Il n’est pas rare que les infirmières hospitalières voient les Idels comme dépourvues de technique, branchées sur le seul relationnel et la “toilette”, appâtées uniquement par le gain. Clichés ! Les représentations des libérales vis-à-vis des hospitalières - asservies à leurs hiérarchies, prodiguant des soins de moins en moins humains… - ne manquent pas non plus. Ces stéréotypes-ci seraient-ils plus en prise avec la réalité, puisque les libérales ont toutes poussé les portes de l’hôpital ? C’est en tout cas ce double regard, celui des IDE sur les Idels, celui des Idels sur les IDE, que nous étudions ce mois-ci (pp. 24-29). Pour voir si ces représentations sont en partie fondées, ou si elles relèvent du fantasme. À l’hôpital, les accusations infirmières peuvent même se répandre d’un service à l’autre, ou entre équipes de nuit et de jour. « Il faut bien personnifier les maux, utiliser des médiations (l’environnement matériel, le malade), donner un sens à la tragi-comédie de leur travail et au sentiment de culpabilité de ne pouvoir jamais être une soignante irréprochable », analyse cliniquement, en ethnologue, Anne Vega
* Anne Vega, Une ethnologue à l’hôpital. L’ambiguïté du quotidien infirmier, éditions des Archives contemporaines, 2000. À lire et relire.