L'infirmière Libérale Magazine n° 317 du 01/09/2015

 

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MAGALI CLAUSENER  

SYNDICALISME > Mi-août, le Sniil a révélé que Philippe Tisserand, président de la FNI, n’exerçait plus la profession d’infirmier libéral. Peut-il alors réellement représenter la profession ?

Le 18 août, le Sniil révèle que Philippe Tisserand, président de la FNI, n’exerce plus l’activité d’Idel depuis le 31 décembre 2012. Il a été rayé de la liste des électeurs URPS dans sa région. Le Sniil l’accuse de négocier « de façon illégale » au nom des Idels avec l’Assurance maladie.

Philippe Tisserand reconnaît ne plus exercer et se défend de toute « dissimulation » - la FNI a d’ailleurs annoncé son souhait de porter plainte pour diffamation publique. Et d’ajouter : « Le règlement intérieur et les statuts de la FNI permettent au président de suspendre son activité pendant son mandat. » Un argument qu’il a fait valoir auprès de la Cnamts dès le 19 août. De fait, l’Assurance maladie nous a indiqué que la FNI est « reconnue comme l’un des syndicats nationaux les plus représentatifs de la profession », et Philippe Tisserand légitime pour signer avec la Cnamts. L’avenant n° 4 de 2013 est valide.

Charge de travail

Peut-on représenter sa profession sans l’exercer ? Philippe Tisserand est persuadé que oui. Âgé de 57 ans, il a exercé pendant plus de trente ans. Y compris lors de sa présidence de la FNI de 2007 à 2012. « J’ai cessé mon activité car je ne pouvais plus garantir ma présence auprès de mes deux associés. Être président implique d’être présent à Paris du lundi au vendredi. Je suis à quatre heures de train de Paris », relate-t-il. Il n’a pas « l’impression d’être déconnecté » du terrain : « Le Conseil d’administration comprend 19 membres tous en activité. Je suis interpellé tous les jours sur des questions professionnelles. On ne peut pas être président et négocier pour 90 000 personnes sans être à temps plein. »

Annick Touba, qui exerce à Missillac en Loire-Atlantique, ne partage pas cet avis : « Exercer est indispensable pour négocier. On peut arrêter pendant un ou deux ans, mais ensuite on risque d’être décalé. » La présidente du Sniil est à Paris trois jours par semaine : « On s’organise, on peut avoir un bureau élargi et déléguer. On ne peut pas garder la même charge de travail. J’ai une collaboratrice et je prends une remplaçante. » Et de s’interroger : « Si on arrête de travailler, il faut avoir d’autres revenus. Les syndicats nous remboursent la perte de ressources, mais si nous ne sommes pas réélus ? Il faut se réinstaller ? Ou alors on reste syndicaliste à vie ? Le syndicalisme n’est pas une profession mais du militantisme. »

Un débat qui risque de resurgir. « Selon la Convention nationale, pour faire partie de la Commission paritaire nationale, il faut être conventionné. Or Philippe Tisserand ne l’est plus. Et c’est la CPN qui prépare les avenants », insiste Annick Touba, qui prévoit de demander au président de la FNI de « sortir » lors de la prochaine réunion de la CPN. Quant à Philippe Tisserand, il se représentera en décembre 2015 à la FNI comme administrateur pour un mandat de trois ans. Et compte briguer de nouveau le poste de président… sans reprendre son activité.