant à une taille tumorale inférieure ou égale à 5 cm, sans atteinte ganglionnaire régionale et sans atteinte métastatique.
→ Stade II : maladie correspondant à une taille tumorale supérieure à 5 cm et/ou présentant une atteinte ganglionnaire intra-pulmonaire, péribronchique ou hilaire.
→ Stade III : maladie localement avancée en raison d’une atteinte ganglionnaire médiastinale et/ou une tumeur envahissant un organe de voisinage.
→ Stade IV : maladie définie par la présence d’au moins une métastase.
Les trois principales armes thérapeutiques, utilisées de manière isolée, séquentielle ou combinée, sont la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie. La stratégie thérapeutique est discutée pour chaque patient en réunion de concertation pluridisciplinaire à l’hôpital, réunissant pneumologue, chirurgien, radiothérapeute, radiologue, médecin nucléaire et anatomopathologiste. À l’issue de cette réunion, est établi un programme personnalisé de soins ; ce document expose le protocole de soins recommandé par l’équipe médicale. Le choix du traitement dépend bien sûr de l’histologie de la tumeur, de son extension, mais aussi de l’état général, de l’âge et des antécédents médicaux du patient (voir schéma p. 43).
Il existe deux grands types d’intervention : la lobectomie (retrait d’un lobe) ou la pneumonectomie (un des deux poumons est retiré), toujours accompagnée d’un curage ganglionnaire (ablation des ganglions avoisinants).
→ La lobectomie est habituellement réalisée par thoracotomie (ouverture chirurgicale du thorax), post-latérale. Le chirurgien pratique une incision, juste au-dessus de l’omoplate et entre deux côtes. L’étendue de l’exérèse dépend principalement de la taille de la tumeur, de sa localisation et de son extension ganglionnaire ou aux organes de voisinage. Après l’intervention, des drains sont posés au niveau du thorax pour évacuer le sang et le liquide inflammatoire.
→ La pneumonectomie, réalisée sous anesthésie générale et par thoracotomie, consiste à écarter la cage thoracique et les côtes pour en extraire le poumon et les ganglions. Des drains sont posés à l’issue de l’intervention afin de permettre un comblement progressif. En effet, progressivement dans les semaines suivant l’intervention, la cavité laissée libre par l’exérèse du poumon va se combler.
→ La chirurgie thoracoscopie par vidéo endoscopie (CTVE) ou même la lobectomie par CTVE sont de plus en plus souvent proposées. Ces voies d’abord mini-invasives permettent un séjour hospitalier diminué, des frais d’hospitalisation plus bas et une récupération plus rapide.
→ La chirurgie constitue le seul traitement curateur du CBNPC. L’ablation de la tumeur est le traitement de choix dans les cancers de stade I et II. Elle peut être discutée pour les stades IIIA et exceptionnellement proposée pour les stades IIIB (pour les stades, lire page précédente).
→ Il existe très peu d’indications opératoires dans les CBPC.
→ Après lobectomie ou pneumotectomie, le patient peut être aidé d’une sonde à oxygène pour respirer si nécessaire. Une sonde urinaire peut également être utilisée pour surveiller le bon fonctionnement des reins. Une médication est prescrite pour gérer les douleurs engendrées par l’intervention et la cicatrice.
→ À la sortie de l’hospitalisation, des séances de kinésithérapie sont habituellement prescrites au patient pour l’aider à éliminer ses sécrétions bronchiques et apprendre à respirer après l’intervention.
La radiothérapie est un traitement local destiné à détruire les cellules cancéreuses par l’utilisation de rayons X de haute énergie sur une zone localisée du corps. Une chimiothérapie dont le but est d’augmenter l’effet curatif de l’irradiation est souvent réalisée de façon concomitante. De même, la radiothérapie thoracique peut être associée à la chirurgie ou, dans certains cas, la remplacer. En règle générale, la radiothérapie ne nécessite pas d’hospitalisation. En cas de chimiothérapie associée, elle est réalisée en hôpital de jour. La durée du traitement qui comporte plusieurs séances successives varie entre cinq à huit semaines (selon chirurgie associée ou non).
→ La technique la plus utilisée pour traiter les cancers bronchiques est la radiothérapie conformationnelle en 3D. Elle consiste à faire correspondre le plus précisément possible (autrement dit à conformer) le volume sur lequel vont être dirigés les rayons au volume de la tumeur. Elle utilise des images en 3D de la tumeur et des organes avoisinants obtenues par scanner. Cette technique permet de délivrer des doses efficaces de rayons en limitant l’exposition des tissus sains.
→ Une grande avancée est venue plus récemment de la radiothérapie conformationnelle asservie à la respiration. Cette technique prend non seulement en compte le volume de la tumeur, mais aussi la respiration pendant l’irradiation du thorax. Il existe plusieurs solutions. Le médecin demande au patient de bloquer sa respiration pendant quelques dizaines de secondes à un moment bien précis de l’inspiration : les rayons sont appliqués. Le patient respire normalement et la tumeur n’est irradiée que lorsqu’elle se présente devant le faisceau d’irradiation, ou c’est le faisceau d’irradiation lui-même qui suit les mouvements de la tumeur.
→ Enfin, les progrès récents en imagerie ont permis le développement de la radiothérapie stéréotaxique dans le traitement du cancer aux stades précoces. Cette technique permet d’irradier de façon très sélective un volume cible de petite taille de façon millimétrique.
Une chimiothérapie post-opératoire et/ou une radiothérapie post-opératoire pourront être discutées à la suite des résultats de l’analyse des tissus retirés.
→ La radiothérapie stéréotaxique est aujourd’hui admise comme la technique de choix, et équivalente à la chirurgie, pour les petites tumeurs chez des patients médicalement inopérables ou à risque.
→ L’association chimiothérapie/ radiothérapie est le standard actuel de traitement des patients avec CBNPC de stade III inopérables ou non résécables.
Quel que soit le stade, une irradiation cérébrale prophylactique est recommandée chez les patients répondeurs au traitement initial (chimiothérapie et/ou radiothérapie).
La perte de cheveux ne s’observe pas lors de la radiothérapie thoracique, en l’absence de chimiothérapie. Elle ne survient que lors des irradiations du crâne. Pendant le traitement, l’effet indésirable le plus fréquent est l’irritation de l’œsophage, qui se manifeste par une gêne pour avaler, apparaissant vers la troisième semaine de traitement. L’irritation de la peau est possible également, surtout en fin de traitement. Cette irritation peut s’accompagner de démangeaisons. D’autre part, la toux et l’essoufflement sont possibles pendant quelques semaines en fin de traitement. Un traitement par cortisone peut être prescrit.
À long terme, les éventuels effets toxiques de la radiothérapie sont à présent devenus rares grâce aux progrès techniques. Néanmoins, certains effets peuvent survenir :
→ la pneumonie chronique se traduit par l’apparition d’un essoufflement de plus en plus marqué en raison d’une inflammation puis d’une fibrose de la région pulmonaire irradiée. Son traitement : la cortisone ;
→ des infections respiratoires (liées à la fragilisation des poumons) peuvent être traitées efficacement par antibiothérapie et kinésithérapie ;
→ une pleurésie ou une péricardite peuvent survenir parfois plusieurs années après la radiothérapie. Une ponction pleurale ou péricardite peuvent être nécessaires.
Par voie veineuse et/ou par voie orale, la chimiothérapie repose sur l’administration de sels de platine (cisplatine, carboplatine), drogues pivots des cancers bronchiques, toujours associées à d’autres médicaments : gemcitabine, docétaxel, paclitaxel, vinorelbine, étoposide, ou pémétrexed. Les médicaments employés, les doses administrées ainsi que le calendrier de suivi varient d’une personne à l’autre et du type de cancer.
→ La chimiothérapie est le traitement de référence du CBPC quel que soit le stade de la maladie. De fait, l’existence de métastases occultes est probable en raison de la rapidité de la croissance cellulaire de ce type de cancer.
→ En fonction du stade de la maladie, le choix du traitement est adapté.
→ Le CBPC localisé au thorax est traité par chimiothérapie et radiothérapie.
→ Le CBPC métastatique est traité par chimiothérapie exclusive.
→ La chimiothérapie et la radiothérapie sont indiquées dans les CBNPC de stade IIIB.
→ La chimiothérapie à base de sels de platine est indiquée dans les CBNPC avancés ou métastatiques.
→ Les molécules de chimiothérapie présentent des toxicités différentes, et donc des effets secondaires spécifiques.
→ Concernant le cisplatine, les effets secondaires sont essentiellement rénaux (insuffisance rénale, nécrose tubulaire aiguë évoluant généralement favorablement en quatre à six semaines), neurologiques (neuropathies périphériques), auditifs (bourdonnements), digestifs (nausées, vomissements anorexie) et hématologiques (myelosuppression).
À la différence de la chimiothérapie, qui utilise des médicaments toxiques agissant sur toutes les cellules de l’organisme qui se divisent, les biothérapies bloquent un mécanisme de croissance propre aux cellules cancéreuses.
Les molécules utilisées actuellement sont le bévacizumab, le géfitinib, l’erlotinib et le crizotinib.
→ Le bévacizumab est un anticorps monoclonal humanisé qui empêche la formation de vaisseaux sanguins, bloquant ainsi le développement des tumeurs qui ont besoin de nouveaux vaisseaux pour se former.
→ Le géfitinib et l’erlotinib sont des médicaments de la classe des inhibiteurs de tyrosine kinase. Ils inhibent l’activation du récepteur du facteur de croissance épidermique (EGFR pour epidermal growth factor receptor). Le facteur de croissance épidermique (EGF) et son récepteur, situés à la surface des cellules, sont connus pour intervenir dans la prolifération des cellules normales mais aussi cancéreuses. Certaines mutations dans les cellules cancéreuses des CBNPC entraînent l’activation de l’EGFR, et donc une prolifération des cellules cancéreuses.
→ Le crizotinib est une molécule inhibitrice du récepteur à activité tyrosine kinase ALK (anaplastic lymphoma kinase) qui intervient dans la croissance et la propagation du cancer ainsi que dans le développement des vaisseaux qui les alimentent.
Les thérapies ciblées sont indiquées chez les patients atteints d’un CBNPC avancé et métastatique.
→ Le bévacizumab est indiqué dans le CBNPC, en première ligne, en association avec un sel de platine et le paclitaxel, chez des patients non opérables, dès lors que l’histologie n’est pas à prédominance épidermoïde.
→ L’erlitonib et le géfitinib sont indiqués chez les patients atteints de CBNPC métastatiques non épidermoïdes qui présentent une mutation particulière dans le gène EGFR.
→ Le crizotinib est indiqué chez les patients atteints de CBNPC métastatiques non épidermoïdes, dits “ALK positif”, ce qui signifie que les cellules cancéreuses sont porteuses d’anomalies génétiques (translocations) altérant le gène codant pour la protéine ALK.
Les thérapies ciblées agissant sur les cellules cancéreuses, les effets secondaires de ces molécules sont moins nombreux que ceux des chimiothérapies qui touchent toutes les cellules de l’organisme qui se divisent.
→ Bévacizumab : l’administration de ce médicament augmente les risques de saignements.
→ Erlotinib/géfinitib : les effets secondaires observés sont essentiellement des éruptions cutanées, des troubles gastro-intestinaux (diarrhées).
→ Crizotinib : ont été rapportés des troubles de la vision et gastro-intestinaux (nausées, vomissements, diarrhées).
Les tumeurs du poumon sont très hétérogènes, y compris dans les sous-types biologiques. En conséquence, à l’intérieur d’un même stade tumoral, le pronostic varie fortement d’un patient à l’autre en raison de facteurs génétiques et environnementaux propres à l’individu, mais également de facteurs intrinsèques à la tumeur qui lui confèrent un caractère plus ou moins agressif.
Deux tiers des CBPC sont diagnostiqués au stade métastatique. Le CBPC est la plus agressive des tumeurs pulmonaires, avec un taux de survie à cinq ans inférieur à 5 % pour les stades étendus, et un taux de survie à cinq ans de 10 à 15 % pour les stades localisés.
Les survies varient considérablement selon les stades de la maladie :
→ stade I A : survie à cinq ans = 65 %,
→ stade I B : survie à cinq ans = 55 %,
→ stade II A : survie à cinq ans = 50 %,
→ stade II B : survie à cinq ans = 40 %,
→ stade III A : survie à cinq ans = 25 %,
→ stade III B : survie à cinq ans = 10 %,
→ stade IV : survie à cinq ans inférieure à 5 %.
(1) Incidence et mortalité, lire via le lien raccourci bit.ly/1TnWMkx
(2) Survie nette, lire via le lien raccourci bit.ly/1HPQkAY
(3) Facteur de risque, lire via le lien raccourci bit.ly/1SaYnYp
(4) Tabagisme passif, lire via le lien raccourci bit.ly/1IMeF9K
(5) Indemnisation pour cancers professionnels, lire via le lien raccourci bit.ly/1J6cFES
(6) Radon liste des départements à risque, lire via le lien raccourci bit.ly/1eJc8AL
(7) Recommandations sur le radon, lire via le lien raccourci bit.ly/1SaYBis
(8) Pollution atmosphérique, lire via le lien raccourci bit.ly/1JRA1ny
Quelle est la différence entre une tumeur bénigne et une tumeur maligne ?
La grande différence entre les tumeurs bénignes et les tumeurs malignes réside dans le fait que les tumeurs malignes sont constituées de cellules cancéreuses qui peuvent se propager vers d’autres parties du corps et former des métastases. Ce qui n’est pas le cas des cellules des tumeurs bénignes. Une tumeur bénigne n’entraîne généralement pas de problèmes majeurs de santé. Toutefois, en se développant dans une bronche, elle peut la bloquer et entraîner des complications plus ou moins graves : pneumonie, émission de crachats ou même affaissement d’un poumon (atélectasie) dû à la diminution d’air entrant lors de l’inspiration. Les tumeurs bénignes représentent 5 % de l’ensemble des tumeurs qui affectent les poumons, les tumeurs malignes 95 %. Le cancer du poumon désigne strictement une tumeur maligne.
Dr Alain Livartowski, pneumologue cancérologue, Institut Curie (Paris)
« Un grand pas a été franchi en chimiothérapie avec l’arrivée de nouvelles molécules, comme le pémétrexed ou le bévacizumab. Les progrès sont ensuite venus des thérapies ciblées, qui ont montré une efficacité remarquable avec l’ernotinib ou le gefitinib dans le traitement des adénocarcinomes pulmonaires présentant une mutation du gène de l’EGFR ou une translocation impliquant ALK pour le crizotinib. Plus récemment, l’immunothérapie apporte un nouvel espoir permettant d’obtenir des rémissions prolongées dans le traitement de certaines formes de cancers métastatiques. En particulier, des résultats inédits ont été obtenus avec les anticorps anti-PD-1 ou anti-PD-L1. La question est désormais de savoir utiliser au mieux tous les nouveaux traitements en les combinant aux autres thérapeutiques anti-cancéreuses, les unes après les autres ou ensemble, et de comprendre pourquoi certains patients répondent mieux que d’autres. Au-delà des avancées thérapeutiques, les techniques de radiothérapie asservie à la respiration (par scanner 4D) constituent également un progrès important. Elles permettent de mieux adapter les champs d’irradiation et ainsi de protéger certains organes. »
T-TUMEUR PRIMITIVE
TX : tumeur qui ne peut être évaluée ou est démontrée par la présence de cellules malignes dans les expectorations ou un lavage bronchique, sans visualisation de la tumeur par des examens endoscopiques ou d’imagerie
T0 : pas d’évidence de tumeur primitive
Tis : carcinome in situ
T1 : tumeur de 3 cm ou moins dans sa plus grande dimension, entourée par le poumon ou la plèvre viscérale, sans évidence bronchoscopique d’invasion plus proximale que la bronchique lobaire (c’est-à-dire pas la bronche souche)
T1a : tumeur de 2 cm ou moins dans sa plus grande dimension
T1b : tumeur de plus de 2 cm sans dépasser 3 cm dans sa plus grande dimension
T2 : tumeur de plus de 3 cm sans dépasser 7 cm dans sa plus grande dimension ou présentant une des caractéristiques suivantes (les tumeurs avec ces caractéristiques sont classées T2a si leur dimension est de 5 cm ou moins) :
– atteinte de la bronche souche à 2 cm ou plus de la carène (point où la trachée se divise en bronches souches gauche et droite)
– invasion de la plèvre viscérale
– présence d’une atélectasie ou d’une pneumopathie obstructive s’étendant à la région hilaire sans atteindre l’ensemble du poumon
T2a : tumeur de plus de 3 cm sans dépasser 5 cm dans sa plus grande dimension
T2b : tumeur de plus de 5 cm sans dépasser 7 cm dans sa plus grande dimension
T3 : tumeur de plus de 7 cm ; ou envahissant directement une des structures suivantes : la paroi thoracique (y compris la tumeur de Pancoast), le diaphragme, le nerf phrénique, la plèvre médiastinale, pleurale ou pariétale ou le péricarde ; ou une tumeur dans la bronche souche à moins de 2 cm de la caréna sans l’envahir ; ou associée à une atélectasie ou une pneumopathie obstructive du poumon entier ; ou présence d’un nodule tumoral distinct dans le même lobe
T4 : tumeur de toute taille envahissant directement une des structures suivantes : médiastin, cœur, grands vaisseaux, trachée, nerf laryngé récurrent, œsophage, corps vertébral, carène ; ou présence d’un nodule tumoral distinct dans un autre lobe du poumon atteint
N-Ganglions lymphatiques régionaux
NX : les ganglions ne peuvent pas être évalués
N0 : pas de métastase ganglionnaire lymphatique régionale
N1 : métastase dans les ganglions lymphatiques intrapulmonaires, péribronchiques et/ou hilaires ipsilatéraux, y compris par envahissement direct
N2 : métastase dans les ganglions lymphatiques médiastinaux ipsilatéraux et/ou sous-carinaires
N3 : métastase dans les ganglions lymphatiques médiastinaux controlatéraux, hilaires controlatéraux, scalènes ou sous-claviculaires ipsilatéraux ou controlatéraux
M-Métastase à distance
MX : les métastases à distance n’ont pas pu être évaluées
M0 : absence de métastase à distance
M1 : métastase à distance
M1a : nodule (s) tumoral (aux) distinct (s) dans un lobe controlatéral ; tumeur avec nodules pleuraux ou épanchement pleural (ou péricardique) malin
M1b : métastase à distance
Que peut-on faire pour réduire les irritations de la peau ?
Dès le début de la radiothérapie, utilisez un savon surgras pour la toilette et évitez les parfums sur la zone traitée.
Que faire pour soulager l’irritation de l’œsophage due à la radiothérapie ?
Évitez les aliments acides (jus de fruits, vinaigrette,etc.), les épices, les boissons gazeuses et alcoolisées. Privilégiez les aliments mous et hachés : pâtes, purée, soupe. Des pansements œsophagiens sous forme de gels ainsi que la prise de faibles doses de cortisone (sur ordonnance) pendant quelques jours peuvent soulager – à voir avec le médecin. Cette irritation disparaît dans le mois qui suit la fin de la radiothérapie.
L’immunothérapie vise à aider le système immunitaire à lutter lui-même contre le cancer. Différentes pistes de recherche sont à l’étude comme le développement de vaccins thérapeutiques, qui éduquent les cellules immunitaires à agir contre les tumeurs. Une autre stratégie – déjà utilisée – consiste à cibler la tumeur avec des anticorps monoclonaux. On peut aussi stimuler le système immunitaire en levant certains freins “moléculaires”, qui empêchent les cellules immunitaires (lymphocytes) d’attaquer la tumeur. Les connaissances acquises ces dernières années ont permis de mettre en évidence deux protéines (CTLA-4 pour cytotoxic T-lymphocyte-associated protein 4) ou PD-1/PD-L1 pour Programmed cell death 1/Programmed death-ligand 1), qui verrouillent le système immunitaire. Des anticorps (anti-CTLA-4, anti-PD-1 et anti- PD-L1) qui empêchent ces protéines de bloquer la réponse immunitaire ont été mis au point, permettant d’obtenir des rémissions prolongées dans le traitement de certaines formes de cancers métastatiques.
Sylvie Arnaud, directrice des soins, Institut Curie (Paris)
« Depuis février 2015, une cellule de coordination ville/hôpital, animée par deux infirmières et une assistante sociale, a été mise en place par notre institut, afin de faciliter les échanges entre l’hôpital et les professionnels libéraux : médecin traitant, infirmière libérale, kinésithérapeute… La cellule de coordination repère les patients, dès qu’ils sont pris en charge à l’institut, pour les informer des différents soins de supports dont ils pourront avoir besoin à leur retour à domicile : prévention et traitement de la douleur, soutien psychologique, etc. Le but est de faire le point avec eux sur les professionnels qui seront impliqués dans leur prise en charge et de les contacter en amont pour s’assurer de ce qu’ils pourront faire pour venir en aide au patient. L’idée est d’anticiper pour permettre un retour à domicile le plus tôt possible et dans les meilleures conditions, comme le préconise le dernier plan cancer. La cellule évalue également les difficultés sociales des patients. C’est important, car plus de la moitié des malades vivent dans la précarité ou sont socialement isolés. »