L'infirmière Libérale Magazine n° 318 du 01/10/2015

 

PROFESSION

Actualité

Catherine Diamantidis  

TÉMOIGNAGE > Une Idel membre de notre comité scientifique, férue d’hypnose, a assisté au congrès mondial fin août. Et nous détaille un exercice d’autohypnose à faire en début de journée, avant sa tournée…

Lors du Congrès mondial d’hypnose(1), un atelier a particulièrement retenu mon attention d’infirmière libérale : “L’autohypnose en liberté ou comment fluidifier sa vie”, animé par Anne-Marie Soulié, médecin généraliste, et destiné à des praticiens formés à l’hypnose. Son objectif était double : développer notre propre utilisation de l’autohypnose et l’enseigner à nos patients.

« La pratique quotidienne de l’autohypnose augmente la plasticité neuronale(2), permet de gérer le stress, les “flambées émotionnelles” génératrices d’épuisement, et de développer la confiance en soi. Dans son livre L’Hypnose pour réhumaniser le soin(3), le Dr Patrick Bellet évoque plus particulièrement les effets de l’hypnose sur nos pratiques soignantes : elle modifie notre rapport au temps, nous rendant plus disponibles dans la relation au patient pour y réintroduire des mots, du lien, permettant une meilleure reconnaissance de la qualité de notre travail, et un exercice professionnel apaisé, confortable et efficace. Cela nous prévient, entre autres, du burn-out.

« L’exercice des “pieds” »

« Pour l’apprentissage de l’autohypnose, comme l’explique Anne-Marie Soulié, il est nécessaire de pratiquer régulièrement, de préférence le matin, sans craindre l’erreur, indispensable pour comprendre ce qui ne fonctionne pas, et corriger. Tout cet enseignement se fait auprès d’un professionnel formé à l’hypnose et expérimenté(4).

« Au congrès mondial de l’hypnose, l’atelier s’est terminé par quelques exercices ludiques d’autohypnose instantanée, dont un que les Idels pratiquent peut-être déjà spontanément, appelé “les pieds”. Debout (vous pouvez rester assis, mais les sensations sont moindres), gardez les yeux ouverts, et prêtez quelques minutes attention aux battements de votre cœur et à votre respiration. Puis vous “descendez dans vos pieds”, en concentrant toute votre attention en eux, comme si toute votre personne s’y retrouvait. Vous pourrez constater l’apparition progressive de chaleur, de picotements sous la plante de vos pieds, voire un léger balancement de votre corps… Vous voilà ancré et stabilisé, prêt pour une journée chargée ! »

(1) Du 27 au 29 août, à Paris.

(2) Stanislas Dehaene (www.college-de-france.fr).

(3) Patrick Bellet, L’Hypnose pour réhumaniser le soin, éditions Odile-Jacob, 2015. 23,90 euros.

(4) Renseignements auprès de la Confédération francophone d’hypnose et thérapies brèves (www.cfhtb.org), présidée par le Dr Bellet.

L’Inserm au rapport

Anesthésie peropératoire ou colopathie fonctionnelle (côlon irritable) : un rapport récent de l’Inserm*, rendu à la Direction générale de la santé, souligne « un intérêt thérapeutique potentiel » de l’hypnose dans ces deux domaines, entre autres… En revanche, les données s’avèrent pour l’heure « insuffisantes voire décevantes » pour le sevrage tabagique. « Il n’a pas été rapporté d’effet indésirable grave attribuable à l’hypnose », note aussi l’Inserm en s’appuyant sur la littérature, appelant toutefois à une certaine vigilance sur les éventuelles « dérives éthiques », d’autant qu’en France, « il n’y a pas de cadre légal précis encadrant la pratique de l’hypnose ». « Les auteurs mettent bien en évidence l’intérêt qu’il y aurait à une approche plus qualitative » pour compléter leurs résultats, commente le Pr Antoine Bioy dans la revue Hypnose et Thérapies brèves n° 38. Ce spécialiste déplore cependant, notamment, « l’exclusion des sciences humaines » pour mesurer dans ce rapport les bénéfices de l’hypnose.

* À lire sur le site de l’Inserm (raccourci : bit.ly/1g0kD3r). en bref