Cahier de formation
Savoir faire
Vous intervenez chez monsieur R. pour la réalisation des injections sous-cutanées de Neulasta et constatez que l’air est chargé d’effluves de cigarettes. Son entourage vous confirme que le patient continue de fumer malgré sa maladie et ses traitements.
Vous ne savez pas trop quelle attitude adopter dans un contexte qui, a priori, devrait encourager le patient à s’arrêter de fumer. Vous ouvrez la fenêtre pour aérer et décidez de prendre attache d’un tabacologue pour qu’il vous conseille sur la conduite à tenir.
« Foutu pour foutu, à quoi bon arrêter de fumer maintenant ? », « J’ai toujours fumé, je suis incapable de m’arrêter ! »… Si les Idels peuvent entendre et se font un devoir d’accepter ce genre de remarques lorsque le patient est en fin de vie, aux autres stades de la maladie, ils les confrontent à une réalité déroutante face à laquelle elles se doivent d’être dans leur rôle de soin sans juger ni culpabiliser le patient. Pas simple, selon les témoignages des Idels souvent confrontées à ce constat d’échec. « J’ai eu un patient qui fumait avec une trachéotomie », se souvient Armand Desvignes, Idel à Lille (Nord). « Comment expliquer au patient qu’il ira mieux sans cigarette alors qu’il nous affirme qu’il se sent mieux quand il fume ? », s’interroge François Casadeï, Idel au Havre (Seine-Maritime). « C’est une situation complexe pour le soignant car il sait que le pronostic vital du patient est engagé et que son tabagisme, même s’il lui procure un certain plaisir, est préjudiciable à son confort, à sa qualité de vie et à l’efficacité de ses traitements, explique Joelle Visier, addictologue, tabacologue au Centre Pierre-Nicole (Paris). Il est important de s’assurer que ce n’est pas la dépression (consécutive à l’annonce, la pénibilité des traitements, le pronostic…) qui conduit le patient à baisser les bras. Avant toute autre démarche, il convient de voir comment le soutenir et l’aider par un accompagnement médicamenteux et/ou psychologique afin de lui redonner l’envie de se battre, de guérir et de donner toutes les chances aux traitements. »
Dès lors que le patient accepte l’idée que l’échec n’est pas forcément au rendez-vous, il est possible de lui proposer une aide pour mieux respirer, moins tousser, avoir moins de glaires, moins d’irritations, se sentir moins essoufflé et avoir de meilleures défenses immunitaires pour optimiser l’efficacité de son traitement. « L’objectif est d’amener le patient à s’investir lui-même dans une démarche qui lui convient en lui expliquant qu’à défaut d’arrêt immédiat, la réduction grâce aux substituts nicotiniques (gommes à mâcher, comprimés sublinguaux, inhaleur et timbres transdermiques)
Au-delà de cette logique d’accompagnement à visée curative, les Idels peuvent aussi inscrire leur intervention dans le champ de la prévention et du dépistage du cancer du poumon. À noter que la Haute Autorité de santé, à la demande des Sociétés savantes en cancérologie, pneumologie, radiologie et imagerie thoracique, conduit une réflexion concernant l’intérêt de mettre en place un dépistage ciblé des populations fortement exposées au tabac par scanner thoracique “à faible dose”
(1) La liste exhaustive (mise à jour fin mars 2015) des substituts nicotiniques est disponible sur le site de l’Assurance maladie www.ameli.fr rubrique “Prévention santé”, onglet “Arrêt du tabac”
(2) Modification prévue à l’article L. 4311-1 du Code de la santé publique.
(3) Le Programme national de réduction du tabagisme (PNRT) est l’une des actions du plan cancer. Il est disponible via le lien raccourci bit.ly/1J13TZv
(4) Publication prévue fin 2015. Pour en savoir plus : le lien raccourci bit.ly/1HTHTy1
(5) National Cancer Institute (2014). National Lung Screening Trial (NLST).
L’hypnose est un état de veille modifié qui permet de mobiliser des ressources dont le fumeur n’a pas conscience. Elle peut l’aider à désamorcer des conduites réflexes (besoin oral d’allumer une cigarette) induites par le stress par exemple, en programmant de nouveaux comportements réflexes (aller boire un grand verre d’eau, fermer les yeux et se relaxer cinq minutes) lorsque l’envie de fumer survient. « Via l’hypnose, explique l’Idel Catherine Diamantidis, on donne au patient le moyen de se sentir bien et de trouver le plaisir procuré par la cigarette autrement. C’est indispensable de compenser la satisfaction du besoin de fumer par la satisfaction procurée par une action bénéfique ou le rappel d’un souvenir heureux avant le tabac, lorsque le patient respirait sans contrainte. » Grâce à un apprentissage réalisé en quelques séances, le patient peut très vite mobiliser ce souvenir agréable à chaque fois qu’il est tenté de fumer, de manière à court- circuiter le besoin, d’espacer les cigarettes, voire d’arrêter de fumer.
« Les cigarettes nommées auparavant “light” ou “légères” exposent à un risque moins important de cancer. »
FAUX. La plupart des fumeurs consomment davantage de cigarettes et/ou aspirent la fumée plus profondément pour atteindre leur “quota” de nicotine. Résultat : ils absorbent encore plus de substances toxiques.
« Les cigarettes roulées sont plus naturelles. »
FAUX. Au contraire, elles sont plus toxiques que les cigarettes industrielles. D’une part, parce que les cigarettes préparées à base de tabac à rouler ne pourraient pas être commercialisées comme telles, car elles contiennent entre 14 et 16 mg de goudrons alors queles cigarettes industrielles contiennent – selon la réglementation spécifique à ces produits – un taux de goudrons maximal de 10 mg par cigarette
« Les cigarettes électroniques peuvent être considérées comme un produit de sevrage. »
FAUX, MAIS… Elles ne font pas partie des outils ayant reçu l’autorisation d’être considérés comme des produits de sevrage. Toutefois, les premiers résultats d’une enquête menée par l’INPES indiquent une tendance à la réduction, voire à l’arrêt du tabac, parmi les fumeurs qui “vapotent”. Le nombre d’utilisateurs d’e-cigarette ayant cessé de fumer, au moins temporairement, est estimé à 0,9 %, soit environ 400 000 personnes en France. De plus, un fumeur qui utilise aussi une e-cigarette diminuerait sa consommation de tabac, en moyenne, de 8,9 cigarettes par jour
* Nocivité du tabac à rouler, à lire via le lien raccourci bit.ly/1NR7Xyp
* Cigarettes électroniques, à lire via le lien raccourci bit.ly/1J6cLMZ